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    DG RTI limogé : Traoré Nadjibé (SG du Syninfo) se dit inquiet et fait des révélations

    DG RTI limogé : Traoré  Nadjibé (SG du Syninfo) se dit inquiet et fait des révélations
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
    Lecture 11 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Secrétaire général (Sg) du Syndicat national des agents des organes des secteurs public et para-public de l’information (Syninfo), Traoré Nadjibé a réagi ce jeudi 11 juillet 2024 au sujet du limogeage le mercredi 10 juillet 2024 en Conseil des ministres, de Dembelé Fousseni du poste de Directeur général (Dg) de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti). 

    Dans son récit, le numéro un du Syninfo fait des révélations sur la gestion de celui qui avait pris les rênes du média d’État le 6 février 2019, ainsi que sur plusieurs autres sujets liés au bon fonctionnement de la «Maison bleue». Entretien…

    Après un peu plus de cinq ans à la tête de la Rti, le DG Dembélé Fousseni vient d’être démis de ses fonction pour «dysfonctionnement et problème de gestion et de gouvernance ». En votre qualité de secrétaire national du Syninfo, quels commentaires faites-vous de cette décision ?

    À chaud, nous ne savons pas quoi dire. C’est une décision gouvernementale, donc, nous en prenons acte. Dans une telle situation, tout le monde s’aligne. Je ne sais pas si c’est lié à notre situation. Je ne le pense pas, parce que le motif qui a été donné, à aucun moment, ne mentionne le principe d’une grève. Nous, nous sommes des partenaires sociaux. Ce que nous faisons, c’est de défendre le droit des travailleurs. Sur plusieurs années, nous avons eu à échanger avec la direction générale sur certaines questions qui n’ont pas été résolus.

    Ainsi l’assemblée générale, les camarades ont demandé qu’on dépose un préavis de grève. C’est ce qui avait été fait le mercredi 26 juin 2024 pour une grève le 8 juillet 2024. La direction générale nous a reçus. L’Inspection du Travail également. Tout cela piloté par l’Ismci (l’Intersyndicale du secteur des médias de Côte d’Ivoire). On a trouvé un compromis, et cela a été entériné dans un document.

    Justement, la grève était annoncée pour le 8 juillet 2024 , jusqu’au 10 du même mois ?

    Effectivement, le lundi 8 juillet 2024, nous étions censés entrer en grève. Après le compromis, il n’y avait plus de raison. Nous avons donc fait une Assemblée générale extraordinaire le vendredi 5 juillet 2024, au cours de laquelle, la grève a été suspendue. Tous les camarades de la RTI ont décidé de suspendre le mot d’ordre. Nous avons fait une déclaration à la suite et nous sommes à l’écoute de ce qui va suivre.

    TRAORE Nadjibé (SG national du syninfo, au micro) avec à sa gauche, l’ex DG de la RTI, Dembelé Fousséni. © DR

    Je veux parler des résolutions parce que déjà, nous avons commencé à travailler. Surtout que toutes les promesses ont été mises au mois d’août. C’est donc à partir du mois d’août que nous allons vérifier le respect de ce qui a été mis dans les accords. Je veux parler du sursalaire qui avait été spolié. Pour la revalorisation nationale sur 11%, nous avons obtenu 6%. Nous avons quand-même accepté, parce que c’est un compromis, le stock de congés, les avancements etc. Donc hier (mercredi 10 juillet 2024 : Ndrl), nous avons tous été surpris de cette décision.

    Sauf que nous avons une petite inquiétude : quelle va être la suite de ce compromis ? Mais bon, l’administration étant une continuité, on espère que celle ou celui qui viendra respectera ce qui a été décidé de commun accord. C’est vraiment là notre inquiétude parce que nous, ce n’était pas une affaire de personne. Est-ce que nos problèmes sont résolus, oui. C’est ça nos préoccupations.

    Pour le sursalaire qu’est-ce que vous dites ?

    J’ai dit qu’il y a eu un accord pour rétablir le sursalaire à la fin du mois d’août 2024. La revalorisation nationale aussi, il y a eu un accord. Nous avons obtenu 6%. Nous sommes classés dans le secteur du commerce. Normalement, on visait 11%, mais bon, c’est aussi ça été un accord. Vous recevez et vous lâchez aussi. Tous ces points doivent être mis en pratique à partir du mois d’août 2024.

