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    CAN 2025 : ” Jouer contre le Maroc en match d’ouverture est l’une des plus belles pages du football comorien “, Stefano Cusin (Sélectionneur des Comores)

    CAN 2025 : ” Jouer contre le Maroc en match d’ouverture est l’une des plus belles pages du football comorien “, Stefano Cusin (Sélectionneur des Comores)
    Publié le
    Par
    Adou Mel
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Sélectionneur des Comores depuis octobre 2023, Stefano Cusin a réussi à qualifier ce pays pour la CAN 2025 de football au Maroc. Dans cet entretien qu’il a accordé à afrikipresse.fr après le tirage au sort des poules, l’Italien se prononce sur le parcours des Coelecantes lors des éliminatoires et sur les groupes de la CAN 2025 ainsi que sur les éliminatoires du Mondial 2026.

    • afrikipresse.fr : Pour votre retour en Afrique vous avez réussi à qualifier les Comores pour la CAN. Est-ce que vous vous attendiez à ce challenge en venant dans ce pays ?

    Stefano Cusin : Oui c’était notre objectif après l’élimination de l’équipe de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Les dirigeants fédéraux et mois, nous nous sommes mis d’accord pour reconstruire l’équipe pour la campagne du Maroc et aujourd’hui cette mission est accomplie et nous avançons.

    • afriki : Vu les équipes du groupe des éliminatoires n’aviez-vous pas eu quelques appréhensions ?

    -SC : Il est évident que dans le group, il y avait des équipes solides. La Tunisie avait battu la France à la Coupe du Monde au Qatar, le Madagascar qui est plus en avant que nous au classement FIFA et que nous n’avions jamais battu, la Gambie dans le chapeau 4, avait tout de même participé aux deux dernières CAN. Elle a joué les quarts de finale au Cameroun et est une équipe solide. Donc quand il y a eu le tirage au sort, nous nous sommes dit que ce serait difficile mais pas impossible parce que nous avions une équipe qui avait bien commencé les éliminatoires de la Coupe du Monde et le groupe qui était en train de se créer était très compétitif. Nous étions concentrés et aussi confiants non pas par rapport à nos adversaires mais par rapport à nos propres forces et parce que nous étions en train d’aller dans la bonne direction.

    • À quel moment vous avez senti la qualification dans votre poche ?

    Quand l’arbitre a sifflé la fin du match contre la Gambie (NDLR : 5e journée). Avant cela, un entraîneur ou un joueur ne pense pas à faire trop de calculs. Il faut bien préparer les matchs, bien se concentrer et bien jouer c’est tout. Mais le match qui nous a fait prendre une autre dimension et conscience c’est celui contre la Tunisie à Radès (NDLR : 3e journée). Ce jour-là, nous avions conscience que nous pouvions renverser n’importe quelle équipe. La confiance est fondamentale dans le football et ce match-là c’était important. Le match retour aussi (4e journée). Vous savez, il est facile de faire la surprise mais difficile de confirmer. Donc nous avons fait une belle prestation en ayant fait match nul contre la Tunisie. Nous avons démontré à nous-mêmes que contre la tête de série du groupe, nous pouvions être compétitifs.

    • On peut le dire votre premier objectif est-il atteint avec la qualification ?

    Ce n’est pas évidement de reconstruire une équipe et en même temps faire des résultats. Nous avons atteint notre objectif d’être à la CAN. Maintenant tout ce qui vient, c’est du bonheur et le fait d’avoir eu la chance de terminer premier et de nous qualifier nous donne le sentiment du devoir accompli même si nous sommes des compétiteurs. Maintenant, il va falloir affronter les éliminatoires de la Coupe du Monde qui nous serviront de préparation pour la CAN et d’être compétitifs sans se fixer de limite mais en même tant avec l’humilité de savoir qui nous sommes et d’où nous venons.

    • Maintenant vous connaissez vos adversaires. Quelle analyse faites-vous de votre groupe ?

