La cherté de la vie, phénomène cyclique lié à l’inflation des prix , est une réalité mondiale. En Côte d’Ivoire, les autorités s’attellent à en atténuer l’impact sur les ménages et sur le niveau de vie des populations.
Si des ménages dénoncent un faible contenu du panier de la ménagère dû à une flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, il faut noter qu’il s’agit d’un phénomène mondial. La Côte d’Ivoire qui n’échappe pas à cette réalité, avait cependant pris des mesures pour lutter contre la vie chère à travers le programme gouvernemental des filets sociaux et une maîtrise de son inflation en deçà du plafond communautaire de la zone UEMOA.
[ États des lieux ]
La cherté de la vie n’est pas une exception ivoirienne. Selon plusieurs sources, la flambée du prix des denrées alimentaires est liée à la crise sanitaire du Covid-19, à une augmentation des importations chinoises de produits céréaliers, et à une conjoncture défavorable aux pays africains assujettis à des importations de leur nourriture de base.
[ Au Cameroun, Ghana, Sénégal , ça crie à la cherté de la vie ]
La conjoncture mondiale due à la pandémie du COVID-19, pèse sur les produits de première nécessité.
Selon la radio RFI, le Cameroun ne fait pas exception. Huile, riz, œuf sont plus chers qu’avant. Pareil pour le prix du blé et de la baguette. Le sac de 50kg de farine de blé est passé de 19000 FCFA à plus de 23000 FCFA. La baguette de pain de 125 FCFA à 150 FCFA, au point où le président du collectif des organisations de consommateurs a appelé le gouvernement à prendre des mesures.
Au Ghana l’inflation alimentaire a atteint 13,7% en janvier 2022 selon le magazine Commodafrica dans sa livraison du 10 février 2022 dernier.
Selon une note d’information du supermarché Auchan, la hausse de prix sur certains produits au Sénégal est due à la conjoncture mondiale marquée par l’augmentation des tarifs de fret maritime, des coûts de la matière première, de la douane etc. « Aucun pays n’est épargné dans le monde par cette tendance haussière », révèle Auchan.
[ La Chine et inflations alimentaires en Afrique ]
Dans un entretien sur Tv5 monde en juillet 2021, l’économiste, historien et spécialiste du marché des matières premières, Philippe Chalmin donne les raisons de la flambée des prix dans le Sahel, en Afrique de l’ouest et de centre.
«…Là où la Chine importait 20 millions de tonnes de céréales, elle a importé plus de 50 millions de tonnes en 2020-2021. Ceci a eu un impact sur le prix du maïs, du blé et l’orge. Pareil pour la viande suite à l’épidémie de peste porcine africaine qui a réduit de 40 à 50% le cheptel porcin chinois », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Nombre de métropoles africaines ont pris la mauvaise habitude de dépendre des importations de leur nourriture ».
[ Qu’en est-il en Côte d’ivoire ? ]
Tout comme chez la plupart des africains, le citoyen ivoirien n’échappe pas à la conjoncture mondiale alimentaire malgré les efforts du gouvernement.
En effet pour faire face à la crise alimentaire mondiale, et cela bien avant la crise sanitaire du COVID-19, le gouvernement ivoirien a pris plusieurs mesures.
D’abord, en créant en 2018 un indicateur de la cherté de la vie, intégrant la perception subjective des ménages et en mettant en place un comité de lutte contre la cherté de la vie en 2019.
Ce qui a valu à la Côte d’ivoire de faire figure de bon élève en termes d’inflation, grâce à une inflation maîtrisée en deçà du plafond communautaire de l’UEMOA de 3% ces dernières années.
Plus de 4 millions d’Ivoiriens sortis de la pauvreté grâce aux filets sociaux
Si la maîtrise de la pandémie du COVID-19 en Côte d’ivoire a été reconnue et saluée à travers le monde, c’est bien à cause des mesures prises en soutien aux ménages et entreprises pendant cette crise sanitaire :
• Au total 160 milliards de FCFA ont permis de soulager : 156 000 ménages défavorisés, 60 300 acteurs du secteur informel, 570 Petites et moyennes entreprises, 68 grandes entreprises et de nombreux acteurs des filières agricoles.
« Le Président Ouattara s’est attelé depuis dix ans à développer les filets sociaux et à multiplier les mesures pour sortir toujours plus d’Ivoiriens de la pauvreté.
