La juge présidente, Abané N’cho, a rendu le verdict de l’affaire qui opposait les prévenus Dano Djédjé, Koua Justin et Dahi Nestor au ministère public, ce vendredi 26 mai 2017, après 5 heures de débat et d’attente. Ils ont été condamnés chacun à trente (30) mois d’emprisonnement et 100 mille FCFA d’amende. Ils étaient poursuivis pour « troubles à l’ordre public, discrédit de décisions de justice puis rébellion ».
[ Mauvaise décision selon la défense ]
Interrogé, Me Blédé Dohora, l’un des avocats de la défense a qualifié cette décision du tribunal de « mauvaise décision ».
« Le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas de rébellion, de troubles à l’ordre public mais qu’il y avait quand même discrédit sur une décision de justice. De quelle décision s’agit-elle ? Personne ne sait. (…) On ne sait donc pas sur quoi porte le discrédit. Qu’est-ce qu’ils ont dit concrètement qui serait constitutif du discrédit de décision de justice on les condamne. Alors que des gens comme Soul To Soul (pro-Soro) chez qui on aurait trouvé des armes ont été entendu et libérés. C’est scandaleux pour ce pays. C’est une décision politique qui découle d’un procès politique. On a eu envie en même temps de couvrir la détention, car ils sont en prison il y a longtemps. Mais en même temps de voir comment faire pour qu’après on se plaigne. Il faut donc rendre une décision qui fasse croire qu’en la vérité, on est en droit de faire ce qu’on fait sans courir de risque. Sinon Dano Djédjé est un ancien ministre. Comment peut-on rejeter l’exception qui sort de là. On sait comment poursuivre un ancien ministre ». Dano Djédjé qui est en liberté provisoire, y reste encore puisqu’il n’y a pas de mandat qui lui a été décerné selon son conseil, qui a toutefois promis interjeter appel de la décision.
[ Une justice à double vitesse, selon Me Dadjé ]
Me Dadjé a abondé dans le même sens que son collègue, et a fait savoir qu’il faut que la justice arrête de rendre des décisions politique : « Ce n’est pas son rôle. Depuis 2011 en Côte d’Ivoire, la justice fonctionne à double vitesse. Une contre les opposants politique pro-Gbagbo et une autre pour les autres citoyens. J’ai souvent l’impression que ceux de Gbagbo n’ont pas la qualité de citoyens ivoiriens. On entend quelqu’un qui détient un stock d’armes et qui peut rentrer chez lui, alors que sur la base qu’on aurait une aiguille, on nous garde en détention pendant deux ans. Mes clients n’ont pas commis d’infraction. Mais sont gardés durant trente mois en prison».
HILAIRE GUEBY