Du 13 janvier au 4 février 2018 a eu lieu au Maroc, la 5ème édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) de football. Pays organisateur, le Maroc a remporté l’épreuve devant le Nigeria (2ème) après 23 jours de compétition qui a donné 32 matches et 59 buts inscrits. Le Soudan et la Libye se sont classés respectivement 3ème et 4ème au tableau final.
Les participants
Cette édition a été celle de toutes les surprises. Des 16 qualifiés , seules la Guinée Équatoriale et la Namibie sont à leur première participation dans cette épreuve contre la Côte d’Ivoire et l’Ouganda, les plus titrés avec quatre participations chacun. En l’absence de la détentrice du trophée, la RD Congo et de son dauphin, le Mali, la Côte d’Ivoire et la Guinée classées respectivement 3ème et 4ème aux la dernière édition, étaient au rendez-vous avec sept autres anciens de la campagne précédente que sont le Maroc, le Rwanda, l’Angola, le Cameroun, l’Ouganda, le Nigeria et la Zambie. Le Burkina Faso, la Libye, la Mauritanie, le Congo et le Soudan bien qu’absents il y’a deux ans, sont tout de même des habitués de l’épreuve. Enfin, seule, la Libye, ancien vainqueur du trophée (2014) sur les trois détenteurs du titre , a pu passer les épreuves de la qualification. La RD Congo (2009 et 2016) et la Tunisie (2011) ont brillé par leur absence au Maroc.
Résultats techniques
Les 16 participants ont inscrit un total de 58 buts dont 39 au premier tour, 8 en quart de finale, 5 en demi-finales, 2 en match de classement et 4 en finale. Le groupe A (Casablanca) a enregistré 13 buts contre 10 pour les groupes B (Marrakech) et C (Agadir) et 6 pour le groupe D (Tanger). Le Maroc s’est octroyé les titres de Meilleure équipe du tournoi, Meilleure Attaque (16 buts) et Meilleure défense (2 buts encaissés). Son joueur, Ayoub El Kaati a raflé le titre de Meilleur buteur (9 réalisations). La Mauritanie et la Côte d’Ivoire ont la plus Mauvaise Attaque (aucun but inscrit). La Mauritanie (6 buts encaissés en trois matches) a également la plus Mauvaise défense. En 2016 à la 4ème édition au Rwanda, les 16 pays participants ont inscrit au total 80 buts soit une différence de 22 buts.
Les satisfactions
Organisateur de l’événement, le Maroc a fait forte sensation dans son jeu en raflant pratiquement tous les prix : vainqueur de la coupe, meilleur buteur, meilleur joueur, meilleure attaque et meilleure défense. Dans les perches, en défense, au milieu de terrain et en attaque, les Lions de l’Atlas ont été solides. Ils ont confirmé leur titre de favori. Jamal Sellami a composé un groupe fort avec des joueurs tels Ayoub El Kaabi, Salaheddine Saidi, Walid El Karti, Anas Zniti, Ismail El Haddad, Badr Benoun,…Le Maroc a su négocier le tournoi et c’est en toute logique qu’il l’a gagné.
Le Nigéria , deuxième a été extraordinaire jusqu’en finale. Malheureusement à cette étape, il a sombré. Normal car le groupe était privé de quatre de ses titulaires dont le gardien Ikechukwu Ezenwa, le défenseur Daniel James, l’attaquant Sunday Faleye et le défenseur Ifeanyi Ifeanyi (ce dernier était par la suite forfait de la compétition). Les poulains de Salisu Yusuf comptés parmi les favoris, ont tenu leur rang. Ils ont inscrit 7 buts contre 6 encaissés. Le Soudan et la Libye respectivement 3ème et 4ème qui complètent le tableau du dernier carré ont également assuré.
La Namibie a été la grosse et belle surprise de ce rendez-vous. Pour son premier pas dans cette compétition, ce pays a fait fort en atteignant les quarts de finale. Logée dans un groupe de cadors, elle a réussi à se qualifier pour le top 8 en battant la Côte d’Ivoire et l’Ouganda au passage. Un grand honneur pour Himeekua Ronald et ses coéquipiers qui peuvent se vanter d’avoir frappé un grand coup à cette campagne. La Zambie était attendue au moins dans le top 8 où elle s’est arrêtée. Les Zambiens ont montré de bonnes dispositions au cours des matches de poule. Pour de nombreux observateurs, la formation zambienne a payé cash sa grosse débauche d’énergie du début de compétition. L’Angola et le Congo ont également donné des espoirs dans les matches de groupe, mais ils se sont freinés au deuxième tour. Les Angolais sont satisfaits de leur parcours vu qu’ils se sont présentés avec leur troisième équipe qui se prépare pour assurer la relève.
Le Congo a beaucoup appris de son deuxième passage. Il a sublimé mais n’est pas allé au bout de ses efforts. Il a été également une belle satisfaction qui a confirmé sa qualification face à la RD Congo, la détentrice du trophée. Les déceptions Ils sont huit pays éliminés au premier tour. Il s’agit d’abord de la Mauritanie (0 point, 0 but inscrit, 6 encaissés), la Guinée Équatoriale (0 point, 1 but inscrit, 7 encaissés) et du Rwanda (4 points, 1 but marqués, 1 encaissé) qui sont toujours en phase d’apprentissage et dont l’élimination prématurée n’étonne guère.
Ensuite, il y a le Burkina Faso, la Guinée, le Cameroun, l’Ouganda et la Côte d’Ivoire considérés comme de grands habitués de la compétition et surtout de grandes nations de football qui ont également perdu le nord dès les trois premiers matches. 4ème à l’édition précédente, la Guinée (3 points, 3 buts inscrits, 5 encaissés) n’a gagné qu’un seule match face à la modeste Mauritanie. 3ème donc médaillée de bronze en 2016, la Côte d’Ivoire (1 point, 0 but inscrit et 3 encaissés) n’a inscrit le moindre but en trois matches dont deux défaites. Le Cameroun (1 point, 1 but marqué, 3 encaissés) a également sauvé l’honneur en concédant le nul face au Burkina Faso. Le Burkina Faso (2 points, 1 inscrit, 3 encaissés) lui, a concédé une défaite qui a ruiné ses espoirs pour deux nuls. L’Ouganda qui était à sa 4ème participation n’a pas atteint le podium puisqu’éliminé après trois rencontres avec deux défaites et un nul (1point, 1 but inscrit, 4 encaissés).
Les autres aspects
Avec quatre stades de haut niveau et des infrastructures routières, aéroportuaires, hôtelières, hospitalières, sécuritaires de qualité, le Maroc a réussi le pari de l’organisation de cette 5ème édition. Il peut s’enorgueillir d’avoir organisé avec succès cette campagne en marge de laquelle s’est tenue la 40ème Assemblée Générale de la CAF. Les nombreux sportifs (officiels, invités, journalistes, observateurs…) sont repartis satisfaits et surtout rassurés de la capacité de ce pays à pouvoir organiser de grandes rencontres sportives. Toutefois, pour le Mondial 2023 qu’il souhaite organiser, le Maroc doit sonner la mobilisation au niveau de sa population.
Le constat sur le terrain et dans les stades a montré que la population ne s’est montrée intéressée à la compétition que lors des matches du pays organisateur. Le fait que le Maroc ait hérité de l’organisation de la compétition à deux mois de l’événement, ne peut être une excuse pour justifier le manque d’engouement de la population. Le Maroc doit faire un effort dans ce sens pour les compétitions qu’il aura l’honneur d’accueillir.
Adou Mel (Envoyé spécial au Maroc)