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    Côte d’Ivoire : quel avenir pour Affi N’Guessan Pascal ? (Présidentielle 31 octobre 2020)

    Côte d’Ivoire : quel avenir pour Affi N’Guessan Pascal ? (Présidentielle 31 octobre 2020)
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La posture de Pascal Affi N’Guessan, toujours à la recherche d’une plus grande légitimité marquée par l’adhésion à sa personne et à sa politique du Président Laurent Gbagbo et de ses adversaires au Fpi qui continuent de le considérer comme étant exclu du parti et infondé à le présider ou à parler au nom du Fpi, n’est pas des plus confortables. Que penser alors de cette posture , au moment où Pascal Affi N’Guessan reste toujours non accepté, malgré tous ses par Laurent Gbagbo et les Gors ?

    Longtemps Pascal Affi N’Guessan a cru que le temps jouait en sa faveur, espérant que tout se passerait bien, et que l’impossible candidature de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020,  pouvait faire de lui le candidat officiel du FPI.

    Pascal Affi N’Guessan, qui n’avait jamais cédé à la tentation du boycott , de la radicalisation ou de l’insurrection populaire depuis 2011, avait eu la ferme intention d’aller aux élections, pensant que le rejet du président Alassane Ouattara devait s’exprimer dans les urnes, et par les autres moyens qu’il a essayé d’implémenter depuis 2013-2014 et à partir de la crise interne au Fpi.

    L’accélération du changement de la tournure des choses, marquée par la disparition brutale d’Amadou Gon Coulibaly et l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara a complètement modifié la donne électorale en Côte d’Ivoire et perturbé les calculs et l’agenda de l’opposition ivoirienne.

    Considérant que la candidature d’Alassane Ouattara était illégitime, et au motif que d’autres  candidats étaient absents de la présidentielle du 31 octobre 2020 , une partie de cette opposition représentée par les Gors, le camp Soro, et les autres , a choisi le boycott, et ensuite  la désobéissance civile, avec le Pdci et le Fpi-Affi menant finalement le même combat que les Gors, sans avoir réalisé entre eux la réconciliation. 

    Toujours désavoué par les GOR, Pascal Affi N’Guessan suit désormais l’ensemble de l’opposition qui campe sur une ligne dure avec des demandes dont on sait qu’elles ne peuvent être acceptées par Alassane Ouattara : report de l’élection présidentielle, dissolution de la CEI, départ d’Alassane Ouattara avec le renoncement de sa candidature , gouvernement de transition.

    Pascal Affi N’Guessan qui a toujours entretenu un dialogue permanent avec le Rhdp, ce que les autres acteurs de l’opposition qui ne comprenaient pas encore le Pdci, avaient toujours refusé, se retrouve aujourd’hui en train de réclamer ce même dialogue qu’il a pourtant rompu lui-même rompu par sa radicalisation nouvelle.

    Il apparaît que Pascal Affi N’Guessan peut être le perdant de la stratégie de la radicalisation suivie par l’opposition.  Sa méthode de la négociation permanente et des petits acquis qu’il a toujours prônée, en lieu et place de la confrontation que voulaient ses camarades de lutte, n’est plus pertinente. 

    Quelle ironie ! 

    Affi N’Guessan n’est plus en mesure de jouer sa partition de dialogue et de médiateur interne , parce qu’il s’est rallié totalement à l’ensemble de l’opposition ivoirienne. 

    Cette situation semble tourner à l’avantage d’Alassane Ouattara qui face aux observateurs nationaux et à la communauté internationale, peut dire : « Voilà qu’Affi lui-même m’attaque, alors qu’on disait qu’il était un opposant manipulé, que je le manipulais ». 

    Cet Affi N’Guessan est devenu si virulent qu’on peut même se demander si ce n’est pas encore le pouvoir Rhdp qui le manipule, pour mieux le faire passer comme étant aussi opposant que Bédié et les autres ! 

    Si tel n’est pas le cas, il est évident que Pascal Affi N’guessan perd une partie de ce qu’il avait patiemment mais difficilement construit depuis plusieurs années, car des observateurs pensent qu’il aurait dû rester lui-même et maintenir sa ligne pour chercher à convaincre autour de sa candidature sous le signe du rassemblement des Ivoiriens pour la réconciliation et  la paix. 

    Entre une alternance par le chaos ou une alternance par les urnes et les élections, Affi N’Guessan semble avoir  fait le choix immédiat du refus du 31 octobre 2020.

    Que gagne-t-il pour le moment , alors que pour  le Rhdp, Affi n’est plus un opposant cohérent, légitime ni crédible ? Certains pensent que le président légal du Fpi s’est mis lui-même hors-jeu. Et s’il est élu, Alassane Ouattara pourrait au plus tôt agir pour faire revenir Laurent Gbagbo au pays, et s’inscrire dans un schéma de réconciliation tout azimut, sans nullement tenir compte de Affi  N’Guessan pour considérer que c’est Laurent Gbagbo seul qui doit être son interlocuteur, s’agissant du Fpi. 

    Dans cette perspective, Pascal Affi N’Guessan pourrait bien disparaître du paysage politique, d’autant plus que pour Laurent Gbagbo et les Gor, il doit tout simplement leur remettre le Fpi et laisser sans conditions la présidence d’un parti qu’il occupe de manière abusive et illégitime. 

    À partir du 1er novembre 2020, si tout se passe bien Kouadio Konan Bertin (Kkb), qui n’a pas fait le pari de la chute du régime Rhdp par la désobéissance civile, pourrait alors devenir le leader officiel de l’opposition, et brandir son score dans les urnes, alors que les autres leaders et partis politiques de l’opposition n’auront aucun baromètre , pour soutenir qu’ils sont la majorité, puisqu’ils n’ont pas participé à l’élection. 

    En choisissant d’aller au combat électoral, KKB pourrait, par-delà les suspicions, les quolibets, au-delà des mépris et des menaces, gagner une place institutionnelle, à même de lui donner plus de visibilité et de légitimité.

    Que restera-t-il du PDCI, si Bédié ne remporte pas le bras de fer engagé avec Ouattara ? Que restera-t-il de Pascal Affi N’Guessan, si Ouattara est réélu ? Combien de temps leur faudra-t-il pour faire rompre le Rhdp et Alassane Ouattara avec une stratégie de boycott déjà en œuvre depuis avril 2011 de la part des Gbagbo ou rien, qui depuis la chute de l’ex président n’ont jamais rien concédé au système Ouattara ? 

    Le temps pourrait ne pas être pas un allié pour le Président du Fpi et le reste de l’opposition ivoirienne, l’un et l’autre risquant de sortir  affaiblis pour de longues années du bras de fer et de  la guerre des nerfs avec les autorités ivoiriennes. 

    Les victoires électorales sont souvent une question de patience et d’une stratégie du long terme. Les postures de dernière minute ne permettent pas de prendre date.

    Charles K

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