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    Bédié demande à Soro d’être tolérant et patient comme lui : les non-dits des 24 heures chrono de Daoukro

    Bédié demande à Soro d’être tolérant et patient comme lui : les non-dits des 24 heures chrono de Daoukro
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 14 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le Coréen Jong Choi , ex-représentant spécial en Côte d’Ivoire, du secrétaire général des Nations Unies , a dit un jour que le Président Henri Konan Bédié reste l’un des hommes politiques ivoiriens les plus impénétrables , et qu’il mérite bien son surnom de Sphinx.

    Venant d’un Asiatique , c’est à dire de quelqu’un issu d’une zone où l’exubérance n’est pas souvent préférée au silence , cette observation vaut compliment et permet de mettre en exergue une meilleure compréhension de la dernière rencontre entre Guillaume Soro et Henri Konan Bédié à Daoukro.

    Le compte rendu des échanges a été fait par Guillaume Soro seul . Il ne s’agit pas d’un communiqué commun , ni conjoint , ni de propos tenus devant les caméras par les deux hommes, avec la présence de l’un qui vaut assentiment des propos de l’autre.

    Cela n’enlève cependant rien au fait que le Verbatim fait par Guillaume Soro traduit avec fidélité la tonalité exacte de l’entretien. Quand on relit ce compte rendu fait , on retient trois mots , trois concepts à comprendre à l’aune du parcours du président Bédié : tolérance, patience, stoïcisme.

    [ Tolérance ]

    Selon Guillaume Soro, le président Bédié lui a conseillé la tolérance. La tolérance dans le Larousse , est une attitude consistant à accepter ce qu’on pourrait refuser ou interdire. C’est le fait d’accepter les opinions d’autrui même si on ne les partage pas. La tolérance c’est le pardon , voire l’oubli des offenses. Tolérer , c’est se mettre au dessus de la mêlée , c’est prendre de la hauteur , et éviter de rendre le coup que l’on a reçu.

    En pardonnant après l’épisode de 77 qui l’a fait passer pour un surfactureur, un voleur et qui l’a éloigné du pays , Bédié a pu rentrer au pays et diriger ensuite la Côte d’Ivoire sans rancune, ni rancoeur.

    En faisant le choix de la tolérance, et du pardon après le coup d’État , à l’égard des cadres et militants du Pdci-Rda , en faisant montre de la même tolérance à l’égard du Rdr et d’Alassane Ouattara après leur adversité , en devenant l’un des plus grands soutiens de Ouattara au sein du Rhdp , Henri Konan Bédié a pu , à nouveau , jouer un rôle prépondérant aussi bien à la tête de son parti , qu’au niveau du pays.

    Le président Bédié enseigne à Guillaume Soro d’être comme lui , de prendre exemple sur lui , d’être sans calcul et d’être de plus en plus , un homme de tolérance.

    Assurément Guillaume Soro est déjà un homme de pardon et de tolérance. Le conseil du président Bédié consiste à lui demander de ne pas cesser de l’être, malgré les coups reçus et malgré les adversités réelles ou supposées.

    [ La patience ]

    Le président Bédié n’a pas inventé cette vertu, si on se souvient de l’adage qui dit que la patience est un chemin d’or. Ramené au parcours personnel du président Bédié, qui fut en posture de dauphin constitutionnel, de 1980 à 1993, après avoir été tout puissant ministre des finances durant des années, à l’ombre d’un chef de l’envergure de Félix Houphouët-Boigny, le conseil de patience vaut son pesant d’or.

    Selon le dictionnaire, être patient, c’est faire preuve de patience. La patience est une vertu qui permet de supporter ce qui irritant ou pénible. C’est aussi la persévérance dans une longue tache. C’est encore être calme , avoir le sang froid dans l’attente.

    ‎En politique, cela peut peut-être signifier qu’il ne faut pas forcer le destin , qu’il faut savoir attendre son heure, ou le bon moment pour agir, pour passer à l’action. Attendre que le fruit soit mur , pour frapper

    Peut-on mettre ce conseil en relation avec les commentaires relatifs aux ambitions prêtées à Guillaume Soro , mais jamais ouvertement exprimées ni endossées par lui ? En vérité , Guillaume Soro n’a jamais dit publiquement et de façon indiscutable qu’il est candidat à une élection présidentielle en 2020 , lui qui a souvent déconseillé, alors qu’il était Premier ministre, et que d’autres étaient pressés d’arriver aux élections de sortie de crise, le fétichisme des dates.

    Officiellement Guillaume Soro a toujours plaidé pour un soutien au Président Alassane Ouattara. Cela peut-il signifier qu’en matière de patience, il est en phase avec le président Bédié ? Cela peut-il également signifier qu’en réalité, à en croire un cadre du Pdci, le président Bédié a voulu inciter Guillaume Soro à oublier 2020 pour s’inscrire dans une vision de l’alternance au sein du Rhdp, au profit du Pdci-Rda?

