La pierre du « plus important projet jamais réalisé en terre ivoirienne », a été posée le 30 novembre dernier par Emmanuel Macron en personne. Le très attendu métro d’Abidjan — qui devrait améliorer le quotidien de millions d’Ivoiriens — est en route. Fruit d’une collaboration inédite entre l’Hexagone et la Côte d’Ivoire, la construction de la première ligne de métro ivoirienne offre de belles perspectives économiques à la population.
C’est l’un des plus importants projets d’infrastructure jamais prévus en Côte d’Ivoire. Le métro de surface — ou « train urbain » — d’Abidjan doit relier les portes de l’aéroport à la commune d’Anyama située à quelque 10 km au nord de la capitale. Sur son trajet — qui comportera pas moins de 20 stations —, le métro traversera les quartiers d’Abobo, Adjamé, Treichville et Port-Bouët ainsi que le centre administratif et économique du Plateau, le tout sur une distance de 37,5 km.
Permettre le passage de ce nouveau mode de transport implique d’importants travaux parmi lesquels, 21 ponts rail-route, un pont viaduc qui traversera la lagune Ebrie et 40 passerelles piétonnes.
Le fameux métro, qui devra permettre de transporter « 530 000 personnes par jour, 180 millions de voyageurs par an entre le Nord et le sud d’Abidjan » selon le président ivoirien, Alassane Ouattara, doit permettre de « décongestionner » la capitale et offrir à ses voyageurs la possibilité de rallier les deux extrémités du trajet en 50 minutes seulement. Un véritable exploit : aujourd’hui, en raison des embouteillages fréquents, ce trajet peut prendre jusqu’à plusieurs heures.
D’un coût de 1,4 milliard d’euros — environ 918 milliards de FCFA —, la construction du métro d’Abidjan sera financée à 100 % par la France. Jeudi 30 novembre, Emmanuel Macron, en compagnie d’Alassane Ouattara, a d’ailleurs personnellement posé la première pierre de ce train urbain.
« La France vous a proposé une offre de financement sans précédent de 1,4 milliard d’euros. Jamais une telle offre n’a été proposée au démarrage des travaux d’un train urbain », a déclaré le chef de l’Etat français, pour qui cet appui est le signe de la « confiance » qui lie les deux nations.
Une idée vieille de 40 ans
Également présent lors du lancement des travaux, le ministre ivoirien des Transports n’a pas caché son enthousiasme. « Nous sommes à la fois heureux et fiers d’être aujourd’hui des témoins privilégiés du lancement des travaux de réalisation de la ligne 1 du métro d’Abidjan », a déclaré Amadou Koné.
Selon le média français, La Tribune, « les travaux mobiliseront environ 2 000 travailleurs », ce qui ne manquera pas de dynamiser l’économie locale. Et à terme, c’est celle du pays tout entier qui bénéficiera de la mise en place de cette première ligne de métro : « la capitale ivoirienne fait face à des embouteillages tous les jours surtout aux heures de pointe. Ceux-ci bloquent les axes principaux et occasionnent des pertes de temps et influent ainsi négativement sur les activités économiques », poursuit le quotidien français.
Par ce projet, Alassane Ouattara réalise une idée vieille de 40 ans, portée à l’époque par le très célèbre Félix Houphouët-Boigny « qui projetait dans son plan de développement des transports et de la ville d’Abidjan, un métro, pour… 1990 ». 27 ans plus tard, la première pierre de ce nouveau mode de transport est enfin posée.
Abidjan-Paris, des relations au beau fixe
L’accord avec Paris a été noué lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans la capitale ivoirienne en octobre dernier — peu après que les groupes sud-coréens Hyundai Rotem et Dongsan se soient avérés incapables de trouver les financements suffisants pour la réalisation de ce projet.
La France a alors accepté de financer le métro d’Abidjan dans le cadre d’une enveloppe plus large de 2 milliards d’euros comprenant plusieurs autres projets. Les groupes coréens ayant été écartés, les travaux seront exécutés par un consortium comprenant les entreprises françaises Bouygues Travaux publics, Alstom et Colas Rail.
La Côte d’Ivoire est « un partenaire de tout premier plan pour la France », un partenaire « qui prend toutes ses responsabilités pour le continent africain », a souligné Emmanuel Macron lors de son déplacement à Abidjan. Les projets de coopération entre les deux pays traduisent ainsi la volonté des deux dirigeants de construire les bases d’un partenariat solide, équilibré et bénéfique pour les deux nations. Un partenariat gagnant — gagnant qui tombe à pic pour la France qui voit depuis plusieurs années déjà son influence décliner sur le continent, au profit de la Chine notamment.
Idriss Aya