La compagnie minière Rio Tinto a annoncé mercredi 4 mai la suppression de 800 postes en Guinée. Le responsable des ressources humaines de cette société aurait informé les employés de ce projet de licenciement massif, selon nos confrères de BBC.
Les promoteurs du projet Simandou disaient qu’il permettrait à la Guinée de tirer profit de ses importantes richesses minérales et d’engager une transformation en profondeur de son économie. Les autorités guinéennes, les partenaires et les employés de ce gigantesque projet sont désormais sur une pente jugée “raide” qui laisse peu de chance de voir se réaliser ce rêve guinéen.
Pour la direction de Rio Tinto, il était question de former un consortium d’investisseurs qui financera, construira et détiendra les infrastructures comprenant un port en eau profonde et une voie ferrée de 650 km reliant la préfecture de Forécariah située en basse Guinée, près de la capitale Conakry à celle de Beyla située dans le sud en Guinée forestière.
Rio Tinto supprime 800 emplois
La “mauvaise nouvelle” aura été annoncée par le responsable des ressources humaines aux employés. La direction a aussi décidé d’une réduction drastique du flux des biens et services : nourriture, déplacement, logement et autres commodités ont été ramenés au strict minimum alors que durant les périodes de “vache grasse “, cette société ne lésinait pas sur les moyens pour améliorer les conditions de vie et de travail de ses employés, apprend-on.
Le projet avait pourtant été considéré comme potentiellement capable de doubler le produit intérieur brut -PIB- guinéen actuel avec une incidence considérable sur le marché de l’emploi. 45.000 emplois étaient concernés, en plus de la construction et de l’amélioration des routes, du développement des réseaux de communication par fibre optique et sans fil pour appuyer l’essor économique des communautés qui se trouvent le long du tracé des infrastructures appelées “Corridor de croissance sud”. Le 16 mai 2016, Rio Tinto devra transmettre officiellement à la Guinée son étude de faisabilité bancable. Ces résultats sont attendus par les autorités guinéennes et les partenaires pour savoir quelle suite donner au projet.
Réaction de Cellou Dalein Diallo
Le chef de file de l’opposition guinéenne ne semble pas surpris face à l’annonce de Rio Tinto. Interrogé par Afrikipresse, Cellou Dalein accuse le puvoir actuel d’être responsable du malheur qu’endurent les populations. ” Le président Alpha Condé n’a pas mis en œuvre des politiques susceptibles de rassurer les investisseurs étrangers”, estime l’ancien Premier ministre.
“Pendant la campagne présidentielle de 2015, rappelle l’opposant, on entendait Alpha Condé avec ses slogans “le progrès en marche”, “Alpha le bâtisseur”. Aujourd’hui nous sommes dans quelle situation ? Les entreprises ferment parce qu’il n’y a pas de confiance”.
Et le politicien de souligner : “Il {Alpha Condé, NDLR} nous a dit ici que depuis l’indépendance, aucune tonne de fer n’a été exploitée et qu’il va régler ça. Malheureusement, il n’a pas mis en œuvre des politiques susceptibles de rassurer les investisseurs”.
Visiblement agacé , Cellou Dalein dénonce: ” il a pris le pouvoir au moment où la Guinée a été convoitée par tout le monde. Le minerai de fer était convoité par toutes les multinationales comme BHP Billiton, VALE, Rio Tinto. Tout le monde avait un projet et était prêt à financer. Alpha Condé a dit que ceux-là sont des corrompus et qu’il veut un partenariat gagnant-gagnant. Il a commencé à modifier le code foncier et à signer des conventions, mais tout ça est devenu du temps perdu”.
Kerfalla Yansané, ministre conseiller à la Présidence
Le premier problème dans la gouvernance minière en Guinée, c’est qu’on négocie sur quelque chose qu’on ne connaît pas, avoue l’ancien ministre des mines et de la géologie. Que cela ne tienne, ” nous avons des codes : celui de 95 qui a été remplacé par celui de 2012. Je pense que le code 1995 n’était pas un mauvais code. Le problème qui se posait, c’est qu’il n’avait pas de textes d’applications. Un code c’est un cadre général, mais il faut donner des détails pour savoir comment il doit être appliqué dans la réalité. Malheureusement, il y avait ce vide. Ce vide a fait que nous avons signé autant des contrats avec des investisseurs, des contrats qui n’obéissaient à des règles normatives qui devaient guider toutes les activités minières”, a réagi au micro d’Afrikipresse, Kerfalla Yansané, ministre conseiller à la Présidence, chargé des questions minières. Sidya Touré, Haut représentant du Chef de l’État, sans se focaliser sur la décision de Rio Tinto, clarifie néanmoins sa position sur l’avenir des mines en Guinée.
Pour l’ancien premier ministre, le vrai problème en Guinée qu’il faut connaître, c’est l’idée de croire que le potentiel minier du pays va ” nous sortir du sous développement sans qu’on ne fasse autre chose”. “Les Guinéens vous renvoient toujours l’image que les mines vont régler la totalité des problèmes. Nous avons un potentiel minier important dans notre sous sol, mais ce n’est pas suffisant pour tirer un maximum de profit et assumer tous les besoins de la population. Il faut que le citoyens comprennent cela”, insiste-t-il.
L’impact de la contribution des mines dans le processus de développement en Guinée étant encore très faible (250 millions de dollars par an), Sidya Touré souhaite qu’on redescende un peu pour se tourner vers d’autres secteurs comme l’agriculture. ” Mon combat aujourd’hui c’est comment régler ce paradigme agriculture-mine”, précise l’ancien PM. En mai 2014, le groupe minier anglo-australien Rio Tinto avait signé un accord avec l’Etat guinéen déterminant les conditions d’un important plan d’infrastructures visant à relancer un projet d’extraction de minerai de fer de 20 milliards de dollars (14,7 milliards d’euros).
Cet accord-cadre pour le projet de Simandou qui ne prévoyait pas de date de démarrage de la production de ces mines du sud-est de la Guinée, n’a toujours pas vu le jour. Le transport du minerai de fer des mines de Simandou jusqu’à la côte atlantique de la Guinée nécessite la construction de 650 km de lignes de chemin de fer, à un prix estimé à 7 milliards de dollars au minimum.
Aliou BM Diallo
Dalein Diallo, Sidya Touré et Kerfalla Yansané réagissent aux turbulences du secteur minier guinéen
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