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    Cacao – Côte d’Ivoire : ce que dit le Washington Post sur le travail des enfants dans les plantations

    Cacao – Côte d’Ivoire : ce que dit le Washington Post sur le travail des enfants dans les plantations
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
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    La Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, est annoncée à Washington à la mi-septembre 2019 pour apaiser les inquiétudes des sénateurs démocrates, Sherrod Brown et Ron Wyden, auteurs des menaces sur les importations aux États-Unis du cacao ivoirien pour cause de travail forcé des enfants dans la chaîne d’approvisionnement des industries du secteur. Afrikipresse revient sur l’enquête du journal ‘’The Washington Post’’ qui a servi de marchepied aux allégations des deux sénateurs.

    Le journaliste Peter Whoriskey et le photographe Salwan Georges se sont rendus en Côte d’ivoire, précisément dans les localités de Bonon, près de Bouaflé au centre ouest, Niambly, près de Duekoué( ouest) et Bloléquin ( ouest) du pays. Ils y ont passé 11 jours pendant le mois de mars 2019 dans les plantations de cacao accompagnés d’un traducteur.

     

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     « Mars, Nestlé et Hershey se sont engagés il y a près de deux décennies à cesser d’utiliser du cacao récolté par des enfants. Pourtant, une grande partie du chocolat que vous achetez commence toujours par le travail des enfants », écrit Washington post dans sa livraison du 5 juin 2019.

     

    Le laxisme des industries du chocolat décrié

     

    Intitulé «  Les enfants travailleurs du cacao » l’enquête met à nu le laxisme des industries du chocolat. En 2001, sous la pression du Congrès américain, les chefs de certaines des plus grandes entreprises de chocolat ont signé un engagement d’éliminer «les pires formes de travail des enfants» de leurs fournisseurs de cacao ouest-africains.

    Cet engagement n’a jamais été respecté jusqu’aujourd’hui.

     « Les sociétés de chocolat du monde ont raté les échéances pour éliminer le travail des enfants de leurs chaînes d’approvisionnement en cacao en 2005, 2008 et 2010. L’année prochaine, elles devront faire face à une autre date butoir et, selon les responsables de l’industrie, elles l’auront probablement aussi ratée.

     

    Lire aussi >> Lutte contre le Travail des Enfants : l’ONU en phase avec Mme Dominique Ouattara (Côte d’Ivoire)

     

    En conséquence, il est fort probable qu’une tablette de chocolat achetée aux États-Unis soit le produit du travail des enfants.

     Environ deux tiers de l’offre mondiale de cacao provient d’Afrique de l’Ouest où, selon un rapport du département américain du Travail de 2015, plus de 2 millions d’enfants travaillaient dans des conditions dangereuses dans des régions productrices de cacao. Interrogés ce printemps, les représentants de marques parmi les plus grandes et les plus connues – Hershey, Mars et Nestlé – ne pouvaient garantir que leurs chocolats seraient produits sans le travail des enfants» note l’enquête.

     

    La Côte d’Ivoire victime de son ouverture aux autres pays de la sous région

     

    Lors de l’enquête menée dans le grand ouest du pays (Bonon, Niambly et Blolequin), ils ont interrogé 12 garçons âgés de 13 à 18 ans. Ces derniers, tous venus du Burkina Faso et Mali,  travaillaient dans des exploitations agricoles qui récoltaient du cacao, débroussaillaient à la machette et effectuaient d’autres travaux liés à la production de cacao.

     

    photo: Washington Post (Salwan Georges)

     « Chacun des garçons a traversé la frontière il y a des mois ou des années depuis le Burkina Faso, un pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, prenant un bus pour se rendre chez lui et ses parents en Côte d’Ivoire, où des centaines de milliers de petites fermes ont été creusées dans la forêt. Ces fermes constituent la source de cacao la plus importante au monde et sont le théâtre d’une épidémie de travail des enfants que les plus grandes entreprises chocolatières du monde avaient promis d’éradiquer il y a près de 20 ans » poursuit le journal “The Washington Post”.

    Selon les Nations Unies, la Côte d’Ivoire accueille 1,3 million de migrants burkinabés et 360 000 migrants maliens. Le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire partagent un accord sur l’ouverture des frontières.

     

    La responsabilité des médias et des gouvernants

     

    Selon Washington Post, les représentants de l’industrie ont souligné que, conformément à l’engagement pris par les législateurs, les gouvernements et les organisations syndicales de l’Afrique de l’Ouest ont également une part de responsabilité dans l’éradication du travail des enfants.

    « Les entreprises ont toujours fait juste assez pour que, si l’attention des médias attire l’attention, elles puissent dire:” Hé les gars, c’est ce que nous faisons » a déclaré Antonie Fountain, directrice générale de Voice Network, un groupe de coordination cherchant à mettre fin au travail des enfants dans l’industrie du cacao.

     

    photo: Washington Post (Salwan Georges)

    Elle ajoute : «  Ça a toujours été trop peu, trop tard. Ça l’est toujours. Nous n’avons pas éradiqué le travail des enfants car personne n’a été forcé de le faire. Quelle a été la conséquence. . . pour ne pas atteindre les objectifs? À combien d’amendes ont-ils été condamnés? Combien de peines de prison? Aucun. Il n’y a eu aucune conséquence »

     

    Rien de tout cela n’est légal en droit ivoirien.

     

    À aucun moment, les enquêteurs du Washington Post ne pointent du doigt les enfants d’origine ivoirienne, ni la responsabilité formelle de l’État de Côte d’Ivoire depuis 2016. Le président Alassane Ouattara a encouragé depuis plusieurs années son épouse, Dominique Ouattara, à s’occuper personnellement de la question à travers le Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CNS) et  le Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CIM).

     

    photo: Washington Post (Salwan Georges)

     « La Côte d’Ivoire a également signé l’accord Harkin-Engel et a adopté des lois en 2010 et 2016 définissant le travail des enfants et fixant des sanctions pour son utilisation. Le comité gouvernemental ivoirien chargé des questions relatives au travail des enfants a également déclaré avoir pris d’autres mesures préventives: il a construit des écoles dans les zones rurales et réprimé les personnes impliquées dans la traite des enfants.

     Le travail des enfants et la traite des enfants ont néanmoins prospéré en raison de l’incapacité du pays à appliquer les lois. Comme le rapportent des responsables du département d’État américain dans un rapport de 2018, la première unité de police anti-traite est basée à Abidjan, la capitale, à quelques heures des zones de production de cacao et son budget est d’environ 5 000 dollars par an.

     

    Lire aussi >> Côte d’Ivoire : Les enfants dans les plantations de cacao, une interprétation erronée (Jean Pierre Sanga)

     

    Selon un rapport du département d’État, ce montant est “gravement insuffisant”.

    Dans un communiqué à la poste (The Washington Post, ndlr), le comité ivoirien de lutte contre le trafic et le travail des enfants, a déclaré que les 5 000 dollars par an n’étaient pas suffisants et que “le gouvernement ivoirien doit investir davantage dans ce domaine” », note l’article de The Washington Post.

    Philippe Kouhon

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