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    BREXIT : les enseignements à tirer par l’Afrique de l’économie libérale (2)

    BREXIT : les enseignements à tirer par l’Afrique de l’économie libérale (2)
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (BREXIT) l’a emporté avec 51,9 des voix, lors du référendum du jeudi 23 juin 2016. Les bourses mondiales ont dévissé le lendemain. Le thème de l’immigration a cristallisé le débat politique, avant le référendum et le vote, couplés au sentiment de révolte et de rejet de l’UE par dix sept (17) millions de citoyens britanniques.
    Face à ce coup de tonnerre, aux conséquences lourdes et imprévisibles pour le Royaume-Uni, sans se soucier des impacts des blessures psychologiques, du traumatisme interne et de la déchirure sociétale liés à la déception, à la désespérance et à la division du peuple britannique, les africains doivent s’accorder sur la prise en charge de la réflexion, de l’action et des pistes de solutions, visant à tirer les leçons du BREXIT et éviter au continent africain les pièges de l’impréparation dans la gestion de la période post référendum dans le populisme et les mensonges, de la radicalisation des politiques et des citoyens eux mêmes pris en otage par l’ignorance des enjeux, le manque de lisibilité, de visibilité et de prévisibilité des impacts négatifs de l’exercice de leurs droits civiques, des défis énormes à relever de façon solitaire, des attentes sociales à combler en période post référendum.

    A la vérité, sortir de l’UE est aussi difficile que démonter une centrale nucléaire. Le Royaume-Uni dans l’improvisation, l’impréparation et le pourrissement de la situation en période post référendum, aura besoin à la fois de confort financier et de relance économique aux fins d’atteinte de la croissance économique variée, soutenue, viable, durable et inclusive, pour se faire plus d’amis et moins d’ennemis parmi ses citoyens, après avoir connu une économie déjà affaiblie au sein de l’UE.

    Le problème existentiel du BREXIT se trouve dans le populisme et les contre vérités de la droite conservatrice anti UE et anti immigration, ayant un sentiment nostalgique, de différence et de supériorité du citoyen britannique par rapport à l’Europe continentale, en terme de valeurs, de droits, de démocratie, de liberté de pensée, d’expression, de culte etc ainsi que de l’extrême droite antilibérale et de la gauche travailliste ambiguë et critiquée pour manque d’implication dans la campagne pour le maintien du pays dans l’UE.

    En 2016 des pays africains sont sur la voie de la croissance économique variée, soutenue et viable, du développement durable, de l’intégration avancée vers la pré-émergence et l’émergence, en raison de la mise en oeuvre effective et satisfaisante des reformes structurelles, sectorielles, institutionnelles et de bonne gouvernance économique, politique, judiciaire, juridique, d’entreprise, environnementale contre le réchauffement climatique, ainsi que de promotion du secteur privé, d’implication des femmes et des jeunes au développement économique et sociale, à la satisfaction des partenaires économiques et financiers au développement.

    Ces pays sont également fragiles et vulnérables, du fait des fléaux tels que la pauvreté, l’analphabétisme, les épidémies de portée internationale de santé publique, le réchauffement climatique, l’insécurité liée au terrorisme de masse et à la guerre asymétrique, au trafic d’armes, de drogue, d’êtres humains et d’organes. Ces facteurs réducteurs de la croissance économique inclusive et partagée, ne peuvent être jugulés par les modèles économique et social en autarcie mais par la mutualisation des efforts, des stratégies, actions et mesures, dans un cadre propice d’intégration des pays africains aux communautés économiques régionales et à l’économie mondiale.

    Sous ce prisme, tout référendum sur le continent consistant à déconstruire l’intégration économique, monétaire, politique, sociale et sécuritaire, à démolir l’union qui fait la force ou la force de l’union qui se trouve à plusieurs non au singulier n’est pas un bon exemple à suivre, au stade de la relance économique post crise, des chantiers de la reconstruction et de l’expansion économique vers la pré-émergence et l’émergence.

    Les dix (10) enseignements à tirer du BREXIT par l’Afrique de l’économie libérale sont les suivants :

    1. les politiques britanniques n’ont pas suffisamment écouté pendant 20 ans les préoccupations, les sentiments de révolte et de rejet de l’Union Européenne technocratique par les citoyens britanniques;

    2. au cours de la campagne les mensonges et approximations ont été légion pour attiser les haines et stigmatiser les étrangers;

    3. les hommes politiques britanniques doivent avoir des liens de loyauté avec les citoyens, éviter les mensonges et la transhumance politique sur des questions référendaires précises qui engagent l’avenir de la jeunesse britannique qui doit peser dans le destin de l’Europe.

    4. environ 500.000 personnes arrivent au Royaume-Uni chaque année. Il y’a des inquiétudes démographiques. Cependant, l’appauvrissement du pays n’est pas lié à l’immigration. L’économie est déjà affaiblie par l’énorme déficit de la balance des paiements, Les logements sont difficiles à acquérir. Les services publics ne sont plus de qualité. Les salaires diminuent au profit des travailleurs qualifiés de l’Europe de l’Est, dans la cadre de l’immigration choisie mais qui a des conséquences sur le mental des britanniques moins qualifiés;

    5. le Royaume – Uni perd les avantages et les atouts que l’UE lui procure;

    6. en Ecosse l’option d’un second référendum d’indépendance est sur la table. Elle peut être la cause de la désintégration irréversible du Royaume-Uni. L’Ecosse et Londres ont dit non à l’Angleterre profonde et veulent demeurer dans l’UE.

    7. la livre sterling dégringole depuis le référendum du 23 juin 2016. La monnaie a deux (02) fonctions. Elle est un moyen d’échange et une réserve de valeur. Lorsque la livre est volatile, quand elle subit une ruée suite au BREXIT, la certitude des investissements en pâtît;

    8. David Cameron, Premier Ministre britannique sortant n’est pas pressé d’activer l’article 50 de la clause déclenchant la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’UE, prouvant que le Royaume-Uni a non seulement été pris de court par le BEXIT mais aussi ne souhaite pas perdre l’accès au vaste marché intérieur de l’UE axé sur les quatre libertés de circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux;

    9. au cours de la campagne du référendum, les parti conservateur et travailliste ont concentré leurs arguments politiques sur les désavantages économiques du BREXIT pour le Royaume-Uni, au lieu d’adresser les conséquences de l’immigration sur les citoyens britanniques,

    10. Le 12 Mai 2016, Mark Carney, le Gouverneur de la Banque d’Angleterre, dans son exposé sur l’état de l’économie britannique, a expliqué sans détour les implications du Brexit. Il a déclaré que

    1.il y’aura la difficulté à financer l’énorme déficit de la balance de paiement du Royaume Uni ;
    2. la livre subira la ruée ;
    3. il y’aura une augmentation notable de l’inflation ;
    4. il y’aura une baisse sensible de la croissance ;
    5. le Brexit risquerait de basculer une économie déjà affaiblie dans la récession.

    Laurent Maurice Kouakou
    Chroniqueur expert consultant

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