Simple hasard de calendrier ou volonté de réhabiliter Gbagbo ? Personne ne croit au hasard du calendrier. MEDIAPART, connu pour être un support de gauche, anticolonialiste, a été créée par Edwy Plenel, un ancien trotskiste qui est resté un « trotskiste culturel ».
Plenel cherche à se donner une image de vertu et, comme Saint-Just pendant la Révolution française, incarner l’ange implacable de la pureté. La droite française, avec Chirac et Sarkozy, reste son ennemie. Gbagbo est socialiste et il a appartenu à l’internationale socialiste. Plenel reste troskiste, imbibé de l’idéologie de l’Internationale socialiste.
Arrêté en 2011, l’ancien président ivoirien est aujourd’hui jugé devant la Cour pénale internationale. Ancien membre de l’Internationale socialiste, le Fpi (Front populaire ivoirien) a été exclu le 29 mars 2011 à la suite du profond discrédit de Laurent Gbagbo dans la crise ivoirienne. Mais, MEDIAPART se soucie peu des réalités. Plenel a choisi de venir au secours de Laurent Gbagbo en permettant à la journaliste Fanny Pigeaud de publier une série d’articles à charges (au lieu de respect le traitement équilibré de l’information), contre Alassane Ouattara (article publié le jeudi 8 juin).
MEDIAPART vient au secours de Laurent Gbagbo de quatre manières :
1) En publiant une interview de l’ex-président ivoirien
2) En reprenant la thèse du complot contre Gbagbo
3) En diffusant des « fake news »
4) En avançant la thèse que Ouattara est contesté et fragilisé.
1) En publiant une interview de Laurent Gbagbo
Dans son entretien avec la journaliste Fanny Pigeaud, Laurent Gagbo « accuse la France de Chirac et de Sarkozy » de l’avoir renversé et livré à la CPI. La thèse est connue : socialiste, Gbagbo a été renversé par la droite française, parce qu’il s’opposait aux intérêts de la France en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, aimé par son peuple, il n’a, selon lui, jamais perdu l’élection présidentielle de 2010. Avec cette « story telling » qui lui donne le beau rôle, Gbagbo tente de réécrire l’histoire tourmentée de ces 17 dernières années de la Côte d’Ivoire. Il s’agit de se faire passer pour un prisonnier politique retenu en otage par une Cpi, complice de la France. Argument classique : la thèse du complot international ourdi par les libéraux occidentaux contre un Président socialiste africain.
2) En reprenant la thèse de la complicité des médias français
Selon MEDIAPART, la plupart des médias français ont, ces dix dernières, « épousé sans retenue la version officielle du gouvernement français et du camp de l’actuel président Alassane Ouattara. ». MEDIAPART ajoute : « La majorité des médias français ont masqué cette réalité, reprenant sans distance le discours officiel français sur le président de l’époque, Laurent Gbagbo, et son successeur Alassane Ouattara. ».
Selon MEDIAPART, il existe dans les médias français une volonté d’occulter le rôle de la France dans la crise politico-militaire vécue par la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011. MEDIAPART n’évoque jamais la situation de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010, l’absence d’élection présidentielle en 2005, les pans entiers de l’économie sinistrés, la corruption, les exactions des escadrons de la mort. Peu importe. La stratégie de propagande vise à transférer le questionnement sur un autre sujet : la complicité des médias qui cherchent à protéger la politique de la France en Afrique. C’est une thèse ancienne, que l’on retrouve chez tous ceux qui dénoncent encore la Françafrique, comme l’association Sortie à propos de la visite en France d’Alassane Ouattara, reçu par Macron le dimanche 11 juin.
3) En diffusant des « fake news »
Les « fake news » sont de fausses informations diffusées le plus souvent sur internet et les réseaux sociaux à des fins de propagande. Dernière « fake new » : Ouattara aurait bénéficié d’un « prêt marocain » pour payer les mutins, ce qui est totalement faux. Mais, MEDIAPART parle de rumeurs, de sources. Rien de concret. Mais, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Le « procès à charge » contre Ouattara s’inspire des vieux procès « staliniens », si l’on peut parler ainsi à propos d’un trotskiste comme Plenel. En reprenant volontairement une rumeur totalement infondée, la journaliste se discrédite totalement.
4) En avançant la thèse que Ouattara est contesté et fragilisé
L’objectif de MEDIAPART est de montrer que le pouvoir de Ouattara est illégitime et qu’il est lui-même contesté et fragilisé comme en témoignent la grogne sociale et les mutineries. MEDIAPART va plus loin en prétendant que les accusations contre Gbagbo tombent les unes après les autres à La Haye. D’ailleurs, certains font courir le bruit d’une libération prochaine. Le procès suit son cours et personne ne peut préjuger du jugement final. Quant à Ouattara, il est évident qu’il traverse une zone de turbulences et que lui-même a besoin de montrer au pays qu’il est solide à la barre face à des revendications sociales qui ne conduisent pas à une dégradation irréversible des conditions sécuritaires.
Dans ce temps long de la politique jusqu’en 2020, nombreux sont ceux qui vont s’inviter à la campagne présidentielle de 2020. Par qui est financé le papier de la journaliste Pigeaud ? Ou par quelle idéologie est-il dicté ? La mise en procès de Ouattara permet de faire oublier le procès de Gbagbo et de convoquer la France devant le Tribunal de l’Histoire. Les officines qui font de l’anticolonialisme le seul moteur de leur action, comme MEDIAPART ou l’association SURVIE (1), ont tendance à falsifier l’histoire à des fins de propagande. Personne n’est dupe. Surtout, sans doute pas les Ivoiriens !
Alice Ouédraogo
(1) L’association Survie est dénoncée comme une « plateforme de désinformation » au service d’intérêts partisans.