«Le président de la transition décide que (…) M. Yacouba Isaac Zida est nommé Premier ministre». C’est par ce communiqué lu hier par Alain Thierry Ouattara, le secrétaire-général adjoint du gouvernement, que le monde entier a appris la nomination par le président intérimaire Michel Kafando du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida comme Premier ministre de la transition.
Une nomination «non surprenante» selon des observateurs. Agé de 49 ans, l’ex numéro deux de la Garde présidentielle du Burkina Faso qui était peu connu des Burkinabé avant le soulèvement populaire du 31 octobre 2014, apparaît à travers sa nomination comme le symbole de l’influence persistante de l’armée au cœur du pouvoir au Burkina Faso. «On a négocié le poste de Premier ministre. Tout le monde est d’accord. On a convenu qu’on laisse le législatif pour entrer dans l’exécutif à travers le Premier ministre”, a affirmé à l’AFP un officier proche de l’actuel homme fort du Faso.
[ Comparaison n’est pas raison mais……]
Comparaison n’est pas raison, et le Burkina Faso et la Russie sont deux pays très éloignés. En 2011, Dmitri Medvedev alors Président de la Fédération de Russie avait proposé devant le Congrès que son Premier ministre Vladmir Poutine soit candidat à la présidentielle de mars 2012. Poutine à son tour avait proposé que Dmitri Medvedev lui succède au poste de Premier ministre, chef du gouvernement de Russie, après avoir déjà fait de lui son successeur à la présidence. Le même schéma peut-il se dessiner au Burkina Faso : en novembre 2015 Yacouba Isaac Zida se présente à l’élection présidentielle et nomme Michel Kafando comme son Premier ministre, s’il gagne.
[Kafando saura-t-il éviter d’être une marionnette ?]
Mais alors qui sera le dindon de la farce dans cette révolution inachevée, et dans laquelle ni Zida qui pourrait désormais s’habiller en civil , ni l’armée ne cachent même plus leur jeu, ni ambition après avoir rusé , à travers des décrets signés et des nominations faites ? Michel Kafando sensé assurer et assumer les fonctions de chef de l’Etat intérimaire après sa prestation de serment le mardi 18 novembre et au terme de la passation des charges, saura-t-il éviter d’être une marionnette face à l’influence d’une armée toujours présente au niveau de l’Exécutif ? Le chef de l’Etat burkinabé avait donné sa vision lors de sa prestation de serment en ces termes : « Je reçois cette charge avec beaucoup d’honneur mais aussi avec beaucoup d’humilité, l’humilité de quelqu’un qui n’est là que pour une période transitoire, l’humilité de quelqu’un qui est conscient que le pouvoir qu’il détient appartient au peuple (…) A partir de la douloureuse expérience que nous venons de vivre, (…) nous avons les yeux ouverts, la jeunesse burkinabè a les yeux ouverts, les femmes burkinabè ont les yeux ouverts et plus rien ne sera comme avant s’agissant du respect scrupuleux de l’ordonnancement politico-juridique de notre pays».
Patrick Doua