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    Flambée des prix de logements à Abidjan : à qui la faute ?

    Flambée des prix de logements à Abidjan : à qui la faute ?
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 4 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    “L’ancien locataire doit en principe partir à la fin du mois de mars. J’ai versé 700.000 FCFA, à savoir 8 mois de caution et 2 mois d’avance pour un loyer de 70.000/mois pour un salon et une chambre. Un appartement situé à Vridi cité côté villa”, se désole Sirim J, un locataire qui veut déménager dans la commune de Port-Bouët à Abidjan.

    “Un code foncier urbain est en gestation pour exiger que la caution du logement en Côte d’Ivoire n’excède plus deux mois”, annonçait pourtant en 2014 Mamadou Sanogo, alors ministre ivoirien de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme.

    Ce code foncier avait-il assuré, “va réguler la fixation du loyer et des cautions, et les propriétaires de logements ne vont pas au-delà de deux mois de caution”.

    Longtemps annoncée, cette décision a finalement été rendue publique en 2015, mais sa mise en œuvre souffre encore, laissant les populations désœuvrées endosser les pots cassés. Car les propriétaires de maisons en rapport avec les démarcheurs continuent de fixer le prix et la caution de façon “exorbitante” et donnent au plus offrant.

    “Il (le propriétaire) a exigé 10 mois de caution et 2 mois d’avance. J’ai du débourser 360.000 FCFA et 30.000 FCFA aussi pour le démarcheur. Il m’a fait le studio, non plutôt la chambre car nous utilisons la douche et le WC en commun, à 30.000 FCFA/mois. Cela m’a couté pour tout, la somme de 390.000 FCFA”, indique Kouamé J, la trentaine qui vient d’aménager dans un studio situé dans un immeuble dans la commune de Port-Bouët.

    À la question de savoir pourquoi le propriétaire ne s’est pas plié aux exigences du gouvernement, Kouamé J répond :”Quand nous venons louer ces maisons, un agent affecté par le gouvernement nous suit-il pour s’assurer que les propriétaires respectent les dispositions arrêtées par le gouvernement ? Non, nous sommes seuls et les propriétaires fixent les prix à leur guise. Généralement, c’est à prendre ou à laisser”.

    Flambée des prix de logements: locataires et démarcheurs se défendent

    “Il faut que le public sache que, lorsque le locateur s’acquitte de 2 mois de caution et 1 mois d’avance, comme l’a édicté le gouvernement ou de 10 mois de caution et 2 mois d’avance ou même plus, le démarcheur ne touche qu’un seul mois de loyer. Quel que soit le cas d’espèce, dans le cadre d’une location, nous ne percevons qu’un mois de loyer à la charge du locataire et non du propriétaire”, se défend un agent immobilier. Et de préciser : “Nous sommes sollicités par beaucoup d’amis, de connaissances ou de parents pour leur trouver un logement ; nous sommes très souvent peinés de constater que les prix nous échappent”.

    Un propriétaire de maison, sous anonymat déclare: “c’est à la sueur de notre front, avec de nombreux sacrifices que nous avons pu posséder ces biens immobiliers. Nous nous sommes endettés auprès de banques ou de structures privées pour accomplir ces réalisations. Nous devons en jouir comme nous le voulons. L’État n’a pas construit ces maisons pour nous et bien au contraire, de nombreux agents de l’État nous ont très souvent rackettés ou nous ont mis les bâtons dans les roues avant que nos projets se réalisent. C’est pour dire que nous ne devons ces maisons à personne d’autre qu’à notre détermination”.

    Pour lui, “ce n’est pas maintenant que nous nous sommes saignés à blanc pour faire sortir de terre, des maisons qu’on va nous imposer les prix pour les mettre en location. Nous sommes dans notre bon droit. Demandez à nos frères qui sont à Londres, à Paris, à New York ou à Johannesburg si la location des maisons est donnée…lorsque le propriétaire demande des mois de caution, par exemple 10 mois de caution et de 2 mois d’avance, généralement le locataire a une période de 8 mois où il ne paye pas de loyer”.

    Au ministère de la Construction et Urbanisme, une source déclare à notre rédaction, “la loi c’est la loi.. mais tant que les populations continueront d’accepter ces situations sans les dénoncer, nous continuerons encore longtemps dedans “.

    Selon cette source , le gouvernement ivoirien à travers cette décision veut faire en sorte que la problématique de la flambée des loyers à Abidjan connaisse un début de solution, mais il ne peut y parvenir sans le soutien des populations , ni leur résistance face aux exigences des propriétaires.

    Olivier Guédé

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