La santé est un aspect essentiel pour la vie de l’Homme. À l’hôpital régional de Labé en Moyenne-Guinée, bien que des difficultés persistent, les responsables de l’établissement public appuyés par les autorités du secteur font ce qu’ils peuvent pour redonner espoir aux milliers des patients qui y transitent. Pour en parler, Afrikipresse a interrogé le Directeur Général de l’hôpital régional de Labé, le Dr Sall Ataoulaye. Interview !
AFRIKIPRESSE : Comment se présente l’hôpital régional de Labé ?
Dr Sall Ataoulaye : L’hôpital de Labé est un hôpital régional de référence et de qualité. C’est un hôpital de référence pour l’ensemble des structures et services sanitaires public et privé qui évoluent dans la région administrative de Labé. Cette région compte 4 préfectures plus celle de Labé. Au niveau de chacune de ses préfectures il y a ce qu’on appelle hôpital de district ou un hôpital préfectoral, et autour de cet hôpital il y a un ensemble des centres de santé. Le système est fait qu’au niveau du centre de santé, c’est là que le citoyen entre en contact avec le système de santé. Il est pris en charge et s’il y a des problèmes sérieux, il est référencé à l’hôpital préfectoral. Les cas qui ne sont pas gérés au niveau des hôpitaux préfectoraux sont déférés au niveau de l’hôpital régional de Labé.
Il faut préciser que les rayons d’attractions de l’hôpital régional sont bien au delà en ce sens il nous arrive à avoir des clients qui nous viennent d’autres régions notamment la région de Mamou, Pita, Dalaba, et d’autres qui viennent de la région de Boké notamment Koundara et Gaoual. C’est donc un hôpital de deuxième niveau. Après les hôpitaux nationaux viennent directement les hôpitaux régionaux, selon la pyramide sanitaire nationale.
Quel est le nombre du personnel qui travaille actuellement dans cet établissement hospitalier ?
Au niveau de l’hôpital régional de Labé tout réuni, on a 64 agents travailleurs. C’est ceux qui relèvent de la fonction publique. Parmi eux, vous avez des médecins, des pharmaciens, des biologistes, des paramédicaux, des infirmiers, des sages femmes, des techniciens de laboratoire, etc. En plus de ces personnes on a un personnel de nettoyage une trentaine à peu près. Ce qui avoisine les 90 personnes que nous avons ici.
Quel est l’état des infrastructures ? Avez-vous tout le matériel nécessaire pour le travail sur place ?
C’est difficile de le dire. Sur le plan de l’infrastructure, il faut dire que l’hôpital de Labe a été construit il y a très longtemps. Ce qui a été construit en première position c’était un poste de santé. Ce poste de santé a été réalisé en 1906 donc au temps colonial. C’est ce poste de santé qui a évolué avec le temps pour devenir aujourd’hui ce que nous appelons hôpital régional de Labé. Il faut dire qu’il y a près de 30 ans l’hôpital n’a pas connu de rénovation à proprement parler, or la population n’a fait qu’augmenter d’année en année. Ce qui fait qu’aujourd’hui il est devenu étroit, petit par rapport à la population sensée l’utiliser. Mais que cela ne tienne, nous essayons de faire le maximum de nous mêmes ; et nous arrivons quand même à des résultats qui sont forts appréciables.
Quels sont les services dont dispose l’hôpital ?
À l’intérieur, nous avons des services comme la maternité, la chirurgie, la médecine légale, bref les services qu’on a traditionnellement dans nos hôpitaux. Mais avec la transition épidémiologie qui est en train de s’effectuer, des maladies, avant qui n’existaient pas sont en train de prendre le pas : des maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète… Des maladies qui sont non transmissibles, et qui sont très coûteuses POUR y faire face nous avons créé des unités en partenariat avec le ministère de la santé. Ce qui fait qu’aujourd’hui on a un service de diabétologie, on a une unité de cardiologie, une unité de dépistage du cancer du col de l’utérus chez la femme.
