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    Baya récusé comme chef lieu de sous-préfecture : révélations avec Coulibaly Mamadou

    Baya récusé comme chef lieu de sous-préfecture : révélations avec Coulibaly Mamadou
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Mardi 18 juillet 2017, les populations des villages du Pongala-Nord (Koffre, Koudin, Yellé et Toungboli) dans la sous-préfecture de Kasséré, région de la Bagoué (Boundiali, 550 kilomètres au nord d’Abidjan) ont pris d’assaut les sièges de préfecture de Boundiali et du tribunal, parce qu’ils refusent de voir leurs villages rattachés à la sous-préfecture de Baya, selon le décret de 2008 qui crée la sous-préfecture. Interrogé par Afrkipresse Coulibaly Mamadou, fils et cadre de la région, président de la mutuelle de développement du Pongala-Nord, dit sa part de vérité.

    4 villages du Pongala-Nord dont vous êtes le président de la mutuelle de développement refusent d’appartenir à la sous-préfecture de Baya à laquelle les rattache un décret présidentiel. Qu’en dites-vous ?

    Quand on dit que 4 villages du Pongala Nord contestent le décret du président de la République, je souhaiterais d’abord lever tout doute. Ce n’est pas un décret pris sous la présidence du président Alassane Ouattara, mais bien un décret qui date de 2010 ; donc un décret pris par le président Laurent Gbagbo. Nous n’avons jamais voulu être avec Baya, parce que Baya n’a jamais voulu être avec nous. C’est un village qui est toujours réfractaire à tout esprit d’union et de cohésion. C’est un village qui n’est pas sociable. Ce qui est un fait. Mais, le plus flagrant, c’est qu’il y’a 6 villages situés au nord du Pongala, que le colon a dénommé Pongala-Nord. Tenez-vous bien, de ces 6 villages, il y’a un qui a toujours fait office de village centre de par sa situation géographique. C’est le village de Yellé qui est une sorte de carrefour naturel à partir duquel on accède à tous les autres villages du Pongala-Nord. La preuve, c’est que lorsque Kasséré est devenu sous-préfecture en 1974, pour faciliter la tâche aux populations, Yellé avait été désigné comme Centre de l’État civil secondaire, où toutes les populations venaient déposer leurs demandes de pièces administratives qui étaient convoyées par la suite sur Kasséré. C’est le seul village qui avait une école primaire depuis 1959. Tous les cadres du Pongala-Nord y ont été formés. C’est donc contre toute attente, que le village de Baya a été choisi comme sous-préfecture. Cela s’est fait sans aucune consultation préalable avec les populations. Sans que l’on ne prenne la peine d’interroger l’histoire. Puisque voyez-vous, le village de Baya est un campement monté de toutes pièces par les populations du village de Toungboli. Voici pourquoi, il est difficile voire impossible que les populations des autres villages, les 4 comme vous le dites, acceptent de dépendre de Baya. Aussi voudrais-je souligner que les populations du  village de Nongana, le 5ème village, sont profondément divisées sur la  question de leur appartenance à la sous-préfecture de Baya. Certains de leurs cadres, qui occupent des postes importants dans la Mutuelle du Pongala, ont même écrit au Ministre de l’intérieur pour lui signifier leur opposition au rattachement à Baya. Tout ceci pour dire qu’en réalité le village Baya est seul dans sa sous-préfecture.

    À votre avis, qu’est-ce qui a donc milité pour choix de Baya au détriment de Yellé ?

    C’est un choix purement politique. Et le chef du village de Baya ne s’en cachait pas. Il est, d’après lui, l’ami de l’ancien président Laurent Gbagbo. Et disait que la sous-préfecture serait la récompense de son militantisme au FPI. ( NDLR le chef en question s’appelle COULIBALY Naténin Ngolo ).

    Pourtant , de 2010, date de l’érection de Baya en sous-préfecture à aujourd’hui, tout semble s’être bien passé entre vous…

    Non pas du tout. Nous (les quatre villages) sommes toujours restés avec la sous-préfecture de Kasséré. Il y’a eu des tensions en 2014 qui ont poussé le préfet intérimaire d’alors à prendre une circulaire pour laisser définitivement les 4 villages rattachés à Kasséré. Le nouveau préfet arrivé en 2017 trouve que la décision de son prédécesseur n’est pas bonne. Et que la circulaire du préfet intérimaire n’a pas d’effet. Alors, en complicité avec le procureur, ils font déposer les registres des 4 villages à Baya. Voici tout le problème.

    Le préfet a répondu qu’il est là pour appliquer le décret. Et le décret faisant de Baya une sous-préfecture associe tous les autres villages…

    Nous, on ne veut pas rentrer dans ce combat juridique-là. Nous, on dit qu’on ne va pas à Baya. Il y a des exemples tout près de nous. N’allons pas loin. Ici, au nord, il y’a Debeté et Damakani. Les gens quittent Damakani, dépassent Debeté pour aller faire leurs papiers à Tingrela parce qu’ils ne veulent pas être liés à Debeté. Le problème est très simple. De Kouto à Kasséré, nous avons 25 kilomètres. Kasséré-Boundiali, c’est autour de 60 kilomètres. Mais, on ne va pas à Kouto. On va à Boundiali. Pourquoi le préfet de Boundiali ne nous dit pas d’aller à Kouto. Donc lorsqu’on dit qu’on ne veut aller à Baya, je ne vois pas où est le problème.

    Le préfet dit qu’il faut que vous meniez des démarches auprès du ministère de l’intérieur, au lieu s’en prendre à lui. Avez-vous essayé cette voie ?

    Oui, les démarches sont en cours. Mais, nous disons que ce n’est pas normal que le préfet nous rattache de force à une sous-préfecture à laquelle nous ne voulons pas être rattachés. Lui-même nous a déjà dit qu’on ne peut forcerquelqu’un à aller où il ne veut pas. Lui qui doit appliquer le décret, s’il constate qu’il y a problème, pourquoi ne se réfère-t-il pas au ministre qui lui a dit de l’appliquer ?
     

    Réalisé par Monsékéla

     

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