À quelques semaines de la tenue de la 8e édition des Jeux de la Francophonie qui se tiendront du 21 au 30 juillet 2017, à Abidjan en Côte d’Ivoire, un vent de malaise souffle au ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie.
Une brouille née, pendant les préparatifs en cours de ces festivités, a emporté comme principale victime, Alain Tailly (49 ans), Directeur du Centre national des arts et de la culture (Cnac). Il était depuis 2012, à la tête de cette structure, opérateur en charge au niveau dudit ministère de l’action artistique.
Alain Tailly était, sur recommandation du ministre, en plein préparatifs, avec ses collaborateurs, à la recherche d’un slogan, d’un concept, devant servir à la communication autour de l’événement, lorsqu’il y a eu ce coup de théâtre. Il a été purement et simplement, sans explication aucune, selon notre source, remercié de la tête du Cnac.
Sur la question, au niveau du cabinet du Ministère de la Culture et de la Francophonie approché par Afrikipresse le vendredi 19 mai 2017, notre interlocuteur ne s’est pas voulu prolixe : «Le ministre a un pouvoir discrétionnaire, Monsieur Alain Tailly avait été mis en mission. Si aujourd’hui, le même ministre estime qu’Alain Tailly a fini sa mission, il use de ce pouvoir discrétionnaire pour le remplacer par quelqu’un d’autre ».
«Vous savez bien que je n’aime pas trop parler, surtout lorsqu’il s’agit de ce type de sujet. Je n’ai franchement pas de commentaire à faire », a déclaré le désormais ex-Directeur du Cnac.
Joint le samedi 20 mai 2017 par téléphone, l’un des membres de la cellule chargée de concevoir les projets liés aux jeux de la Francophonie 2017 a dit : «Le Cnac étant chargé de mettre en œuvre la politique du ministère en matière de l’action culturelle et de l’animation artistique, le ministre nous a naturellement demandé, dans le cadre des préparatifs des jeux de la francophonie de créer des concepts devant mettre en exergue le patrimoine culturel ivoirien à travers des slogans et autres. C’est ainsi qu’Alain a proposé le concept, ‘’Prends mon Gbô !’’ comme pour traduire l’hospitalité dans la pure tradition ivoirienne. Ce concept qu’Alain a proposé était symbolisé par deux personnes se saluant avec des poings joints. Dans ses explications, Alain a dit que cela traduisait une rencontre à la fois amicale et fraternelle, comme je l’ai dit, dans la pure tradition ivoirienne. Et contre toute attente, le ministre a trouvé que cette image fait l’apologie du régime Gbagbo et qu’Alain était un pro-Gbagbo. Et du coup, tout ce qui s’en est suivi comme propositions a été censurés par le ministre. Ce fut le point de départ d’une série de censure. Car, après, il a tout rejeté du revers de la main. Avant de retirer Alain du comité chargé de la conception des projets, et le démettre par la suite, de la tête du Cnac, car il a estimé qu’Alain profitait du Cnac pour faire sa propre promotion plutôt que de faire lui, sa promotion. Vous savez, ils sont encore dans ce système où partout il faut dire, lors de vos allocutions : ‘’ dans la clairvoyance du président Alassane Ouattara ou du ministre de la Culture…’’, ces slogans propagandistes-là. Lorsque vous ne sortez pas cela dans vos allocutions, il trouve que vous êtes contre lui. Dommage, ils sont toujours dans ce folklore. Si vous avez donné des instructions à votre collaborateur, avez-vous besoin qu’on rappelle tous les jours que c’est vous qui avez donné ces instructions ? C’est comme un enfant qui veux poser un acte dehors et qui dit : «selon l’éducation que mon papa m’a donnée’’, alors qu’on sait très bien que l’éducation vient de son père. C’est une évidence !»
Depuis le 21 avril 2017, Alain Tailly a cédé son fauteuil de directeur du Cnac au dramaturge Kouao Diazéré Elie, conseiller technique du ministre. Ce dernier est connu dans le milieu pour avoir écrit plusieurs pièces de théâtre.
Malgré cette rupture, Dr Alain Tailly semble ne pas se tourner les pouces puisqu’il prépare la ‘’Grande nuit des chansonniers et maître de la parole’’, le vendredi 16 juin à 19 h, à l’Institut français d’Abidjan (Ex-Centre culturel français, au Plateau). Il animera également , le 23 mai 2017, de 14 h à 16h, toujours à l’Institut français, une conférence sur le thème : ‘’l’impact de la musique rap sur la jeunesse africaine’’.
Claude Dassé