Nécessité fait loi. Real Politics ? En tout cas, l’axe Abidjan Conakry semble se renforcer au grand jour alors que la normalisation annoncée avec Bamako par des sources se disant informées reste encore discrète.
Comment se manifeste l’impression de normalisation de la relation entre Abidjan et Conakry malgré le statut de putschiste de Mamadi Doumbouya, malgré l’absence d’une feuille de route de sortie de la transition validée par la Cedeao, malgré enfin les sanctions ciblées de la Cedeao à l’égard du pays ?
Tout cela a commencé par les remerciements d’Abidjan à l’endroit d’un certain nombre de facilitateurs ayant favorisé la libération le 3 septembre 2022 dernier des trois femmes sur les 49 militaires auparavant en détention au Mali.
En effet dans le communiqué du mercredi 14 septembre 2022 , le Conseil national de sécurité présidé par Alassane Ouattara avait cité nommément le chef de la transition en Guinée.
«(..) Au cours de cette réunion, qui a porté sur la situation des 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali, le Président de la République a informé le Conseil National de Sécurité des initiatives prises par Son Excellence Monsieur Faure Gnassingbé, Président de la République togolaise et plusieurs autres Chefs d’État, notamment Son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Président en exercice de l’Union Africaine, Son Excellence Monsieur Umaro Sissoco Embaló , Président de la République de Guinée-Bissau et Président en exercice de la CEDEAO, Son Excellence Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, Président de la Transition du Burkina Faso , Son Excellence Monsieur Muhammadu Buhari, Président de la République fédérale du Nigeria, Son Excellence Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition de la République de Guinée et Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, en vue d’une résolution, par voie diplomatique, de la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali ; crise qui est consécutive à l’arrestation, le 10 juillet 2022, à Bamako, de 49 soldats ivoiriens», pouvait-on notamment dans le communiqué de la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs selon Jeune Afrique, en marge de la cérémonie officielle des festivités du 62e anniversaire de l’indépendance du Mali le 23 septembre 2022 à laquelle il a pris part, le président de la transition guinéenne a plaidé auprès de son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, pour la libération des 46 soldats ivoiriens encore détenus dans la capitale malienne.
La visite à Abidjan du Premier ministre de la Guinée et du ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection Civile
À côté des actions discrètes qui peuvent se faire entre les deux capitales, il y’a eu la visite du ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection Civile Bachir Ballo en Côte d’Ivoire. Ainsi, le lundi 10 octobre 2022, une délégation des autorités sécuritaires guinéennes conduite par le ministre guinéen de la Sécurité et de la Protection Civile a été reçue en audience par le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général Vagondo Diomandé à son cabinet au Plateau. Cette délégation a dit être venue s’inspirer du succès ivoirien en matière de sécurité.
Autre fait marquant est la visite à la visite à Abidjan du Premier ministre de la Guinée. Cela n’a pas fait l’objet de communiqué officiel . Toutefois il y’a eu dans son agenda, une rencontre avec l’opposant Sydia Touré, afin de le convaincre de rentrer à Conakry. Sydia Touré lui-même a donné sur sa page Twitter l’information.
Sydia Touré bien en cours à Abidjan
«J’ai reçu dimanche, le PM Guinéen, M.Gomou, à sa demande, à ma résidence d’Abidjan. Nous avons échangé autour de notre participation au dialogue national. J’ai réaffirmé les exigences de la déclaration du quatuor,nécessaires au rétablissement de la confiance. Rien de nouveau», a notamment écrit l’ex Premier ministre guinéen.
Sydia Touré a de bons rapports avec le pouvoir à Abidjan. Abidjan joue t-il les facilitateurs étant entendu que le chef du gouvernement guinéen ne peut pas venir à Abidjan, même en visite privée sans l’accord ni l’assistance des autorités ivoiriennes ?
Les enjeux d’une tentative de normalisation
Selon une source proche du dossier, il ne s’agit pas de légitimer une junte (celle de la Guinée) au détriment d’une autre (celle du Mali), comme cela avait été perçu pour le cas de Damiba lors de sa tournée à Abidjan et Niamey. La même source ajoute qu’il s’agit plutôt de contrebalancer l’attitude de Bamako, en normalisant les choses avec les autres voisins, malgré la nouvelle situation à Ouagadougou.
«Dans l’ensemble , Abidjan sous la présidence Ouattara a toujours eu de bons rapports avec ses voisins, au delà des principes et des rejets de tout coup d’État», explique à Afrikipresse la source.
TAB