    C’est un groupe extrêmement difficile comprenant le pays hôte qui est la meilleure nation d’Afrique, qui a joué une demi-finale de Coupe du Monde en éliminant l’Espagne et le Portugal, qui a de grands joueurs qui évoluent dans de grands clubs comme le Real de Madrid, le PSG ou Manchester. C’est sûr que le Maroc est le grand favori du groupe. Il ne faut pas oublier le Mali qui a balayé tous ses adversaires lors des éliminatoires et qui est une grande équipe et surtout la Zambie aussi qui était dans le groupe de la Côte d’Ivoire, qui l’a battue et qui a terminé en première position au classement de son groupe. C’est donc un groupe très relevé, très compétitif et très difficile pour tout le monde à la fois.

    • Qu’est-ce que cela vous fait de jouer le match d’ouverture contre le pays organisateur ?

    C’est une chance inouïe pour les joueurs de vivre des moments incroyables de football, pour les supporters, pour le staff technique et moi-même. C’est super et nous sommes contents d’affronter un adversaire d’un tel calibre chez lui dans un stade plein, c’est quelque chose d’inoubliable. Quelle que soit l’issue du match ça restera une des plus belles pages du football comorien.

    • Quel jugement portez-vous sur vos trois adversaires ?

    Quand on est en phase finale de CAN cela veut dire qu’on ne peut trouver que des adversaires forts parce que ce sont des équipes qui ont démontré dans les éliminatoires qu’elles sont meilleures que les autres, qui ont gagné des matchs…donc ce sont des adversaires qui sont en avance que nous au classement FIFA, qui ont plus d’expérience que nous. Maintenant une équipe de football, c’est une état d’esprit. Ce n’est pas important à 11 mois de la compétition, defaire cette analyse mais le plus important c’est quand nous serons dans les derniers instants avant le début de la CAN d’y arriver dans des conditions mentales et physiques parce que bien souvent c’est l’état d’esprit qui peut renverser les valeurs du calepin

    • Dans cette compétition quelle équipe craignez-vous le plus et quel est le favori selon vous ?

    Bon ou mauvais tirage, nous le saurons à l’issue du premier tour. Il n’y a aucune formation que nous pouvons craindre de manière particulière. Quand vous êtes professionnels, vous affrontez les matchs un par un, vous vous concentrez, vous vous préparez, vous essayez de donner le meilleur de vous même et après c’est le terrain qui doit donner sa vérité. Donc nous ne craignons personne mais nous respectons tout le monde au niveau individuel.

    • Quel sera votre objectif à la CAN ?

    Nous ne sommes seulement qu’à notre deuxième participation à la CAN contrairement à ceux qui y sont régulièrement donc le fait d’être présent parmi les 24 c’est déjà un objectif atteint. Tout ce qui va arriver c’est un bonus donc il ne sert à rien de fanfaronner et de faire des promesses. Il faut avoir les pieds sur terre, bien préparer les matchs. Et c’est là que nous découvrirons notre force.

    • Justement l’ex-sélectionneur Amir Abdou a été en 8e de finale pour la première participation des Comores. N’est-ce pas que vous êtes très attendu ?

    Effectivement Amir a fait un bon travail. Il est vrai qu’il est arrivé en 8e de finale en perdant trois matchs sur quatre c’est tout de même assez curieux. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire un parallélisme entre les deux compétitions parce que le groupe a changé, il y a de nouveaux joueurs, l’équipe qui a évolué au Cameroun est une génération de joueurs ayant évolué ensemble depuis longtemps et qui est arrivée, on dira, dans la fleur de l’âge. Là, nous repartons avec de nombreux jeunes dans l’équipe et ce genre de compétitions nous sert à nous améliorer. Nous n’allons pas regarder ce qui a été fait avant, le plus important est de nous concentrer sur nous-mêmes. L’objectif des Comores ce n’est pas d’être seulement à la CAN au Cameroun mais c’est d’y aller régulièrement. C’est le plus important.

