À Ouagadougou, respectant le programme établi dans le cadre du symposium international sur le dialogue interreligieux et inter culturel , le comité d’organisation a convié les hôtes et participants à une soirée cinématographique, le dimanche 5 mars 2017, à la salle Canal Olympia de Ouaga 2000.
Deux productions étaient au programme , dont le documentaire ‘’Joseph-Ki-Zerbo Identité/identité pour l’Afrique’’ signé du réalisateur Dani Kouyaté , fils de l’acteur Sotiqui Kouyaté.
Selon le réalisateur l’objectif affiché est de donner une nette connaissance aux générations à venir à travers des images, sur l’œuvre de Joseph Ki-Zerbo (décédé le 4 décembre 2006, à 86 ans) et surtout, de s’imprégner de sa pensée basée notamment sur le panafricanisme et le développement endogène.
Dans le film nous retrouvons dans des témoignages des compagnons de l’historien dont ceux de Jacqueline Coulibaly, son épouse, décédée le 15 décembre 2015, à l’âge de 82 ans , et de l’ancien Directeur général de l’Unesco, Mahtar Mbow.
À l’époque, celui-ci avait facilité la réalisation de l’ouvrage ” l’histoire générale de l’Afrique” dont Joseph Ki-Zerbo avait réalisé le premier volume portant sur la méthodologie de l’histoire africaine. Un volume à travers lequel il a défendu l’existence des sources orales dans l’histoire de l’Afrique avec Amadou Hampâté Bâ et bien d’autres.
On note aussi les témoignages aussi des professeurs Iba Der Thiam, Alpha Omar Konaré qui est lui, historien, archéologue et qui fut un ami au professeur Ki-Zerbo. C’est lorsqu’il était président de la président du Mali (1992 à 2002) qu’il a été organisé le Grand congrès de l’Association des historiens en Afrique, notamment à Bamako.
Le Congolais Elikia M’bokolo, Postel-Vinay et André sont au nombre de ces intellectuels africains , qui ont confronté leur témoignage avec celui de l’illustre disparu , dans cette production de 52 minutes permet de découvrir les différentes facettes du Professeur Ki-Zerbo , notamment le lien qu’il a eu avec la Guinée de Sékou Touré qu’il a qualifié ‘’d’homme très intelligent’’.
Même si dans le film, il explique que la situation à l’époque a durci son régime et qu’il a commis des erreurs…, en mentionnant le nom de Diallo Telli, le premier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA/aujourd’hui Union africaine, UA) mort en 1977 à l’âge de 55 ans.
Évoquant l’échec du projet des États-Unis d’Afrique, projet cher à l’ancien Président ghanéen mais contrarié dans l’instant par l’ex Président ivoirien , le documentaire, à la lecture des différents témoignages, mentionne que les idées des deux leaders étaient nettement divergentes sur le dossier.
«Houphouët pensait plutôt à un développement national basé sur les ressources immenses de la Côte d’Ivoire, au dépend d’une vision continentale, qui était celle que promouvait Kwamé Nkrumah. C’est alors qu’Houphouët a lancé le défi suivant à Kwamé Nkrumah : ‘’Dans 20 ans, on verra qui de nous deux a raison’’ Alors que dans 20 ans, Kwamé Nkrumah était déjà mort. Donc on pourrait dire que Houphouët Boigny a gagné ce défi», témoigne Joseph Ki-Zerbo.
L’historien relève que lors de la lutte coloniale, le changement de parcours de celui qui fut le premier président ivoirien :«Félix Houphouët Boigny était membre fondateur du RDA (Rassemblement démocratique africain : Ndlr). Mais, il y a eu un tournant en 1951. Houphouët, effectivement, a quitté l’aile progressiste du RDA qui était représentée par Modibo Kéïta et Sékou Touré pour adopter une position plus centrée sur le développement de la Côte d’Ivoire, au dépend de la grande fédération de l’Afrique de l’ouest, en gestion. Prenant l’eau de toutes parts, ce projet sera finalement mué en fédération du Mali mais cette fédération qui ne comprenait que deux pays, le Mali et le Sénégal, connaîtra à son tour, un échec. Au lieu d’être une fédération comprenant au moins une dizaine de pays en Afrique, elle s’est réduite au Mali et le Sénégal qui étaient le Soudan français à l’époque. Cette fédération a fini par éclater , elle aussi. Le Conseil de l’entente créé par Houphouët Boigny était un obstacle à cette fédération».
Fonctionnaire international pour les droits de l’Homme et co-auteur du documentaire de ‘’Joseph-Ki-Zerbo Identité/identité pour l’Afrique’’, Lazare Ki-Zerbo, le fils de ce grand penseur africain présent à cette projection a fait une brève déclaration à Afrikipresse : «Le Conseil de l’entente créé par Houphouët Boigny était un obstacle à cette fédération. Et le symposium international sur le dialogue interreligieux et interculturel dans lequel nous sommes actuellement , a interpelé le représentant du Conseil de l’Entente sur cette question. (…) C’est vrai qu’à cette époque, il y a eu cette fracture entre la Côte d’Ivoire et la fédération du Mali mais cela relève désormais du passé. Surtout que la jeunesse africaine aujourd’hui, revient aux sources fondamentales du panafricanisme de Kwamé NKrumah».
Claude Dassé