• Grâce à ces mesures, le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire est passé de 55% en 2011 à 39% en 2018, et continue de baisser, signe que la Côte d’Ivoire avance et que les Ivoiriens augmentent continuellement leur niveau de vie.
• Les programmes de filets sociaux à l’adresse des foyers précaires mis en place par le gouvernement ont permis à plus de 4 millions d’Ivoiriens de sortir de la pauvreté. En 2015, 36 000 ménages bénéficiaient de ces programmes, en 2020 c’est plus de 222 700 ménages, soit une augmentation de 70% de familles bénéficiaires en 5 ans. Les filets sociaux sont une allocation mensuelle de 35 000 FCFA adressés à un foyer considéré et localisé dans une zone précaire. Cette somme permet de subvenir aux besoins de santé, d’éducation ou permettre aux familles d’investir petit à petit dans une activité.
• Pendant que des millions d’Ivoiriens sortaient de la pauvreté, le pays a continué de s’enrichir globalement, puisque le PIB par habitant est passé de 1213 dollars en 2010 à 2300 dollars en 2019, signe que la Côte d’Ivoire est bel et bien sur le chemin de l’émergence économique.
• La Côte d’Ivoire fait partie des pays d’Afrique qui ont une bonne maîtrise de leur inflation.
• La Côte d’Ivoire est le 31e pays africain selon le classement Trading Economics en termes d’inflation en Afrique, montrant sa maîtrise importante de l’évolution des prix par rapport à ses voisins », explique une source économique à Abidjan.
En effet, malgré le contexte économique très particulier lié à la pandémie, la Côte d’Ivoire arrive à maîtriser son inflation à 4% sur le premier semestre 2021.
On peut affirmer que l’évolution du prix des denrées alimentaires en Côte d’Ivoire dépend de causes exogènes qui causent des fluctuations en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs dans le monde, fluctuations mondiales qui sont nécessairement exacerbées par la crise du COVID-19.
Une crise sanitaire qui a occasionné des hausses sur le marché international de l’ordre de 20 à 60% sur les principaux produits : céréales, riz, blé. Les prix du fret ont également augmenté de 20 à 30% au niveau international. Or le gouvernement ne peut pas fixer les prix, les prix sont fixés par la loi de l’offre et de la demande et par le jeu de la concurrence.
[ Le gouvernement ivoirien et la maîtrise des prix sur le marché ]
Il convient néanmoins de noter que malgré les fluctuations des cours liées à la crise internationale de la Covid, les prix du riz importé de milieu de gamme restent stables. C’est également le cas des espèces de poissons bon marché comme la sardine, qui n’a connu qu’une hausse très faible de son prix (de 14 000 à 16 500 FCFA pour un carton de 20kg). Néanmoins, les commerçants qui proposent des prix démultipliés au-delà du raisonnable pourront en revanche faire l’objet d’une régulation, selon l’article 3 de l’ordonnance sur la concurrence, qui précise que le gouvernement peut réglementer les prix des biens et services quand il y a des dysfonctionnements manifeste du marché, et lorsque sont constatées des pratiques spéculatives. Ce mécanisme a déjà été utilisé en 2017 pour les denrées alimentaires et en 2020 pour le gel hydroalcoolique
Par ailleurs, les médiations menées ces dernières semaines par le gouvernement ont déjà eu un impact significatif sur la maîtrise de la hausse des prix sur plusieurs produits. Par exemple, les augmentations de prix de la viande de bœuf de plus de 600 FCFA par kilo ont été limitées à 200 ou 300 FCFA par kilo maximum, ce qui a représenté un soulagement considérable pour les ménages ivoiriens.
Aussi, le gouvernement ne s’est pas contenté de réguler les prix de certaines denrées de première nécessité, il a également agi pour limiter la pression haussière sur les prix du ciment, qui ont été limités à 90 000 FCFA / tonne (alors que les prix exercés étaient montés jusqu’à 120 000 FCFA par tonne).
Enfin, le gouvernement avait déjà pris des mesures drastiques en 2020 pour éviter l’explosion des prix dans le cadre de la crise Covid, avec des prix plafonds qui ont été imposés sur des denrées alimentaires et des produits de première nécessité et qui ont été respecté dans 96% des 16 000 points de vente inspectés, signe du succès de la mesure.
Philippe Kouhon