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    Ces idées reçues qui coulent l’Afrique

    Ces idées reçues qui coulent l’Afrique
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Murray Rothbard, économiste et philosophe politique, a écrit dans un essai qu’il n’y avait rien de mal à ne pas comprendre l’économie, compte tenu de la nature spécialisée et souvent complexe de cette science. Cependant, il souligne que « Il est totalement irresponsable d’avoir une opinion tranchée et honnête sur les sujets économiques tout en restant dans cet état d’ignorance ».

    Dans un pays confronté à des perspectives économiques extrêmes comme l’Afrique du Sud, il est toujours important de revenir aux principes de base. Les explications les plus simples sont les plus vraisemblables. Pourtant, de nos jours, il semble qu’il n’y ait qu’une seule théorie «économique» acceptée: l’intervention gouvernementale comme solution à tout les problèmes.

    Les travailleurs seraient exploités

    Cette conception s’est imposée à l’échelle nationale après des années de diffusion d’idées reçues. Par exemple, l’idée selon laquelle les travailleurs seraient «exploités» par les employeurs. Ceci est accepté comme un truisme sans aucune autre réflexion. Les marxistes croient en leurs théories de la « valeur-travail » et de la « plus-value ». Selon eux, la valeur travail n’est pas récompensée à sa juste hauteur. Le « méchant patron » capitaliste ne paierait au travailleur qu’un salaire de subsistance. La différence entre la valeur «réelle» du produit et le salaire que le travailleur gagne est une « plus-value » que le capitaliste conserve pour lui-même. En d’autres termes, les travailleurs ne reçoivent pas une part équitable, et leurs patrons capitalistes gourmands gardent la majeure partie du butin, d’où l’exploitation.

    Ces théories marxistes sont – objectivement – fausses et aucun économiste sincère et sérieux ne dira le contraire. La valeur ne dépend pas seulement de  la quantité de travail incorporée dans un produit. Un individu peut passer un mois à assembler une chaise, mais c’est la demande sur le marché qui déterminera au final si le prix est plus ou moins élevé sur le marché. Les consommateurs paient d’abord pour la satisfaction (utilité) que leur procure le produit, quel que soit l’effort de travail déployé dans la production. En outre, le travail joue souvent un rôle secondaire dans la détermination du prix d’un bien ou d’un service comparé au coût des machines, des frais généraux et de gestion qui jouent un rôle décisif.

    Ceci est basé sur le principe de la subjectivité de la valeur, qui est bien illustré par l’histoire de «l’eau dans le désert». Si quelqu’un qui a été bloqué dans le désert pendant des jours se retrouve devant deux grands conteneurs, l’un contenant de l’eau et l’autre des blocs d’or, lequel sera le plus précieux aux yeux de cette personne? D’évidence il choisira l’eau car l’or n’est pas objectivement plus précieux que l’eau à ce moment. La valeur dépend du besoin d’un consommateur. Ainsi les théories de la «valeur-travail» et de la «plus-value» nagent dans un océan d’erreurs.

    Les travaux publics créeraient de l’emploi

    Une autre erreur est l’idée selon laquelle les programmes de travaux publics créeraient de l’emploi. C’est une idée coriace depuis le temps de l’apartheid. Pourtant, objectivement il s’agit ici de payer des gens avec leur propre impôt. Ce qui se passe en réalité c’est que des entrepreneurs compétitifs du secteur privé sont écartés de ces opportunités de travail au détriment d’un secteur public qui octroie les marchés dans la plus grande opacité. La corruption et le copinage font exploser le coût de ces projets qui finalement pèsent bien lourdement sur le contribuable sans offrir plus d’emplois que si le secteur privé avait obtenu le marché en toute transparence.

    La nationalisation serait salvatrice

    Encore aujourd’hui, la nationalisation est présentée comme une solution noble aux problèmes économiques. Pourtant, depuis les chemins de fer du XIXe siècle, la nationalisation a toujours apporté de mauvais résultats. Au mieux, une fois qu’une entreprise ou une industrie est nationalisée, elle est marquée par l’inefficacité et un manque de respect pour les consommateurs (pensez aux files d’attente au bureau de poste d’Afrique du Sud). Au pire, le secteur s’effondre complètement avec comme corollaire la destruction de l’économie (pensez aux mines du Zimbabwe et à l’agriculture soviétique). La privatisation, en revanche, a produit des résultats plus positifs, bien que variables selon la façon dont elle a été mis en œuvre.

    En effet, lorsque une privatisation se fait en toute transparence, de manière non corrompue, et hors copinage, l’efficacité est au rendez-vous. Par contre, si la privatisation se réduit à un simple transfert de propriété de l’Etat vers des amis de l’Etat – avec une protection monopolistique – l’inefficacité est inévitable et pourtant on utilise aussi dans ce cas le terme « privatisation ». Soulignons quand même qu’une mauvaise privatisation est encore préférable à une nationalisation, car ces entreprises privatisées subissent inexorablement la sanction du marché et sont vouées à la faillite rapidement si elles n’améliorent pas leurs performances.

    Le capital serait entre les mains des blancs

    Enfin, les Sud-Africains ont fini par comprendre que le «monopole des blancs sur le capital» est une menace illusoire instrumentalisée par une classe politique défaillante qui cherche des excuses pour masquer un bilan catastrophique. Pourquoi continuer à écouter ces discours mensongés polluant les analyses ? Il faut définitivement rompre avec ces idées reçues populistes qui figent la croissance économique et aggravent la misère. C’est le point de départ du chemin vers la prospérité en Afrique du Sud, comme dans le reste du continent d’ailleurs.

    Martin van Staden, Directeur de Students for Liberty, Afrique du Sud.
    Article publié en collaboration avec Libre Afrique.

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