Quels sont les enjeux politiques, économiques et géostratégiques de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, Can de l’hospitalité, qui a lieu en Côte d’Ivoire ?
Entre politique, économie, et géostratégie, Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur énergéticien, MBA, DESS in business administration, fait ressortir ce qui constitue pour lui, les enjeux de la Can 2023 de l’hospitalité en Côte d’Ivoire, du 13 janvier 2024 au 11 février 2024.
1- La dimension géopolitique.
À moins de 10 jours de la fin de la compétition, la CAN 2023 de l’hospitalité tient son pari. Souhaitée par le président de la République Alassane Ouattara de faire d’elle la plus grande réussite de son histoire, l’animation autour de cet objectif se découvre à travers un voyage à multiple enjeux à la fois sportif, politique, économique, et géopolitique.
La dimension géopolitique qui a pris forme depuis le début de la compétition, a permis particulièrement l’émergence d’un raffermissement des relations entre peuples ivoiriens et marocains, un fait que l’on ne pouvait prédire ex ante, et par ailleurs, a favorisé dans un contexte tendu politiquement avec le Mali, une rencontre qu’il faudra gérer sportivement au cours du match de football qui l’opposera à la Côte d’Ivoire.
Cette rencontre avec le Mali se joue dans un contexte particulier, derrière lequel se cache un chemin à deux teintes idéologiques.
Pendant que la Côte d’Ivoire propose à ses hôtes un pays en bonne santé, qui est en quête d’amélioration de son rayonnement, de son image, de la visibilité mondiale, le Mali nous y rejoint avec l’effet du triste constat des relations, qu’il entretient volontairement la dégradation.
Précisément, en tant qu’acteur central dans une association au choix politique controversé , qui tend à la balkanisation géographique, à la réclusion économique, à la défiance, s’oppose à l’idée du sport comme facteur de rapprochement des peuples et d’influence socio-économique.
Ne faut-il pas appréhender que cela ne se manifeste en tension entre supporters, après une victoire de l’un ou l’autre pour anticiper une source de crise qui, viendrait entacher les efforts consentis pour dorer l’image de cette CAN ?
2- Les dimensions économiques et touristiques.
Du point de vue politique, le tweet du président de la République Alassane Ouattara « Côte d’Ivoire venez voir », est une incitation à venir constater les dynamiques de transformation du pays, et de rassurer les partenaires bilatéraux et multilatéraux sur la marche de progrès que, le pays a amorcé sous son leadership.
Du point de vue économique, c’est à grand renfort de solidarité et d’effort financier que, la somme de 1000 milliards de FCFA a été investie en infrastructures, en sécurité, et en services d’accompagnement pour permettre cette bonne organisation jusqu’à présent sans retouche majeure.
Grace à la visibilité construite par la bonne organisation de cette CAN, la Côte d’Ivoire surf selon des experts, sur la diplomatie du ballon rond pour tenter de lever 2,5 milliards d’eurobond, une première pour un pays africain après le Covid 19.
Du point de vue tourisme , le président de la République a souhaité que, la Côte d’Ivoire soit un des 5 pays les plus visités d’Afrique, c’est également un pari tenu puisque, ce sont 5000 journalistes en couverture des matchs qui, sont autant de vitrine pour vendre la destination Côte d’Ivoire dans plusieurs langues à travers le monde.
3- La géostratégie et la gestion des infrastructures.
La CAN est aussi un levier d’influence et de puissance médiatique, diplomatique dont on a vu la présence du secrétaire d’Etat Américain au stade olympique Alassane Ouattara.
La clé ici est d’amener un partenaire précieux à partager des émotions, à l’amener à soutenir, à reconnaître, et à encourager les efforts de positionnement géostratégique de notre pays comme, un interlocuteur sérieux sur lequel l’on peut compter dans une sous région turbulente .
Cependant, cette CAN ne devra pas être une finalité mais, une occasion de bâtir une véritable politique nationale de développement du sport en Côte d’Ivoire.
Pour cela, les états généraux du sport doivent être organisés pour définir les orientations, la planification, la pratique des activités, le suivi et l’évaluation des actions à mener.
En réponse à la question sur la gestion des infrastructures sportives, la Côte d’Ivoire doit chercher à bâtir des modèles économiques avec des organisations spécialisées dans la gestion des infrastructures sportives pour que, soient pérennisés ses investissements, en continuant le momentum du grand bâtisseur de notre histoire contemporaine.
Le succès de l’organisation de cette CAN, est la victoire des ivoiriens, des participants qui ont joué le jeu.
Ce succès surtout procède de la confiance du pays en ses capacités, et du rejet des doutes sur ses aptitudes à tirer avantage de toutes les situations.
Tout comme nous pouvons être fiers à ce stade de la compétition, d’avoir battu le record de mobilisation dans les stades.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA
Ingénieur énergéticien, MBA, DESS in business administration.
