Suite à l’arrêt des cours à l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa suivi de la conférence de presse tenue mardi 16 août 2016 par Soro Seman de la Coordination nationale des enseignants-chercheurs et des chercheurs de Côte d’Ivoire (Cneci), Afrikipresse a eu un entretien le mercredi 17 août 2016 , avec la présidente de ladite université , Mme le Professeur Sanogo Tidou Abiba.
Votre démission est exigée par plusieurs enseignants de l’université que vous dirigez. Que répondez-vous et quelle est la situation à l’Université de Daloa ?
Actuellement, nous sommes en pleine négociation avec la tutelle. Nous sortons donc d’une négociation depuis hier. Des explications ont pu être données de part et d’autres. Il y avait plus de problèmes d’incompréhensions que de faits réels. Aujourd’hui, j’ose espérer que le monde enseignant a pu comprendre la réaction de la tutelle face à leurs doléances et à leurs revendications. Parce que pour des questions académiques , beaucoup de choses ont été déjà faites et d’autres sont en cours de réalisation. C’était une question de délai. On leur a seulement demandé un peu de patience par rapport au traitement de certaines questions.
Lors de sa conférence de presse, Soro Senan, le Sg adjoint de la Section Cnec de votre Université a évoqué un ‘’mépris’’ de votre part vis-à-vis des enseignants pour le non-paiement des primes de recherches de ces derniers promus à la session du Cames 2015 et de reliquats d’heures complémentaires pour l’année académique 2013-2014 ?
Ce n’est pas juste , parce que dans notre système éducatif , depuis des années, lorsqu’il y a un changement de grade en cours d’année, il va de soi que le budget en cours ne puisse pas supporter la revalorisation des salaires. Il s’agit exactement de cela ! Donc nous attendons l’année qui suit et nous faisons une programmation chaque fois pour le budget à venir. Et lorsque le budget arrive à supporter, nous évacuons au fur à mesure, en fonction des grades suivants. Donc, c’est ce qui se passe. Moi-même professeur titulaire depuis 3 ans, c’est seulement en janvier 2016 que j’ai eu mon salaire de professeur titulaire avec tous les arriérés. C’est une pratique qui se fait toujours et c’est au niveau de l’État. Mais vous savez que le problème budgétaire dépasse le cadre de l’université. C’est au niveau du gouvernement que cela se traite. Lorsqu’en début d’année un budget est voté, en fonction de ce qu’on nous donne, on essaie de faire une répartition. En fait, ils ne sont pas contents par rapport à tous ces faits que je viens d’évoquer.
Au nom des enseignants, la Section Cnec de Daloa dit, en outre, avoir relevé le non reversement des cotisations des enseignants à la mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci). Que répondez-vous ?
Là aussi ce n’est pas vrai ! Ils disent qu’ils sont jeunes , ça se comprend. La Mugefci est dans son bon fonctionnement aujourd’hui. C’est-à-dire que c’est une mutuelle des fonctionnaires qui améliore son bon fonctionnement au fil du temps. Il y a des principes et des pratiques. Au regard de ce qui s’est passé dans le temps, lorsque quelqu’un abuse des prestations, il peut se trouver que durant le mois, il ne puisse pas être servi. Donc les enseignants, qui sont deux, trois ou cinq, au maximum, m’a-t-on dit, se seraient peut être retrouvés dans ce cas parce que dans la même période, certains ont pu utiliser leur carte. Donc, nous sommes dans l’impossibilité de vérifier cela maintenant parce que nous , nous sommes à jour au niveau de la Mugefci. Et concernant donc l’ensemble des pré comptes c’est-à-dire des impôts et autres, vous n’êtes pas sans savoir que l’État , généralement fait notre approvisionnement en fin du mois pour payer les salaires, donc le net. Et dans ce net, nous ne pouvons pas enlever les impôts et les pré comptes, sinon, certains enseignants ne pourront même pas avoir leur salaire. Nous privilégions d’abord les salaires et ensuite nous demandons pour les pré comptes. C’est-à-dire, tout ce qui concerne les assurances, et autres que nous payons. Il va de soit que parfois, il y a un petit décalage mais nous payons toujours quand les approvisionnements arrivent….. Et même l’État a trouvé dans son bon fonctionnement ceci : En fin d’année, lorsqu’on se rend compte qu’un EPN n’a pas payé, il y a une balance, une compensation qui se fait pour annuler les impôts. Cela n’a pas de répercussions sur les fonctionnaires.
Après toutes ces explications, pouvons-nous, nous attendre, dans les jours à venir à la reprisse des cours ?
Vous me donnez l’occasion de lancer un appel. J’en appelle à la sagesse des uns et des autres. Je lance un appel aux enseignants à reprendre le chemin des amphis. Je lance un appel aux étudiants à venir aux cours. La sécurité est assurée sur le campus. Nous avons fait un appel aux Forces de l’ordre pour assurer la sécurité de tous. Je lance aussi un appel aux Forces de l’ordre afin qu’il n’y ait pas de bousculade sur le campus. Surtout en ce qui concerne les étudiants, il y a un dead-line pour le renouvellement de leurs bourses. J’invite tous les enseignants qui ont retenu des notes de nous les donner pour que nous puissions faire les PV pour permettre aux étudiants de faire leur demande de bourses. C’est très important !
Claude Dassé