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    COP 29 : Pourquoi les pays africains doivent remettre en cause l’accord climatique de Bakou (Contribution-Philippe Kouhon)

    COP 29 : Pourquoi les pays africains doivent remettre en cause l’accord climatique de Bakou (Contribution-Philippe Kouhon)
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    Philippe Kouhon
    Lecture 3 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Adopté lors de la COP 29, l’accord climatique de Bakou, qui engage 1,3 mille milliards de dollars par an pour soutenir la transition énergétique dans les pays en développement, suscite de vives critiques. Pour les pays africains, cet accord pourrait constituer plus une menace qu’une solution. Voici pourquoi il est impératif de le reconsidérer.

    L’accord de la COP 29 repose essentiellement sur des sources de financement incertaines. Sur les 1,3 mille milliards de dollars promis, seuls 300 milliards proviendraient directement des pays développés. Le reste, soit 77%, devrait être levé par des investisseurs privés et des taxes sur les combustibles fossiles. Ce modèle financier expose les pays en développement à une instabilité économique, car les capitaux privés pourraient ne jamais être mobilisés à la hauteur des ambitions affichées.

    En acceptant de tels termes, les nations africaines risquent de se retrouver sans les fonds nécessaires pour entreprendre une transition énergétique efficace, aggravant ainsi leur dépendance aux énergies fossiles et leur vulnérabilité aux effets du changement climatique.

    Un piège de la dette pour les économies fragiles

    L’intégration de prêts dans les financements proposés constitue une menace directe pour les économies des pays africains. Déjà fortement endettées, ces nations pourraient être entraînées dans une spirale d’endettement, rendant impossible le financement de secteurs clés comme l’éducation, la santé ou l’agriculture. Cet accord, sous couvert d’aide, pourrait ainsi freiner leur développement à long terme.

    Une demande hypocrite d’abandon des combustibles fossiles

    L’accord impose aux pays en développement de renoncer aux combustibles fossiles, alors que les pays industrialisés se sont enrichis grâce à ces ressources pendant des décennies. Pour des pays riches en hydrocarbures comme le Nigeria ou l’Angola, cette exigence pourrait signifier une perte de revenus cruciale pour leurs économies. Cela met en lumière une inégalité flagrante dans les responsabilités climatiques, où les nations ayant le plus contribué au réchauffement climatique dictent des règles inadaptées aux réalités africaines.

    Un coup porté à l’équité climatique

    En limitant leur contribution financière réelle et en transférant les responsabilités aux investisseurs privés, les pays riches se dérobent à leur devoir moral et historique de financer pleinement la transition énergétique mondiale. L’activiste brésilien Claudio Angelo résume bien la situation : « Les pays riches obligent les nations en développement à accepter un accord qui ne représente pas de véritables nouveaux fonds, mais qui risque également d’aggraver leur dette. »

    Une transition énergétique au détriment du développement

    En demandant une transition énergétique rapide sans garantir un accès abordable et fiable à des alternatives, l’accord pourrait ralentir l’industrialisation des pays africains et aggraver la pauvreté énergétique. Cette situation pourrait également freiner leur croissance économique, compromettant leur capacité à atteindre les Objectifs de Développement Durable.

    Pourquoi l’Afrique doit résister ?

    Les pays africains doivent s’unir pour exiger :

    • Des financements sous forme de subventions, non de prêts conditionnés.
    • La liberté de choisir un mix énergétique adapté à leurs contextes nationaux.
    • Une reconnaissance claire de la responsabilité historique des pays développés, avec des engagements financiers plus robustes.

    En définitive, cet accord, bien qu’ambitieux en surface, dissimule des pièges qui pourraient aggraver les inégalités climatiques et économiques. Pour l’Afrique, il est impératif de rejeter un cadre qui, au lieu de les libérer, pourrait les enfermer dans une dépendance et un sous-développement prolongé.

    Philippe Kouhon

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