À quel type de problèmes êtes-vous régulièrement confrontés à l’hôpital régional de Labé ?
Dans le cadre du secteur on a quelques difficultés. L’une des difficultés c’est bien par rapport aux infrastructures évoquées. Je crois que c’est dans le programme du ministère de la santé que cet hôpital connaisse une rénovation. Et je crois savoir que c’est dans le programme du ministère, la construction d’un autre hôpital régional qui va être dévolu à la préfecture de Labé. De ce point de vu, on peut estimer que l’hôpital de Labé est bien parti.
Est-ce que vous avez accès à l’eau et à l’électricité de façon permanente dans cet hôpital ?
Par rapport à ces deux secteurs importants, il faut que notre centre hospitalier a beaucoup des partenaires. Grâce à ce partenariat l’eau est désormais disponible à l’hôpital 24h/24. Et c’est avec le partenariat que nous avons avec Action Contre la Faim de l’Espagne qui a bien voulu nous aider à avoir un système solaire avec une pompe solaire immergée dans un forage, relié à un château d’eau. Ça assure la distribution de l’eau 24h/24.
Par rapport à l’électricité, l’hôpital de Labé vient d’être doté d’un central solaire de 5200 kva, ce grâce au partenariat inter universitaire de Strasbourg en France. Avec la sollicitation d’électricité sans frontières par le partenaire strasbourgeois, il nous a permis d’avoir cette centrale qui assure tous nos besoins énergétiques.
Pas de santé sans médicaments, comment vous approvisionnez-vous en médicaments ? Et est-ce qu’ils sont accessibles à des coûts raisonnables aux patients ?
Je dirai que les médicaments sont accessibles. Il distinguer deux choses : au niveau de l’hôpital il y a des prestations qui sont gratuites (comme la césarienne, les accouchements, la prise en charge médicamenteuse du paludisme, la prise en charge des femmes souffrantes des fistules obstétricales, etc.). Tout cet ensemble bénéficie de la gratuité. Pour la mise en œuvre de tout ça, il y a le ministère de la santé qui nous accompagne avec ses partenaires techniques et financiers (UNFPA, GIZ, USAID).
De ce côté, le médicament s’inscrit dans cette logique de gratuité et on est appuyé par rapport à ça. Maintenant, tout ce qui ne rentre pas dans ce cadre, rentre dans ce que nous appelons recouvrement. Ainsi, nous avons une pharmacie qu’on appelle pharmacie hospitalière qui s’approvisionne en médicaments et qui les met à disposition. Les malades, quand ils ont une ordonnance, ils passent à la pharmacie, et là ils achètent.
La Guinée reste toujours un pays sous perfusion du virus Ebola. Quelles dispositions pratiques sont prises à Labé, qui est une région où transitent plusieurs personnes, pour éviter une progression d’Ebola ?
On a eu Ebola pendant deux ans. Et pendant ce temps, Labé a été épargnée.
C’est quoi votre secret ?
Plus exactement, nous avons su gérer les cas d’Ebola, parce que nous avons eu des cas de contamination venant de Conakry, rapidement, quand on a constaté que c’est des signes de cette maladie qui se manifestaient, on les a retournés à Conakry. Heureusement on n’a pas eu des cas de contamination ici.
Mais au départ, heureusement nous avions travaillé avec les populations pour une sensibilisation à outrance, en impliquant les médias, les imams dans les mosquées. Pour les sermons du vendredi on avait demandé aux imams de prendre un temps important pour expliquer les mesures sanitaires. Donc on a réussi à mobiliser tout le monde avec nous. Ceci, plus les mesures d’hygiènes qui étaient appliquées ça et là , a permis d’éviter la maladie dans notre cité.
Avec le retour d’Ebola, ce sont les mêmes précautions sanitaires que nous sommes en train de mettre en place. Pour le moment, ça se passe très bien, et il n’y a pas de problèmes.
Réalisée par Aliou BM Diallo, envoyé spécial à Labé