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    Examens 2016 et infrastructures scolaires à Labé : les vérités de l’inspecteur d’éducation Mory Sangaré

    Examens 2016 et infrastructures scolaires à Labé : les vérités de l’inspecteur d’éducation Mory Sangaré
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le système éducatif guinéen souffre de manque d’infrastructure de qualité, d’insuffisance d’enseignants et ou de manque de motivation des apprenants. Pour débattre de cette question, du niveau de préparation des différents examens nationaux, session 2016, et d’autres problèmes qui assaillent l’école guinéenne et celle de Labé en particulier, Afrikipresse a interrogé l’Inspecteur régional de l’éducation de Labé, M. Mory Sangaré. Interview !

    AFRIKIPRESSE : Nous sommes à quelques semaines des examens nationaux session 2016, quel est aujourd’hui le niveau de préparation de ces concours dans les différents établissements de la région ?

    Mory Sangaré : Dans la région de Labé, au titre des examens, la liste des candidats normaux et libres est déjà arrêtée, les photographies sont terminées, les programmes sont aux alentours de 70 % en ce mois d’avril. Nous espérons qu’à la fin du mois de mai, nous seront aux alentours de 99 %. Les candidats se préparent, et l’encadrement (proviseurs, DPE, cadres de l’inspection régionale) met tout en œuvre pour que tout se passe au mieux. Les centres d’examens sont identifiés. Et je crois que nous serons dans le délai.

    L’année scolaire tend vers la fin, et vous nous dites que vous êtes à 70 % des cours. Est-ce qu’on peut dire qu’il n’y a pas eu de frein à leur déroulement normal ?

    Il y a eu des perturbations, par exemple, quand il y a eu la grève des syndicats (février), nous avons perdu une semaine des cours.

    Quelles dispositions avez-vous prises pour compenser cela ?

    Comme nous sommes habitués à ces genres de perturbation, des dispositions ont été prises, pour que pendant les congés de pacques, des écoles qui n’avaient l’habitude de faire des cours de rattrapage pendant les après-midi le fassent. Vous savez, quand une école fonctionne toute la journée, il n’est pas possible de faire des cours de rattrapage . Mais lorsque les congés de Pâques arrivent, on peut programmer. C’est ce que nous avons fait.

    Labé compte combien des centres d’examens pour l’année 2016 ?

    Les centres d’examens sont définis par examen : le certificat d’étude primaire au compte de l’enseignement général, a 83 centres d’examens. Pour le Franco-arabe, il 19 centes, pour un total de 102 centres d’examens.

    Pour le brevet d’étude du premier cycle (BEPC), il y a 23 centres d’examens pour l’enseignement général et 5 centres pour le franco-arabe, pour un total de 28 centres d’examens.

    Pour la baccalauréat, il y a 12 centres pour l’ensemble des 5 préfectures qui composent la région de Labé (Mali, Lélouma, Koubia, Tougué et Labé) pour un nombre total de 142 centres d’examens.

    Quel est la nombre des candidats pour l’ensemble des examens ?

    Pour 2016, la région de Labé compte présenter 20 681 candidats dont 9 832 filles. Ces statistiques concernent les écoles publiques et privées évoluant dans la région.

    Qui dit enseignement de qualité, dit infrastructure. Est-ce que Labé est dotée d’infrastructures adéquates pour donner une formation de qualité ?

    Pour répondre à votre question, laissez-moi vous donner les statistiques d’infrastructures réalisées depuis 2011 dans la région. À Koubia, 18 écoles de 3 classes ont été construites de 2011 à 2016 ; Labé, 17 écoles de 3 classes ; Lélouma, 22 écoles de 3 classes ; Mali, 27 écoles de la même capacité ; et pour Tougué, 16 écoles de 3 classes ont été réalisées. Le tout fait 100 écoles de 3 classes qui ont été bâties et sont opérationnelles.

    Toutes les écoles ont-elles des enseignants au complet, et prises en charge ?

    Vous comprendrez qu’il y a eu toujours insuffisance d’enseignants depuis que je suis là (2011), suite à la mise à la retraite de certains enseignants ayant atteint l’âge de faire valoir leurs droits à la retraite. Souvent, le nombre qui va à la retraite par an, n’est pas forcément le nombre que l’État a la possibilité de recruter. En plus de ça, il y a des décès et des abandons. Compte tenu de tous ces facteurs, le nombre d’enseignants est insuffisant.

