La République du Congo n’a cessé de renforcer son influence diplomatique ces dernières années, en multipliant les accords mixtes de coopération avec des Etats d’Afrique et d’ailleurs. Dernière rencontre en date, celle avec la délégation kenyane le 6 juillet dernier.
Deux ministres à la manœuvre
Aux termes de l’accord-cadre de coopération signé entre la République du Congo et le Kenya en 2018, une grande commission mixte a finalement été organisée début juillet 2023, pour concrétiser ce partenariat. Première étape de cette commission, une session ministérielle s’est d’abord tenue jeudi 6 juillet à Brazzaville entre le ministre des Affaires étrangères et de la Diaspora du Kenya, Alfred Mutua, et le ministre congolais de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou N’Guesso.
Les deux hommes ont profité de l’occasion pour rappeler l’importance d’entretenir des relations gagnant-gagnant avec d’autre Etats africains, et insisté sur la pertinence de leur partenariat. Pour le Kenya, grande puissance agricole, la République du Congo, qui dispose de grandes zones de terre arable non exploitées, présente d’importantes opportunités d’investissement. Et Brazzaville, dont une grande partie du territoire est couverte de forêts tropicales, a beaucoup à apporter à son voisin en termes d’exploitation et de conservation des forêts.
« Le Kenya veut travailler dans le secteur agricole dans ce pays. Vous avez l’une des plus grandes terres arables du monde. Les enseignants français congolais peuvent venir pour enseigner nos enfants et ceux du Kenya, venir au Congo pour enseigner l’anglais », a fait savoir Mutua. Son homologue congolais, Denis Christel Sassou N’Guesso a, lui, insisté sur l’importance d’accélérer la coopération.
« Le bilan de cette coopération est timide et nous prenons l’engagement aujourd’hui de faire davantage. Car, nos deux pays disposent des atouts et des potentialités nécessaires pour le développement économique et social », a déclaré le ministre.
Et preuve de cet engagement, messieurs Sassou N’Guesso et Mutua ont conclu dix-huit accords multisectoriels lors de leur réunion, dont cinq ont été signés par eux-mêmes, et treize devaient être paraphés par leurs présidents respectifs. « La pire des choses serait de nous retrouver dans un an ou deux ans et de constater que ces signatures ne se soient concrétisées en aucun projet de développement entre nos deux pays », a déclaré le ministre congolais à l’issue de la rencontre.
Les présidents ferment le bal
Le président kenyan William Ruto s’est rendu en République du Congo vendredi 7 juillet pour rencontrer son homologue Denis Sassoun N’Guesso, au lendemain de la session ministérielle. Les deux dirigeants ont entamé cette visite par la signature du reste des accords, rendant ainsi applicables les dix-huit instruments juridiques préparés par leurs ministres ; quatorze mémorandums d’entente et quatre protocoles d’accords, correspondants à des secteurs aussi variés que le tourisme, la gestion durable des forêts, les visas, la communication et les médias, ou encore l’industrie minière.
Ces accords « concrétisent la volonté politique que le président Ruto et moi-même avions déjà exprimée. Nous avons la ferme volonté de développer tous les domaines de la coopération entre nos deux pays. Nous avons réaffirmé, au cours du tête-à-tête, une ferme volonté. Ces accords que nous venons de signer ne seront pas des documents de tiroir, ils doivent être exécutés et nous allons suivre leur exécution », a déclaré le chef de l’Etat congolais en conférence de presse.
À l’issue de ces négociations, Denis Sassoun N’Guesso a permis à son homologue kényan de prendre la parole devant le parlement congolais réuni en congrès. Au cours de ce discours, Ruto a abordé notamment les questions de l’intégration à l’échelle du continent, du changement climatique et de la libre circulation des personnes et des biens, et surtout insisté sur l’importance (et l’urgence) de leur alliance. Les deux dirigeants se sont ensuite rendus à Oyo, dans le département de la Cuvette, où le président congolais a présenté à son homologue les unités de production agropastorales (bœufs, autruches, …) dont dispose son pays.
Le président kényan a félicité son hôte pour ces structures, et l’a assuré du soutien de son pays pour développer l’agriculture congolaise. En retour, William Ruto a demandé l’aide de la République du Congo pour faire face au réchauffement climatique. « Nous subissons les effets des changements climatiques, il faudrait que nous puissions nous engager dans le planting des arbres et la protection de l’environnement », a insisté le président en conférence de presse.
Une visite de trois jours bien remplis, donc, dont le président kényan s’est dit très satisfait. Et Denis Sassou N’Guesso devrait lui rendre la politesse du déplacement dans les semaines à venir.
