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Côte d’Ivoire , Sassandra : le sénateur Jean-Baptiste Pany répond au vaincu Gil Gnapi

Côte d’Ivoire , Sassandra : le sénateur Jean-Baptiste Pany répond au vaincu Gil Gnapi
Publié le
Par
Charles Kouassi
Lecture 9 minutes

Banquier de profession, Jean-Baptiste Pany est l’un des nouveaux sénateurs de la région du Gbôklê (Sassandra, 250 kilomètres au sud d’Abidjan). Militant du Rdr (Rassemblement des républicains), l’homme est allé à ses élections en tant que candidat indépendant, tête de liste. Dans cet entretien, il répond à un de ses adversaires Gil Gnapi dont l’interview est parue dimanche 25 mars 2018 dans nos colonnes.

Vous venez d’être élu sénateur pour la région du Gbôklê. Quel sentiment ?

Naturellement, un sentiment de joie. Mais surtout, un sentiment de grande responsabilité. Vous étiez dans la région. Vous avez été témoin de la joie que mon élection a suscitée chez les populations. Cela montre bien l’ampleur des attentes des uns et des autres. Et cela contribue a augmenter la pression que nous pouvons avoir sur les épaules. La région est grande, et beaucoup de personne fondent un tel espoir en nous que j’espère pouvoir supporter.

Votre adversaire dit avoir perdu les élections parce que son camp aurait été miné par un Juda, une taupe. Serait-ce vous qui avez manipulé quelqu’un dans son camp ?

Il peut dire ce qu’il veut, mais les électeurs ne sont pas dupes. Je ne pense pas que quelqu’un puisse voter dans un sens autre que son choix initial parce qu’il y a une taupe quelque part. Quand j’ai lu son interview, j’ai trouvé que c’est assez grave ce qu’il dit. Nous avons même appris que quelqu’un dans son camp a effectivement été tabassé presqu’à mort. Il s’agirait de son directeur de campagne, selon ce que j’ai appris.

 

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L’ancien député de Fresco, Zadi Doméné Daniel ….?

Oui, c’est ce que j’ai appris. Si Gil Gnapi dit qu’il a perdu les élections 2 heures avant le vote parce que cette personne aurait été découverte, je me pose la question de savoir qu’est-ce qu’il entendait faire 2 heures avant le vote étant entendu que la campagne était terminée depuis 24 heures. Parler de stratégie électorale 2 heures avant le vote, je m’interroge.

Vous êtes un militant du RDR (Rassemblement des républicains). Le parti choisit un candidat et vous, vous décidez de partir en tant qu’indépendant. Pourquoi ?

En réalité, cette candidature qui a été présentée comme une candidature, non pas du Rdr, mais du Rhdp, n’est pas le choix du Rdr. Il en est de même pour celui qui a été son colistier présenté comme le choix du Pdci. Je n’ai rien contre Gil Gnapi. C’est un ami. J’ai d’ailleurs participé modestement au financement de sa campagne lorsqu’il est devenu député en 2011. Gil Gnapi n’a pas été choisi par les militants du Rdr de la région du Gbôklê. De même que Yvan Kragbé n’a pas été choisi par les militants du Pdci. On peut me dire qu’on n’a pas eu le temps de faire des primaires. Mais, cela ne nous dispense pas du devoir de faire des consultations. Les cadres des différents partis dans la région n’ont jamais été consultés. Les élus des partis politiques dans la région n’ont pas été consultés. Je les ai tous interrogés, ils n’ont jamais été consultés, à part les deux (Fregbo Basile et Légré Philippe) qui les ont choisis. Ces deux candidats ont été choisis par seulement deux messieurs, Fregbo Basile et Philippe Légré. En réalité, ces derniers ont piégé les partis politiques qui ont validé ces choix-là. Le résultat est là ; on les a battus avec 60% de voix. On aurait pu avoir 70% des voix s’ils n’avaient pas, par les manigances auxquelles monsieur Gnapi fait allusion 2 heures avant le vote, fait en sorte qu’on nous invalide 4 bulletins.

 

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Vous êtes en train de dire que, si vous êtes allé en indépendant, c’est parce que votre parti a choisi un candidat sans tenir compte des aspirations des militants sur le terrain….

Ce n’est pas seulement ça qui a pu motiver mon choix. Mon choix, il était déjà fait. C’est une candidature suscitée. Et je vais vous dire pourquoi et comment. Vous savez, le conseil municipal de Sassandra, j’ai contribué à le mettre en place. Ce sont les mêmes conseillers municipaux qui sont venus me trouver ici à Abidjan, le 2 mars 2018 pour me dire de me porter candidat sur la base de ce qu’ils me connaissent et connaissent mes compétences. Je me suis inquiété du fait qu’ils n’étaient que 29 conseillers sur 87 personnes qui devaient prendre part au vote des sénateurs. Ils m’ont répondu que la même démarche avait été effectuée à Fresco (la deuxième ville de la région, ndlr), autour d’une dame qui est devenue ma colistière. J’ai alors consulté l’ensemble des cadres de la région. Ils m’ont dit la même chose. Dans cette posture, forcément, vous comprenez que c’est beaucoup d’espoir que l’on fonde sur vous.