    Quand ce genre de situation se présente, comment vous faîtes pour combler le vide ?

    Nous avons utilisé des techniques comme le double flux, par exemple.

    Ça veut dire quoi concrètement ?

    Ça veut dire qu’un maître prend deux classes. Il enseigne une classe de 8h à 13, et dans l’après-midi, il enseigne le deuxième groupe pédagogique, de 14h à 18h30.

    Ça peut fonctionner sans problème en modifiant l’emploi du temps. On peut aussi créer des classes multigrades, mettre deux groupes pédagogiques dans une même salle avec un effectif raisonnable ; une salle de classe équipée à cet effet et un maître qui a déjà suivi une formation dans ce sens. Et nos partenaires nous ont toujours accompagnés dans cette formation.

    Est-ce que les enseignants sont à la haute des attentes ?

    Pour connaître le niveau d’un enseignant, il faut le mettre d’abord en situation de classe. C’est quand il est en classe qu’on peut savoir s’il peut faire correctement ce qu’on attend de lui ou s’il a besoin de renforcement des capacités. C’est ce que nous faisons sur le terrain tous les temps. Je ne dis pas que tous les enseignants de la région sont parmi les meilleurs de la République, mais ce qui est clair, c’est qu’avec le processus de renforcement des capacités depuis 2011, le niveau des enseignants a été beaucoup amélioré.

    Le constat général montre que le niveau d’élève guinéen est faible. Comment vous ressentez cela à Labé ?

    Il ne faut pas penser que la faible niveau des élèves est quelque chose qui est propre en nous. Quand vous lisez un peu sur les différents sites, vous vous rendez compte que le niveau a baissé un peu partout. Mais ce qui me regarde particulièrement, c’est chez nous ici. Des gens peuvent dire cela, mais moi je pense que les résultats que nous obtenons ne disent pas que c’est ça. Je sais qu’à Labé, le niveau des élèves a beaucoup été amélioré. L’impact du renforcement des capacités c’est avoir des élèves qui ont un certain niveau de formation. Je suis d’accord, sur le niveau général, chacun se plaint, mais nous, nous faisons tout ce qu’on peut pour que le niveau des apprenants soit acceptable. Parce qu’il y en a qui, après le bac parviennent à aller dans des universités à l’étranger et qui ne sont pas renvoyés. Donc, je suppose parce qu’ils n’ont pas été renvoyés, ils ont quelque chose dans la tête.

    Pour remettre l’école sur les rails, est-ce que l’inspection régionale de l’éducation de Labé a tous les moyens de sa politique, ou quels sont vos besoins ?

    Nous avons besoins des soutiens, de la part de la presse, des parents d’élèves, de tout le monde pour que ce que nous faisons puisse se faire le mieux.

    À cause du manque d’enseignants et de la mauvaise répartition d’enseignants sur le terrain, à faire un redéploiement du personnel enseignant, nous rencontrons des difficultés . Des gens mécontents d’être postés là où ils ne souhaitaient pas, se sont fâchés. Ils sont allés mettre les enseignants en situation de classe en grève. Celui qui écoute ces informations, va croire que l’inspection générale de l’éducation est en train de brimer des droits. Des situations comme ça, nous fatiguent. C’est pourquoi nous avons besoin de soutien dans ce cadre.

    Si on n’avait pas procédé au redéploiement du personnel enseignant, nos écoles publiques auraient eu l’allure des écoles privées. Parce que, si c’est les communautés qui engagent des enseignants et qui les payent, ce sont les parents d’élèves qui les payent.

    Si je prends ce que les parents d’élèves déboursaient chaque année au titre des enseignants contractuels au compte de 9 mois de l’année scolaire. En prenant rien que le SMIC, ils payaient 3 milliards 286 millions 800 mille francs guinéens. C’est ce que les parents payaient aux enseignants contractuels avant le redéploiement.

    À la date d’aujourd’hui, ils ne payent plus que 506 millions 880 mille GNF. Ce qui fait un bénéfice de 2 milliards 769 millions 920 000 GNF.

    Réalisée par Aliou BM Diallo, envoyé spécial à Labé,

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