Dans la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, à l’Est de la RDC, les manifestations nuptiales sont de plus en plus nombreuses. On les compte par plusieurs dizaines chaque samedi. Derrière ce fait naturellement heureux , se cache un constat alarmant : le mariage des filles mineures de 14 à 17 ans d’âge.
Le chiffre est déplorable. Des sources dignes de foi à l’agence des nations unies pour la population, UNFPA, font état d’une fille sur quatre qui se marie avant d’atteindre l’âge de 18 ans révolu. D’où, le lancement d’une vaste campagne de lutte contre ce genre d’unions illégales qui pullulent en ville. La campagne ‘’carton rouge contre de tels mariages’ ’vise à réduire le taux élevé en cette matière. Selon Jacky Kitoga , secrétaire de l’Ong Cadre de récupération et d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes, CREEIJ, qui s’occupe de cette initiative, le taux des mariages des mineurs se multiplie avec une ampleur inquiétante : « Une fille sur quatre qui se marie est mineure. En termes de pourcentage, cela nous ramène à plus de 20% des jeunes filles encore immatures qui sont poussées à embrasser la vie conjugale. C’est une triste réalité en Afrique, mais nous avons le devoir de combattre ce phénomène qui déshumanise la petite fille».
Des raisons à freiner cette hémorragie
Reconnaissant les conséquences socio-sanitaires de ce phénomène, une autorité locale à Bagira, une entité territoriale décentralisée à Bukavu , Antoine Bishweka , se dit indignée par la récurrence de ces mariages : « Nous n’en pouvons rien. Souvent, nous célébrons les mariages sans nous rendre exactement compte de l’âge de minorité des partenaires femmes, surtout quand les parents attestent qu’elles sont déjà majeures » Dans ce sens , Grâce Zirumana de l’Ong Action pour la santé de reproduction des jeunes au Kivu, ASAREJ-KIVU, pense que la communauté devrait se mobiliser pour endiguer ce phénomène qui n’a que trop duré sous l’indifférence des uns et des autres : « En mariant une fille de 15 ans, seulement parce que les parents désirent recevoir la dot, la vie de la fille est mise en danger car elle n’a pas encore atteint la maturité physique nécessaire. Et son éducation scolaire est entamée ».
Plus d’un activiste des droits des femmes lève le ton pour dire stop aux mariages précoces. En attendant cette phase cruciale de la vie, la jeune fille peut se donner tout le temps de grandir, mieux encore, d’étudier.
Cette pratique est punissable par le code de la famille en RDC. L’article 352 dispose que l’officier de l’État civil qui enregistre un tel mariage , y compris les témoins, est passible d’emprisonnement. Attention danger !
Badibanga Poivre D’Arvor