Parti aux Etats-Unis pour des études en 1962, Alassane Ouattara obtint son master et son doctorat en économie en 1967 et 1972 à l’université de Pennsylvanie. Entre plusieurs offres d’emplois, il choisit celui du fonds monétaire international (FMI) une année plus tard afin, confiera-t-il volontiers de « mieux connaître les pays africains sur le plan économique ».
« Du FMI à la BCEAO : une ascension fulgurante » est le titre du chapitre 2 du livre de l’ivoirien, Moriba Magassouba, intitulé « Alassane Ouattara : la passion du devoir » dont le tome 1 « ADO : naissance d’un mythe » est en librairie depuis octobre 2020.
C’est par une assertion de Françoise Gri que débute ce deuxième chapitre d’une longue histoire qui retrace le parcours exceptionnel d’un homme combatif, mais aussi d’un homme passionné du devoir et de la rigueur, Alassane Ouattara :
« Le leadership traduit la capacité d’un leader à obtenir de ses équipes une adhésion forte et durable à la réalisation d’un projet ambitieux ». Fin de citation.
Ce leadership, Alassane Ouattara l’a incarné depuis sa scolarité au pays des hommes intègres, en Haute-Volta à la Bceao à Dakar en passant par le FMI aux Etats-Unis. Aujourd’hui encore, c’est avec une main de fer et une rigueur hors du commun qu’il dirige un pays, la Côte d’Ivoire nouvellement sortie de trente années de turbulences politico-économiques.
Ce leadership, il le doit à sa rencontre également avec un grand homme, un homme visionnaire : le vieux. Nom que lui ont donné tous ses proches unanimement. Le vieux, c’est feu Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’ivoire indépendante (1905-1993).
Au FMI, Alassane Ouattara a une occasion de parcourir les pays africains, son seul motif d’intégration au sein de l’institution financière qui gère les fonds du continent.
Mieux, écrit Moriba Magassouba « il songeait à entrer dans une structure régionale susceptible de lui permettre, par la suite, de retourner en Côte d’Ivoire ».
Un rêve devenu réalité lorsqu’il fait la connaissance du « vieux » en 1972 au retour d’une mission en Afrique du Sud.
Depuis cette première rencontre, les deux hommes ne se sont plus quittés jusqu’à la mort du « vieux » en décembre 1993.
Lorsque son compatriote ivoirien, Abdoulaye Fadiga prend la tête de la Bceao en février 1975, Alassane Ouattara est sollicité pour être son conseiller spécial. Il avait 33 ans ! Il deviendra par la suite directeur des études puis vice-gouverneur de 1983 à 1984.
Alors qu’il avait refusé une offre du ghanéen Kwamé Fordwor, président de la banque africaine de développement (BAD) pour le poste de vice-président de cette institution, Alassane Ouattara est convaincu par « le vieux » depuis la rue Massena à Paris, afin qu’il accepte de retourner au FMI, cette fois pour occuper le poste de directeur du département Afrique en 1984.
Quand la crise rapproche Alassane Ouattara du « vieux »
En 1987, le président Houphouët décide de suspendre le paiement du service de la dette de la Côte d’Ivoire suite à la chute des cours mondiaux du café et du cacao. Une décision qui n’est pas sans conséquence sur l’économie de la Côte d’ivoire, poumon de la sous-région avec 40% de part au sein de l’UEMOA.
Embarrassé, « le vieux » fait appel à Alassane Ouattara par le biais de Charles Konan Banny alors directeur général de la Bceao.
C’est donc dans une Côte d’Ivoire au bord de l’asphyxie financière que débarquera la même année (1987), Alassane Ouattara. Et même si le premier programme d’ajustement structurel concocté par Ouattara et ses amis du FMI n’ont pu sortir le pays du gouffre, cette mission aura permis de renforcer les relations entre Alassane Ouattara et « le vieux ».
« Cette bouffée d’oxygène destinée à faire redémarrer l’économie n’a malheureusement pas suffi et les choses se sont même compliquées au début de l’année 1989, le président ayant décidé de suspendre les exportations de cacao » écrit l’auteur.
Aussi durant les quatre années passées à la tête du département Afrique du FMI (1984-1988), Alassane Ouattara, devenu l’un des conseillers attitrés du « vieux », les deux hommes se rencontraient presque tous les deux mois.
C’est tout naturellement qu’à la mort de Abdoulaye Fadiga, Alassane Ouattara est nommé par « le vieux » pour lui succéder au poste de gouverneur de la Bceao en octobre 1988.
Dans son allocution de départ de ses fonctions à Washington, en juillet 1999, le directeur du FMI, Camdessus, qualifiera Alassane Ouattara, d’homme de devoir.
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Philippe Kouhon