    « Tout le monde sait que si le président Bédié doit être en rupture un jour avec le président Ouattara c’est sur la question de l’alternance. Le président Bédié ne pense qu’à cela , et c’est ce qui justifie toute son attention, toute sa patience et tout son soutien soutenu au président Ouattara , malgré les réserves réelles au sein de son parti. Lorsque le président Bédié conseille à Guillaume Soro d’être patient , cela doit être perçu dans cette perspective de l’échéance de l’alternance. Je ne sais pas comment , le président Guillaume Soro a compris cela , mais pour nous au Pdci , et pour nous qui savons que le président Bédié est devenu Président de la République à 59 ans , Gbagbo à 55 ans, Ouattara à 69 ans (si on considère qu’il a pris le pouvoir en avril 2011) , Houphouët-Boigny à 55 ans et Guéi à 58 ans , demander à Guillaume Soro de cultiver la patience ( alors qu’il a 44 ans, et aura 53 en 2025 par exemple) , c’est clairement l’inviter à s’inspirer de tous ces exemples, sans bien entendu dormir sur ses lauriers, et ne s’en tenir qu’à la fatalité en refusant de jouer son rôle d’acteur de premier plan » , confie un proche du président Bédié.

    Cette lecture de la notion et du conseil de patience est-elle pertinente ? Henri Konan Bédié et Guillaume Soro se sont-ils bien entendus sur une compréhension sans confusion , ni malentendu quelconque ?

    Seul le président Bédié pourrait clarifier sa pensée au sujet de la patience enseignée à son “fils” et mettre à toute forme éventuelle d’incompréhension , au sujet de l’attitude que doit manifester son illustre hôte par rapport à la question de l’alternance au sein du Rhdp , qui est un sujet très mobilisateur et rassembleur au Pdci !

    [ Rester stoïque ]

    Faisant suite aux conseils du Président Bédié , et prenant en compte sans doute le propre parcours de son hôte , Guillaume Soro a conclu son compte rendu du pèlerinage de Daoukro par cette exhortation adressée auss bien à ceux qui se reconnaissent en lui , qu’à tout acteur politique : « Restons stoïques».

    Selon le dictionnaire être stoïque, c’est supporter la souffrance , accepter sans réagir à la provocation , subir la frustration sans montrer d’irritation ; être stoïque c’est ne pas manifester de réaction face à la douleur, à la souffrance. Être stoïque , c’est être également ferme devant la douleur et l’adversité.

    Le stoïcisme est un courant philosophique occidental issu de l’école du Portique fondée entre -304 et -301 à Athènes , par Zénon de Cition. Le stoïcisme a par la suite traversé les siècles, subi des transformations (notamment avec Chrysippe de Solesen Grèce et à Rome avec Cicéron , Sénèque, Épictète, Marc Aurèle), puis exercé diverses influences, allant de la période classique en Europe (en particulier au xviie siècle, chez René Descartes) jusqu’à nos jours, selon des recherches effectuées sur le net.

    Des philosophes et d’autres penseurs Soufi , éloignés des plaisirs terrestres, des plaisirs du monde bas, habitués aux privations, sont considérés comme les modèles du stoïcisme. Si on ramène encore cela au président Bédié , l’exhortation de Guillaume Soro permet de faire ressortir à travers le parcours du président du Pdci-Rda , l’image d’un vrai Spinx , d’un homme impénétrable tel que décrit par Choi : un homme stoïque , froid devant l’adversité , et face à la souffrance.

    Henri Konan Bédié n’est certes pas un homme insensible , indifférent aux malheurs ni aux souffrances, ( encore moins aux grandes douleurs qui sont muettes) , mais il reste un politique dur à cuir qui ne se laisse pas aller à l’émotion , à l’agitation , un homme qui a vu des vertes et des pas mûres, sans qu’il ait besoin de s’en prévaloir, ni même de le faire prévaloir , ou revendiquer par les siens.

    Rester stoïque c’est tout un programme , c’est une exhortation capitale qui fait état d’une attitude à avoir face à une situation , en tout lieu !

    Si cela est ramené à Guillaume Soro, la question à se poser , peut être celle-ci : quelle souffrance, quelle frustration, quelle humiliation , quelle difficulté connaît-il lui-même , ou les siens pour qu’il exhorte à être stoïque ? Doit-on spéculer, accorder du crédit aux rumeurs , et aux bribes de révélations dans des médias , si rien de précis n’est dit clairement par les acteurs politiques , au sujet des souffrances et frustrations endurées ? Assurément , nous en saurons de plus en plus dans les jours à venir , aussi bien de la part du président Bédié que de Guillaume Soro sur les déjà dits , mais aussi sur les non encore dits , du 24 heures chrono à Daoukro ; une ville qui est un lieu de passage obligé jusqu’à nouvel ordre, pour des acteurs politiques ivoiriens qui comptent, ou qui veulent compter. Être reçu par le président Bédié , à Abidjan ou à Daoukro , vaut adoubement , signifie qu’on n’est pas infréquentable , que l’on n’est pas politiquement fini, que l’on compte, ou que l’on peut encore compter.

