Brazzaville, 14 février 2017 – La République Démocratique du Congo (RDC) a annoncé en ce jour la fin de l’épidémie de fièvre jaune dans le pays suite à une déclaration similaire faite par l’Angola le 23 décembre 2016, ce qui met un terme à la flambée dans ces deux pays qui n’ont signalé aucun cas confirmé de fièvre jaune au cours des six derniers mois.
« Nous pouvons à présent déclarer l’enrayement de l’une des épidémies de fièvre jaune les plus importantes et les plus redoutables enregistrées ces dernières années grâce à la réponse forte et coordonnée des autorités nationales, des personnels de santé locaux et des partenaires », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, tout en saluant la réponse énergique et sans précédent à la flambée.
L’épidémie a été détectée pour la première fois en Angola en décembre 2015 et a occasionné 965 cas confirmés de fièvre jaune dans les deux pays et des milliers de cas présumés. Le dernier cas de fièvre jaune a été signalé en Angola le 23 juin 2016, et le 12 juillet de la même année pour la RDC.
Plus de 30 millions de personnes ont été vaccinées dans les deux pays dans le cadre de campagnes de vaccination d’urgence. Ce volet essentiel de la réponse prévoyait des campagnes de ratissage et de prévention dans les zones difficiles d’accès jusqu’à la fin de l’année pour assurer la protection vaccinale du plus grand nombre de personnes possible dans toutes les zones à risque. Cette réponse sans précédent a épuisé à maintes reprises le stock mondial de vaccins contre la fièvre jaune.
Plus de 41 000 bénévoles, 8000 équipes de vaccination et plus de 56 organisations non-gouvernementales partenaires ont pris part aux campagnes de vaccination de masse. Les vaccins utilisés provenaient d’un stock mondial géré conjointement par Médecins Sans Frontières (MSF), la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), l’UNICEF, et l’OMS. Au cours des six premiers mois de l’année 2016, les partenaires ont fourni plus de 19 millions de doses de vaccin, soit trois fois les 6 millions de doses généralement prévues pour une épidémie. Gavi, l’Alliance du Vaccin, a financé un pourcentage considérable de ces vaccins.
Une épidémie redoutable
Les premiers cas de fièvre jaune ont été identifiés le 5 décembre 2015 à Viana, dans la province de Luanda (Angola). L’épidémie s’est ensuite propagée dans tout le pays et dans la RDC voisine, où la transmission locale a été attestée en mars 2016.
Depuis l’éclosion de la flambée, l’Angola a signalé un total de 4306 cas présumés de fièvre jaune et 376 décès ; 884 cas, dont 121 mortels, ont été confirmés en laboratoire.
La RDC a signalé 2987 cas suspects, dont 81 cas confirmés en laboratoire et 16 décès.
Des doses d’urgence pour atteindre plus de personnes
L’une des principales réussites de la réponse à cette épidémie a été l’introduction d’une stratégie novatrice de fractionnement de doses qui permet d’utiliser un cinquième d’une dose normale du vaccin antiamaril. Cette technique a été approuvée par le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination pour protéger le plus grand nombre de personnes possible de la menace imminente d’une épidémie majeure en milieu urbain.
L’OMS a prêté son concours au ministère de la Santé de la RDC pour vacciner 10,7 millions de personnes dans la ville de Kinshasa au moyen de cette stratégie de fractionnement de doses à titre de mesure à court terme pour conférer la protection contre la fièvre jaune pendant au moins 12 mois, voire beaucoup plus.
Le soutien aux pays se poursuit
En plus de soutenir les campagnes de vaccination de masse, l’OMS et ses partenaires continuent de fournir un appui à l’Angola et à la RDC pour renforcer la surveillance des maladies, contrôler la propagation des moustiques, et mobiliser les communautés afin qu’elles puissent se protéger.
Le changement climatique, le déplacement croissant des populations à l’intérieur et par-delà les frontières des zones rurales vers les zones urbaines densément peuplées, et la résurgence du moustique Aedes aegypti accentuent le risque d’épidémies de fièvre jaune.
« Des épidémies de fièvre jaune comme celle survenue en Angola et en RDC pourraient devenir plus fréquentes dans de nombreuses régions du monde, à moins de prendre des mesures coordonnées pour protéger les populations les plus exposées. Nous devons par conséquent adopter une approche préventive forte pour vacciner la population à risque dans toute la région », a déclaré le Dr Ibrahima Socé Fall, Directeur du groupe organique Sécurité sanitaire et situations d’urgence au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Dans cette optique, une large coalition de partenaires, dont l’OMS, a récemment élaboré une nouvelle stratégie pour l’élimination des épidémies de fièvre jaune (EYE) afin de renforcer l’action mondiale et d’intégrer les enseignements tirés de l’épidémie en Angola et en RDC.
Les principales composantes de la stratégie EYE comprennent des mesures visant à garantir la vaccination des populations avant l’éclosion d’une épidémie, à accroître les stocks mondiaux de vaccins destinés à la réponse aux flambées, et à favoriser une plus grande préparation dans les pays les plus exposés.
La réponse de l’Organisation à la flambée a été rendue possible grâce au soutien financier des gouvernements angolais, allemand et japonais, de Gavi, l’Alliance du Vaccin, de Bio-Manguinhos, du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF), du fonds autorenouvelable du Groupe international de coordination (ICG), de l’USAID, et du Fonds de réserve pour les situations d’urgence. ( Source OMS )
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