Moumina Chériff Sy est le ministre d’Etat, ministre de la Défense et des Anciens combattants du Burkina Faso. Il se prononce sur les élections présidentielles et législatives du 22 novembre 2020 qui se tiennent dans un contexte sécuritaire explosif.
Est-ce un échec de la part du gouvernement sortant que les opérations de vote n’aient pas pu avoir lieu dans le nord du pays ?
C’est la Commission électorale nationale indépendante qui l’a décidé. Ce n’est pas un échec. Lier la question du vote à celle de l’insécurité dans le nord semblerait quand-même un peu légèr. Bien avant le vote, le Burkina Faso était dans une situation d’insécurité que le gouvernement essaie de résorber depuis 5 ans. A ce jour donc, l’adversité a significativement reculé. Dans les villages qui avaient été abandonnés, les populations ont commencé à retourner. Vous comprenez bien qu’il y a des zones qu’on peut considérer comme des zones rouges et difficilement accessibles et pour certains mêmes, les villages qui avaient été enrôlés, il n’y a plus personne dans ces villages comme l’a souligné le président de la CENI lors de sa dernière intervention télévisée. Cela doit être donc compréhensif que dans ces zones, on ne puisse pas voter. C’est dommage que ceux qui sont dans ces zones ne puissent pas voter. Mais est-ce que cette situation impacte-t-elle négativement l’ensemble du processus électoral ? Je ne pense pas. Donc je ne pense pas que cela soit un échec pour le gouvernement. De jour comme de nuit, nous sommes sur pied pour faire reculer cette adversité. Et elle recule. Si justement aujourd’hui comme vous le précisez, que ce soit au Nord ou à l’Est, les électeurs peuvent voter, c’est parce que l’insécurité a reculé, mais nous sommes sous la menace permanente. Ce matin même (Ndlr : dimanche 22 novembre 2020), nous sommes obligés de ne pas ouvrir certains bureaux de vote parce qu’il y a des menaces d’attaque. Dans l’ensemble, la majorité des électeurs burkinabè a voté. Et c’est le plus important. Nous aurions souhaité que tous les Burkinabè votent et cela a toujours été notre volonté. Mais à l’impossible nul n’est tenu.
Êtes-vous un peu déçu ?
Non ! Je ne suis pas du tout déçu. Je suis très fier et très content que dans ce contexte-là, où depuis 5 ans, nous avons subi une certaine adversité, nous ayons pu malgré tout relever le défi d’organiser ces élections couplées, je peux dire que je n’ai pas de déception.
Quel est votre message à l’endroit de tous les Burkinabè de l’extérieur comme de l’intérieur ?
Tous les indicateurs, au plan électoral, politique et économique, montrent que dans cet environnement d’insécurité, le Président Roch Marc Christian Kaboré a fait bouger énormément les lignes. C’est le premier point que nous retenons. Le second point, c’est que nous ayons pu permettre aux citoyens burkinabè d’aller exprimer leur choix. Il faut s’en féliciter. Et je souhaite que ceux qui seront battus à ces élections, reconnaissent leur défaite. Je souhaite qu’il n’y ait pas de tentative de subversion pour remettre en cause les résultats de ces élections pour emmener une autre insécurité à celle que nous vivons. Mais je pense que cela n’arrivera pas.
Entretien réalisé par Joël Touré, envoyé spécial à Ouagadougou.