    Feu Miaka Ouretto , Affi N’Guessan , Mamadou Koulibaly , Anaky Kobenan , Gnamien Konan , mais aussi Amadou Gon Coulibaly , Amadou Soumahoro , Marcel Amon Tano , Hamed Bakayoko , font partie tout comme les cadres du Pdci connus ( Duncan, Ahoussou , Guikahué , les ministres et DG et autres ) , ou non connus , des personnalités qui n’hésitent pas à s’abreuver à la sagesse Bédié , c’est à dire à l’art d’être un sphinx , d’être impénétrable , d’être patient, d’être tolérant , d’être un homme de paix et d’être stoïque. Mais n’est pas Bédié qui veut ! Si Allah n’avait pas créé N’Zuéba , il eût fallu l’inventer !

    ……………………………………………………………………………..

    [ Bédié souhaite que Soro incarne la patience, la tolérance et la paix ‎comme il le fait lui-même ]

    Le chef du parlement ivoirien Guillaume Soro a eu un tête à tête le mardi 9 août 2016 avec Henri Konan Bédié le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) par ailleurs président du présidium du Rhdp en sa résidence à Daoukro.

    Faisant le point de ces échanges le mercredi 10 août 2016 , le président de l’Assemblée nationale lui-même a confié : « Hier soir, (mardi 9 août ) nous avons eu un dîner fructueux avec le Doyen , le Président Aimé Henri Konan Bédié. Nous avons abordé les grandes questions relatives au devenir de la Côte d’Ivoire. Le Président Bédié a partagé son expérience à la tête de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire et m’a prodigué de sages conseils: Patience, Tolérance, Paix ! Je remercie le Président Bédié pour son affection et son soutien. Cap maintenant sur Abidjan où le boulot n’attend pas. Restons stoïques ».

    Le président Bédié a donné des conseils à Soro. Il lui a demandé d’être patient , tolérant et d’être un homme de paix. En retour, le président de l’Assemblée nationale en a déduit qu’il faut reprendre le boulot , et être stoïque.

    Les qualités conseillées ont été adoptées par le président du Pdci dans son parcours politique et il souhaite que le président du parlement se conforme à celles-ci. Le président Bédié a fait preuve de patience tout au long de sa carrière politique. Il a été à la tête de l’Assemblée nationale de 1980 à 1993.

    Durant treize ans, il est resté dans l’ombre du grand homme, et à su se faire oublier pour attendre son heure. À aucun moment , il n’a été pris à défaut d’une quelconque tentative de coup contre le Président Houphouët , bien que celui-ci l’ait “chassé” de son gouvernement – alors qu’il était ministre de l’Economie et des Finances – , avec des mots durs et méchants . Henri Konan Bédié a recommandé à Guillaume Soro de suivre son exemple et de faire preuve de patience.

    Deuxième qualité conseillée par le premier responsable du Pdci à son ‘‘fils’’ Guillaume Soro, la tolérance. C’est un secret de polichinelle, le président du plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire a mis en avant cette qualité dans sa vie politique. Alors qu’il a été victime d’un coup d’état le 24 décembre 1999, Henri Konan Bédié a appris à revivre ensemble avec les commanditaires ou bénéficiaires du putsch !

    Même Guillaume Soro qu’il reçoit et traite comme son fils , a souvent eu des mots à son endroit lorsqu’il étudiant et dirigeait la Fesci , puis après le coup d’État .

    Sans esprit de tolérance et de paix , il était difficile pour le président Bédié de parler avec les uns et les autres. C’est dans le même esprit de tolérance “houphouetienne” qu’à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle de 2010 , alors qu’on lui avait “volé” plus de 600 000 voix – comme il l’a laissé entendre à l’ouverture du 12ème Congrès du Pdci le 3 octobre 2013 – le président Bédié a joué la carte de l’apaisement en s’abstenant de toute contestation violente des résultats , comme le firent plus tard, le camp du président sortant.

    Henri Konan Bédié entend que Guillaume Soro s’approprie ces qualités de patience, de tolérance et de paix. Peut-on dire que le message est passé ?

    Sans doute si on s’en tient au « Restons stoïques» lancé par Guillaume Soro. Rester stoïque , c’est ne pas répondre , ni même faire répondre aux personnes qui profèrent des injures , qui accusent à tord ou à raison d’être à la base de certains maux qui minent la société ivoirienne.

    Impressionné à la suite de son patron par les conseils du Président Henri Konan Bédié , Touré Moussa conseiller en communication du président de l’Assemblée nationale a fait, hier vendredi 12 août 2016 un post sur sa page facebook , en reprenant quelques mots : « Jummah Moubarak chers amis ! Que la Patience et la Tolérance nous habitent constamment ».

    Charles Kouassi et Touré Abdoulaye

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