    • La compétition se jouera dans 11 mois. Comment comptez-vous gérer ce temps jusqu’à la compétition ?

    Onze mois c’est presqu’un an donc cela ne sert à rien d’y penser, de se concentrer là-dessus parce que nous, nous avons des échéances au mois de mars, des matchs amicaux en juin, les éliminatoires de la Coupe du Monde en septembre et octobre et peut-être des barrages en novembre donc pour l’instant notre objectif c’est de donner le meilleur de nous-mêmes pour la qualification pour la Coupe du Monde. Donc on va se concentrer là-dessus c’est la meilleure préparation pour la CAN et donc l’important c’est d’arriver prêt le jour j avec un maximum d’expérience et ces matches vont nous permettre d’ameliorer les d’automatismes, à créer une équipe plus conquérante, plus organisée parce qu’une équipe nationale ce n’est pas comme un club où on se voit tous les jours mais seulement 4 ou 5 entraînements pour deux matchs. Nous avons donc besoin de ces matchs pour peaufiner cette équipe

    • Au bilan avez-vous le sentiment que vos joueurs dans leur ensemble ont accepté vos méthodes et adhéré à votre discours de travail ?

    Les joueurs ont fait une moyenne de 2,10 points par match. Si les joueurs n’avaient pas adhéré au projet nous n’aurions pas fait ce genre de score. Il est certain que pour faire des résultats, ce n’est pas seulement le discours du coach mais surtout l’adhésion des joueurs. À ce niveau, il n’y a pas de question à se poser. Depuis le premier jour, nous avons eu les mêmes ambitions, les mêmes idées. C’était un groupe soudé qui avait déjà une âme. Ce sont des battants, des guerriers et moi je n’ai fait qu’intégrer quelques joueurs d’expérience et des jeunes. Et tous ensemble, nous travaillions, nous avons une bonne ambiance, nous regardons dans la même direction. De toutes les façons s’il n’y a pas une bonne ambiance il était impossible de faire des résultats dans le football. C’est pourquoi des grandes équipes avec de grands noms n’arrivent pas à gagner des compétitions et vous avez aussi des équipes de moins de valeur au niveau individuel mais qui arrivent à faire des résultats justement parce qu’il y a ce genre d’union sacrée et je pense que j’ai eu la chance d’avoir des joueurs formidables et cela peut être valable avec n’importe quel entraîneur.

    • Que pouvez-vous dire aux Comoriens et aux Africains au moment où vous vous apprêtez à aller à la conquête de l’Afrique ?

    Nous sommes déçus de ne pouvoir jouer à domicile. Sur 14 matchs, nous n’avons livré que deux à domicile. Nous avons joué toute la phase de qualification de la CAN à l’extérieur et cela n’a pas empêché les supporters comoriens d’effectuer le déplacement piur soutenir leur équipe. On l’a vu en Côte d’Ivoire, en Tunisie, au Maroc…Nous aurions bien voulu jouer à domicile. Il est légitime et logique que les supporters veuillent voir leur joueurs à domicile parce que c’est une histoire d’amour entre l’équipe et ses supporters. Nous les remercions parce qu’ils nous ont toujours apporté leur amour et leur appui inconditionnels et les joueurs le leur rendent bien. Je profite de l’occasion pour remercier tous les Africains parce que partout où nous sommes passés, ils nous ont apporté leur soutien. Même en Tunisie malgré la défaite de l’équipe locale donc notre victoire à Radès, nous avons été félicités par les supporters tunisiens. En Gambie, malgré la déception des supporters gambiens, nous avons été applaudis je pense que c’est la magie du football. L’Afrique est le seul continent au monde où deux groupes de supporters peuvent regarder ensemble un match sans qu’il y ait des problèmes comme cela se passe en Amérique du Sud, en Europe ou dans d’autres pays et ça c’est quelque chose d’unique. Et c’est pour cela que j’aime l’Afrique et que j’éprouve du plaisir à travailler en Afrique.

    Entretien téléphonique réalisé par Adou Mel

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