    On parle de «dysfonctionnement et problème de gestion et de gouvernance» du DG. Êtes-vous d’avis ?

    Nous, on interpelle la direction générale. Ce n’est même pas celle-là, mais toutes les directions générales avec lesquelles nous avons travaillé. Quand nous constatons des anomalies, nous nous faisons fort d’interpeller. C’est tout ce qu’on peut faire. Nous ne sommes pas co-gestionnaires. Notre rôle, c’est d’interpeller pour que la «Maison bleue» puisse se maintenir.

    Parce que quoi qu’on dise, c’est elle qui nous donne à manger. Si elle ferme, ça ne nous arrange pas. On est syndicat parce que la RTI existe. Donc aujourd’hui, nous avons un petit pincement au cœur parce que le DG, c’est quelqu’un que nous avons côtoyé. C’est vrai qu’il y a eu des moments de difficulté mais nous avons fini par nous accorder. Nous sommes obligés de faire avec. Ce n’est pas une fin en soi. La vie continue.

    Une mauvaise gestion a été évoquée ?

    Nous n’avons pas de barème pour juger sa gestion. Mais je sais que dans notre préavis, il y a un point qui demandait de faire un audit pour déceler le problème parce que depuis trois années, dans les bilans financiers qui nous ont été remis, on était déficitaire. Une entreprise qui est déficitaire sur trois années, il y a un souci. Nous avions donc dans notre préavis, demandé qu’on fasse un audit.

    Parce que quelqu’un qui est malade, il faut un diagnostic clair. Pour nous, l’audit viendrait diagnostiquer le problème. Et ensemble, on allait trouver comment le solutionner. Et si on ne peut pas, comme c’est une entreprise d’État , on va demander à l’État de nous aider. C’était dans cette optique que nous avions demandé un audit, parce que ça ne va pas. Et si ça ne va pas, c’est qu’il y a forcément quelque chose qui n’est pas bien fait.

    On évoque la venue d’un DG provisoire. Quel est pour vous le portrait-robot de ce DG que vous souhaiteriez ?

    J’avoue que je n’en ai aucune idée en tant que secrétaire général national du Syninfo. Nous ne sommes pas conviés au Conseil d’administration pour dire notre mot. Il n’y a que le conseil d’administration qui peut dire quoi que ce soit. À chaud, je ne sais pas quoi répondre. Je souhaite seulement que ça soit quelqu’un qui sera à l’écoute des agents.

    Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le DG par intérim viendra de la tutelle, précisément du cabinet du ministre de la Communication. Qu’en pensez-vous ?

    C’est vous qui m’informez. Peu importe de là où il vient. Qu’il vienne de Gbahapleu, de Toulépleu ou de Tingréla, ce n’est pas ça notre problème. Je pense que le gouvernement est assez responsable et fait des choix raisonnables pour le bon fonctionnement de la maison. Notre problème n’est donc pas à ce niveau. Notre prière est que quel que soit, celui ou celle qui viendra, il faudra que ce soit vraiment quelqu’un qui soit à l’écoute des agents.

    Qu’il n’y ait pas de barrière entre l’administration et le reste du personnel. Parce que le capital humain est très important. Dans toutes entreprises, ça doit être la pièce motrice. Quand cet aspect n’est pas mis en avant, c’est sûr que la machine va être enrhumée. C’est ce que nous avons constaté à un moment donné.

    Il y a eu un gros fossé entre la direction générale et les agents. Nous l’avons dit. Par exemple, dans ma conclusion, lorsque nous étions en train de travailler pour le compromis, j’ai dit au directeur général : «Monsieur le DG, on n’était pas obligé t’en arriver là. Il y a eu des problèmes, on pouvait s’asseoir et les traiter tranquillement»

    Et c’était quoi le problème ?

    C’était un certain nombre de revendications et dans le préavis de grève, il y avait dix points. Et finalement, on a commencé à s’asseoir et on a trouvé des solutions. Pour nous, on n’était même pas obligé d’en arriver à un préavis de grève pour solutionner ça. Puisqu’en fin de compte, on a pu trouver des solutions. Je lui ai dit «on n’était pas obligé de faire du bruit». Malheureusement…

    De toutes les façons, il y a eu un compromis. Ce que je veux dire, peu importe celui qui viendra. S’il vient dans l’objectif de redynamiser la maison et de prendre en compte les problèmes des travailleurs, nous y adhérons. Mais s’il arrive pour faire autre chose que ce que son cahier de charge lui demande, franchement, il va se heurter au syndicat. Ça, il faut que ça soit aussi clair, parce que nous aussi, c’est notre rôle. Si on ne joue pas notre rôle, on ne sait pas pourquoi on existe. La prière pour nous, il faut que ce soit quelqu’un qui vienne et qui comprenne les difficultés des agents.

