L’annonce d’Odienné consistant à l’augmentation du prix de l’électricité à partir du 1er Juin 2015 fait de fortes vagues dans les foyers en Côte d’Ivoire et sur les réseaux sociaux.
Très peu de personnes montent au créneau pour défendre le gouvernement sur la question. Des activistes pro-Ouattara bien connus sur les réseaux sociaux ont rejoint le camp de la contestation à cette décision.
Depuis des question solides et en béton se posent ça et là.
« Pourquoi il n’y a pas eu de préavis? Ce n’est pas parce qu’il s’agit du gouvernement, ni d’un monopole que nous allons être prévenus seulement dix jours avant. Ce sont des foutaises ! On devait nous prévenir trois mois avant comme dans tout contrat commercial, ou d’affaires. On ne peut pas nous imposer comme ça une décision », s’insurge Kouakou Marcel, un usager de la CIE qui pointe les problèmes d’accès à l’électricité qui existent déjà , les coupures intempestives et les nombreuses taxes qui existent sur la facture d’électricité.
D’autres usagers et consommateurs se demandent si cette décision ne sera du pain béni pour la Cnc et le changement qu’elle a promis.
Estimant que l’opposition ivoirienne , en dehors du rejet du président Ouattara et du slogan de la libération de Laurent Gbagbo, n’avait pas encore proposé un programme alternatif concret, les tenants de cette grille de lecture estiment que la décision du gouvernement ivoirien donnera du grain à mordre aux opposants.
Dans cette veine de l’opportunité de la décision , cette autre question est posée sur les réseaux sociaux et dans les foyers : « quelle idée, le président ne pouvait-il pas attendre jusqu’à Octobre 2015, l’après élection ? Cela prouve-t-il qu’il est si sûr de gagner au point qu’il ne tient même pas compte des conséquences de ce type de mesures impopulaires, même si c’est économiquement et techniquement nécessaire? Si le pays avait encore attendu cinq mois, aurions-nous été en cessation de paiement ? C’est pour combien de milliards pdf plus ar mois, le gouvernement prend le risque de se mettre à dos, même ses propres partisans? ».
Des questions en béton qui en appellent d’autres : « la colère peut-elle s’organiser et dépasser la cadre des salons feutrés et des réseaux sociaux? La mobilisation citoyenne virtuelle qui se fait, la révolte sociale qui est rêvée peuvent-elles devenir réelles et réalité ? Les associations de consommateurs ont-elles été informées et consultées. Comment vont elles réagir? ».
À défaut de vrais dossiers et des preuves en béton annoncées dans les affaires passées , voici là de vraies questions en béton pour le gouvernement ivoirien qui doit trouver une pédagogie, une formule de communication sociale pour faire avaler la pilule de cet appel du Kabadougou .
En attendant cette explication d’une tête forte du pouvoir est déjà à retenir : « Le président Ouattara n’est pas un démagogue. Il sait bien qu’il y’a une élection dans quelques mois. S’il a autorisé cette décision, c’est bien la preuve qu’il n’est pas un populiste, et qu’il prend le risque de mécontenter parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Vous voulez par exemple qu’il mente, et que s’il est réélu, l’augmentation qui devait avoir lieu maintenant, soit doublée. Nous allons expliquer et les Ivoiriens comprendront, mais en tout état de cause, nous tiendrons compte des réactions ».
Du bon sens à encourager ! Dans tous les cas même si la révolte sociale rêvée par certains n’a pas lieu et n’est pas possible dans la rue, elle pourrait quand même s’exprimer dans les urnes.
C’est l’épouse de Thomas Sankara qui a trouvé le mot juste en parlant d’insurrection électorale, ou insurrection dans les urnes, en vue de capitaliser l’insurrection populaire dans la rue, dont les acquis et la légitimité peuvent rester mitigés et sujets à caution.
Charles Kouassi