Une importante délégation ivoirienne conduite par les ministres Adama Koné, de l’économie et des finances et Sidiki Diakité, de l’intérieur et de la sécurité prend part actuellement au siège de l’OCDE à Paris à la conférence de lutte contre le financement du terrorisme à Paris
Invité à prendre la parole lors du panel 2 de la première table ronde animée par le ministre français de l’intérieur, Gérard Collomb, sur le thème de la coopération juridique, opérationnelle et technique pour lutter contre le financement du terrorisme, le ministre Sidiki Diakité a rappelé le triste évènement du 13 mars 2016 (attentat de Grand Bassam) avant de partager l’expertise de la Côte d’Ivoire en matière de lutte contre le phénomène.
« Si la Côte d’Ivoire n’a pas été encore aux prises avec des organisations comme Daech et Al Qaïda et donc n’a pas d’expérience avérée dans ce genre de contentieux pénal, il n’en demeure pas moins qu’au plan opérationnel, la coopération entre ses propres unités de renseignement et d’enquête donne de très bon résultats. Il en a été ainsi lors des attentats terroristes dont elle a été victime le 13 mars 2016 à Grand Bassam. Aussi la synergie des actions des services nationaux et internationaux a permis d’interpeler tous les intervenants à l’exception du cerveau. Un certain Kunta Dalla » a introduit le chef de la sécurité ivoirienne. Mais face au défi global de la lutte contre le financement du terrorisme, la Côte d’Ivoire s’est déjà prémunie de textes juridiques afin de traquer tous les éventuels contrevenants. C’est le cas de la loi numéro 2016-992 du 14 novembre 2016 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme qui se conforme à toutes les recommandations internationales en là matières.
Cette loi selon le ministre Diakité Sidiki, incrimine directement le fait de financer une action dans un but terroriste. « Au plan national, la cellule de renseignement financier (Centif) s’appuie sur des correspondants choisis au sein des services d’enquête judiciaire ( police…). Au plan intra-communautaire, la Centif et ses homologues de l’uemoa sont constituées en réseau des cellules de renseignement financier (CRF). Et au plan international, Elle signe des accords de coopération avec plusieurs autre CRF (France, Ghana, Maroc,Nigeria…) » a-t-il ajouté.
Aussi, vu la vulnérabilité du pays et la méconnaissance de tous les nouveaux outils utilisés par les réseaux terroristes, la Côte d’Ivoire par la voix de son ministre de l’intérieur et de la sécurité, ambitionne de disposer d’un grand service d’enquête judiciaire spécialisé et professionnalisé dans le financement du terrorisme. « Cette structure, qui préexiste déjà au sein de la DPEF, pourrait être accompagnée en termes de formation et de partage d’expérience. Les OPJ qui y sont affectés pourraient bénéficier du soutien de partenaires bilatéraux et multilatéraux, je pense notamment à Europol, Interpol et d’autres institutions ayant la même vocation. Ce service est déjà performant pour les enquêtes patrimoniales et la lutte contre le blanchiment. Il nous faut également réfléchir à une meilleure traçabilité des flux financiers. Notamment en surveillant de plus près un certain nombre de phénomènes dont le système dit du Hawalla. Pour ne citer que le plus emblématique » a-t-il conclu.
Philippe Kouhon