    D’aucuns pensent que le DG limogé serait victime de ses grincements de dents en privé face à l’exclusivité des marchés qui sont cédés aux concurrents au détriment de la RTI lors des grands événements sportifs, par exemple .. Qu’en pensez-vous ?

    Si cela est vrai de la part du DG comme vous dites, j’avoue qu’il n’y pas que le DG qui peut n’être pas content. Nous sommes une chaîne nationale et la priorité doit être accordée à la chaîne nationale. Cela se fait comme ça, partout dans le monde. Nous ne sommes pas contre le fait qu’il y ait des chaînes privées, mais dans de telle circonstance, la priorité doit être donnée à la Télévision nationale qui est l’œil de l’État.

    Et là, on constate que la part belle est faite à une chaîne privée concurrente, ça peut mettre mal à l’aise tout le monde. Et il n’y pas que le DG qui ressent cela. Même au niveau des agents, à un moment donné, on a eu l’impression d’être laissés pour compte. Mais avec les décisions qui viennent d’être prises, on se rend compte que l’État a un œil sur la gestion de la RTI et veut que la maison marche, ce qui nous rassure . Mais

    mais j’avoue que nous avons eu cette impression d’abandon par moment. Puisque lors des grands événements sportifs tels que la CAN et autres, l’exclusivité était pour la RTI au départ. Les contrats avaient été signés… et tout d’un coup, on a vu ce qui s’est passé. Il n’y avait pas que la RTI qui était diffuseur. Bon, chacun tire le drap vers lui.

    Mais nous, nous défendons la chaîne d’État parce que nous sommes là pour travailler pour le gouvernement qui est là. La chaîne qui est là, n’a pas autres rubriques que de servir l’État , dans sa mission de service public. C’est ce que nous nous employons à faire. Donc lorsqu’il y a des difficultés, je pense que c’est à la direction de les révéler afin que nous puissions trouver des solutions

    Aviez-vous échangé avec le DG sur ce sujet de l’impression d’un abandon de la RTI par le gouvernement ?

    Oui, nous avons eu à échanger sur cette question. Je reviens encore sur notre préavis de grève qui compte dix points. Et sur les 10 points, il n’y a que quatre questions qui sont directement liées aux travailleurs. Maintenant, si les six autres questions sont solutionnées, c’est pour la bonne marche de l’entreprise. Nous ne sommes que des revendicateurs dans le sens large du terme. Nous nous soucions aussi et surtout de la bonne marche de l’entreprise.

    Nous avons eu à poser des questions : «pourquoi est-ce que, pourquoi est-ce, pourquoi est-ce que ». Parce que nous sommes taxés de tous les noms. Vous voyez un peu l’image que les gens ont de de la RTI, face à tout cela. Les populations se plaignent ; «on paye la redevance, pour quoi on n’a pas ceci ou cela, pourquoi n’avons-nous pas tel ou tel programme etc. » Les gens ne savent toujours pas le fonctionnement de la maison.

    Quand la RTI est indexée négativement, nous qui travaillons là-bas, ça nous met mal à l’aise, parce que pour nous, c’est la poule aux œufs d’or qu’on ne doit pas tuer. On en parle. Il y a plusieurs questions qui ont été posées. Face à la situation, nous avons proposé l’organisation d’un séminaire de grande envergure au cours duquel nous avons posé les vrais problèmes de la maison et les solutionner, à court, moyen et long terme.

    Juste pour vous dire que notre objectif est que la maison ne tombe pas, quel que soit le directeur général qui sera là. Nous avons relevé plusieurs anomalies dans la gestion. La gestion du personnel c’est également un chapitre sur lequel nous avons travaillé de façon efficiente. Un document que les partenaires sociaux ont traité avec la direction générale de la RTI.

    NB : au moment où nous mettions cette interview sous presse, nous avons appris la nomination de Jean-Martial Adou, Directeur de cabinet du ministre de la Communication comme DG de la RTI, par intérim

    Claude Dassé

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