A vous entendre, pour choisir les candidats, il faut aller au-delà des partis politiques…

Ce n’est même pas moi qui le dit. C’est la Constitution qui le dit lorsqu’il y est écrit que les sénateurs sont les représentants des collectivités territoriales. La Constitution n’a jamais dit que les sénateurs sont les représentants des partis politiques. Il faut faire la nuance. Nous sommes-là dans un cadre purement de développement local. À partir de cet instant, n’importe qui peut être candidat pourvu qu’il en ait les compétences. Il n’y a pas que les partis politiques qui peuvent choisir des candidats.

 

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Est-ce à dire que votre victoire, vous ne la reverserez pas au Rdr, ni au Rhdp ?

Je n’ai jamais dit cela. Je suis militant d’un parti politique. Jusqu’à présent, je n’ai pas rendu ma démission de ce parti politique. Le parti  ne m’a pas encore exclu. Je retiens que je n’étais pas le candidat de ce parti politique parce que ce parti n’a pas voulu de ma candidature. Après, je reste parfaitement ouvert. Laissez-moi redescendre de mes émotions, on parlera par la suite. Mais, je n’ai jamais dit que je rendrai ou pas ma victoire.

Monsieur Gil Gnapi dit que vous vous en servirai comme un moyen de chantage sur le pouvoir…

Il peut dire ce qu’il veut. C’est son problème. Moi, je ne ferai chanter personne. La seule chose pour laquelle je chanterai, ce sera pour que l’investissement public soit suffisant chez nous. Je chanterai pour que nos populations aient les routes et les infrastructures qu’il faut. Mais, chanter pour obtenir des avantages personnels, ce n’est pas cela qui m’a conduit en politique. C’est difficile à dire quelquefois. Mais, comprenez que nous sommes une région essentiellement agricole qui a un apport important au Pib de notre pays. Tout le cacao qui transite par le port de San Pedro vient du Gbôklê. Mais, les investissements publics actuels dans la région ne valent même pas 5% de ce qu’elle produit. Il faut le dire suffisamment pour que les décideurs comprennent que l’une des mamelles de notre pays, c’est notre région. Et qu’il faut y investir suffisamment. Nos dirigeants ont besoin d’être éclairés par nos porte-paroles.

 

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Les porte-paroles, vous en avez beaucoup dans la région. Deux maires, deux députés et un président du conseil régional. Pensez-vous qu’ils ne font pas suffisamment le job ?

Je ne le dirai pas ainsi vu que parmi eux, certains essaient de faire ce qu’ils peuvent. Le maire Abenou réussit tant bien que mal à Sassandra. Il en est de même pour le maire Logbognon à Fresco, quoiqu’on dise. Le député de Sago-Dakpadou, le jeune Kébé Mahamadou, je le découvre, mais, j’ai eu des échos qu’il se bat bien pour la région. Les deux autres par contre (le député Fregbo Basile et le président du Conseil, Philippe Légré) je me pose beaucoup de questions. Je ne le cache pas. C’est l’une des raisons de ma révolte. Tenez-vous bien, le gouvernement ivoirien décide de donner à la région un collège de proximité conformément au programme du président de la République. Ce collège, on a décidé de le construire à Dassioko, village du ministre Légré. Je n’ai rien contre lui, ni contre ce village qui est celui de ma femme. Mais, les critères qui ont permis qu’on y envoie le collège ne sont pas objectifs. D’abord Dassioko est à 15 minutes de Fresco, et la route y est relativement bonne. Ce village fait environ 6 000 âmes selon le dernier recensement avec seulement 6 villages alentours. Or, lorsque vous prenez une sous-préfecture comme celle de Sago, vous avez plus de 30 000 âmes. Et le collège le plus proche est à Sassandra, à plus de 60 kilomètres où il faut mettre plus de 4 heures à cause de l’état de la route. C’est pareil pour Gbagbam par rapport à Fresco. De vous à moi, s’il y a un collège à construire, c’est dans ces zones-là qu’il faut le construire. Lorsqu’un leader politique fait un choix autre, je me pose des questions. Deuxième chose, lorsqu’il faut choisir quelqu’un pour représenter notre région en tant que sénateur, on aurait dû choisir quelqu’un qui représente effectivement la région. Mais, lorsqu’on choisit quelqu’un comme Gil Gnapi, c’est le piéger lui-même et dresser les populations de Sago-Dakpadou contre lui et contre les autres populations. Puisqu’en effet, Gil Gnapi a participé aux élections pour le même parlement lors de la députation. Il a perdu face à Kébé Mahamadou. Donc les populations de Sago-Dakpadou n’ont pas voulu en faire un parlementaire. Et nous, dans nos petits salons, on décide d’en faire un parlementaire. C’est une insulte au vote des populations. C’est pour cela qu’il faut consulter avant certaines décisions.

Entretien réalisé par Chris Monsékéla

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Mots clés :Côte d'IvoireJeanBaptiste PanySassandrasénatoriales 2018


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