Après avoir laissé s’exprimer des éditorialistes, qui ont écrit leurs articles depuis leurs bureaux parisiens sous la dictée des communicants recrutés par l’opposition radicale ivoirienne , Le Figaro comprend-il qu’il a été manipulé ?
Le quotidien, en publiant les deux articles suivants signés par Renaud Girard , est-il en train de corriger le tir, de faire son « mea culpa » : « A M’Batto, la guerre civile n’a pas eu lieu’ » (édition du 17 novembre, p. 14) et « La Côte d’Ivoire repart du bon pied » (Figaro Vox, article posté le 16 novembre).
Quelle est la différence entre les articles de Renaud Girard et les analyses des éditorialistes ? Renaud Girard est l’envoyé spécial du Figaro en Côte d’Ivoire, à M’Batto, il est présent sur le terrain.
Les éditorialistes sont à Paris et ils écrivent depuis leur bureau parisien ce que leur dictent les communicants de l’opposition (Balme, Goetzinger) avec, en arrière-plan, l’idée qu’ils se font d’une Afrique qu’ils perçoivent comme un perpétuel chaos, en particulier un chaos électoral.
J’ouvre une parenthèse pour leur demander comment ils analysent le chaos électoral américain et la menace d’une guerre civile dans la plus grande démocratie du monde, incapable de donner les résultats plusieurs jours après le vote.
Concernant la Côte d’Ivoire, les deux articles de Renaud Girard rétablissent une double vérité que personne ne peut contester : la guerre civile n’a pas eu lieu et les fils du dialogue politique sont renoués.
Envoyé spécial du Figaro à M’Batto, Renaud Girard constate, sur le terrain (j’insiste : SUR LE TERRAIN) que « la guerre civile n’a pas eu lieu ». Il ramène à de plus justes proportions les événements qui s’y sont produits.
Premier constat que fait Renaud Girard : « Le calme est revenu dans cette localité, une semaine après les heurts qui ont suivi le scrutin présidentiel ».
Deuxième constat : sans évacuer la question de l’affrontement ethnique, Renaud Girard écrit : « des voyous en profitent pour s’attaquer et piller des commerces ».
Il ajoute « les plus folles rumeurs commencent à courir. (…) Les nouvelles, exagérées, gagnent tout le territoire ».
Son enquête sur le terrain a permis à Renaud Girard de constater que, à M’Batto, « les gens de toutes les ethnies vivaient en harmonie ».
Il pointe « le rôle néfaste des réseaux sociaux et des fausses rumeurs alarmistes».
Conclusion de l’article : « Cinq jours après le drame, la vie est revenue à la normale à M’Batto. (…) le marché Dioula est bondé, de vendeurs comme d’acheteurs », « À la sous-préfecture, les associations préparent les célébrations de la Journée de la Paix (…) instituée par Félix Houphouët-Boigny ».
Lors de son retour à Abidjan, Renaud Girard constate que « la vie a repris son cours, dans les maquis, comme dans les stations-service de brousse. À Abidjan, en lieu et place des affrontements interethniques de la période 2019-2011, ce sont les encombrements, les chantiers d’infrastructures, la préparation des enfants pour la rentrée scolaire qui rythme la vie de la mégalopole de 7 millions d’habitants ».
On est loin du « chaos ivoirien » qu’avait prédit Patricia Balme, une communicante payée par Guillaume Soro ; on est également loin d’un « pays à feu et à sang » décrit par Yves Thréard.
Dans son article « La Côte d’Ivoire repart du bon pied », Renaud Girard insiste sur la volonté du président Alassane Ouattara de renouer les fils du dialogue politique, afin de lancer la réconciliation nationale.
Le Figaro revient-il à l’essence même du journalisme : l’objectivité ?
Charles Linari