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    Au-delà d’Abidjan 2017, les enjeux des jeux de la Francophonie : histoire et perspectives

    Au-delà d’Abidjan 2017, les enjeux des jeux de la Francophonie : histoire et perspectives
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Lors du deuxième sommet de la Francophonie, en 1987, les Chefs d’Etats et de gouvernements décident de créer un événement afin de mettre en valeur la jeunesse francophone à travers le sport et la culture.

    Deux ans plus tard, en 1989, les premiers Jeux de la Francophonie naissaient à Casablanca et Rabah. Ensuite, les Jeux ont été organisés à Paris (France, 1994), Antananarivo (Madagascar, 1997), Ottawa et Hull (Canada, Canada-Québec, 2001), Niamey (Niger, 2005), Beyrouth (Liban, 2009), Nice (France, 2013) et, en 2017, Abidjan (Côte d’Ivoire).

    En 1989, 900 athlètes et 600 artistes de 39 délégations ont participé aux premiers Jeux de la Francophonie. Aujourd’hui, ce sont plus de 3 000 artistes et athlètes venus du monde entier.

    Organisés tous les quatre ans, dans l’année post-olympique, les Jeux ont lieu, en alternance, dans un pays du Nord et un pays du Sud, et, aux compétitions sportives, sont associés des concours culturels, comme au temps des Jeux de l’Antiquité.

    Arts, sports, langue française, diplomatie et solidarité

    Les Jeux de la Francophonie, qui se déroulent sous la bannière de l’amitié, invitent la jeunesse de l’espace francophone à se rencontrer à travers des épreuves sportives et culturelles. Langue commune des pays engagés, mais aussi langue olympique, le Français, sans nier l’existence d’une francophonie multipolaire, multilinguistique et multiculturelle, favorise le dialogue entre les participants et la communion avec le public. Lorsque le géographe Onésime Reclus crée, vers 1880, le terme de « francophonie », il raisonne en termes d’affinités culturelles entre, à l’époque, 50 millions de « francophones ». Aujourd’hui, la Francophonie se construit comme espace intergouvernemental d’action politique à partir de structures de réunions comme l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), l’Association des Maires et Responsables de Capitales et Métropoles Francophones (AIMF), avec, en appui, l’Université Senghor et l’Agence Universitaires de la Francophonie (AUF), chargées de délivrer des formations pluridisciplinaires.

    L’objectif des Jeux, au-delà des compétitions sportives et des concours culturels, est, selon l’OIF, de :
        1) « contribuer à la promotion de la paix et du développement à travers les rencontres et les échanges entre jeunes francophones ;
        2) permettre le rapprochement des pays de la Francophonie et constituer un facteur de dynamisation de sa jeunesse en contribuant à la solidarité internationale dans le respect de l’égalité des genres ;
        3) faire connaître l’originalité des cultures francophones dans toute leur diversité et développer les échanges artistiques entre les pays francophones ;
        4) favoriser l’émergence de jeunes talents artistiques francophones sur la scène artistique internationale ;
        5) contribuer à la préparation de la relève sportive francophone en vue de sa participation à d’autres grands évènements sportifs ;
        6) contribuer à la promotion de la langue française. »

    Contribuer à la promotion de la langue française n’est pas le signe d’un renoncement aux langues maternelles, qui restent, souvent, le véritable ciment identitaire d’un peuple. Au Sénégal, le Français est bien la langue officielle, mais le Wolof est la langue la plus parlée. La langue française reste une langue de travail, langue véhiculaire, par opposition à une langue maternelle. D’ailleurs le statut de la langue française diffère selon les Etats : langue officielle en Côte d’Ivoire, langue d’usage au Cameroun, langue d’enseignement en Algérie. Le Français est donc un média, un vecteur, et non pas le support d’un néocolonialisme qui avancerait masqué.

    Le rôle de la Francophonie aujourd’hui

    Dans les reportages et les articles du quotidien L’Intelligent d’Abidjan et du site AFRIKI PRESSE, ce qui transparaît, ce sont les rencontres qui se font en marge des Jeux. A côté des compétitions sportives et culturelles, les Jeux offrent l’opportunité aux décideurs francophones de la politique, de l’économie et de la culture de se rencontrer avec l’ambition de faire vivre une Francophonie dynamique et solidaire, qui tire sa légitimité de son poids démographique et de sa présence sur tous les continents.

    Selon le conseiller Afrique de l’APF, le Sénégalais Bachir Dieye, présent à Abidjan pour les Jeux de la Francophonie, « la diversité des contextes dans lesquels le Français est parlé, puisqu’on y retrouve tous les continents, tous les peuples, toutes les cultures, toutes les religions, est une richesse inestimable. »

    Le monde aujourd’hui est multipolaire, il est polyphonique et cette polyphonie nous invite à refuser l’uniformisation. Le rôle de la Francophonie est alors triple :
    –    A partir d’une langue véhiculaire commune, défendre la diversité linguistique, culturelle et religieuse ;
    –    A partir d’un espace commun, défendre des valeurs de solidarité et de développement durable contre la seule efficacité économique ;
    –    A partir d’un socle de convictions communes, défendre l’égalité réelle entre les hommes et les femmes.

    Rien n’est plus étranger aux valeurs de la Francophonie qu’une mondialisation sans règles qui nierait l’humain. L’affirmation de la Francophonie ne doit pas être seulement une volonté française ou québécoise, elle doit être aussi une volonté africaine. Il y aura, à la fin du siècle, en Afrique, 800 millions de francophones. Que les générations africaines francophones futures soient les enfants et les petits-enfants de Voltaire et de Senghor, mais aussi de Mandela et d’Houphouët-Boigny. Que ces générations s’inspirent du Siècle des Lumières français, mais aussi des combats et de l’esprit visionnaire d’un Senghor, d’un Mandela et d’un Houphouët-Boigny !

    Les Jeux de la Francophonie figurent parmi ces « balises » qui nous indiquent le tracé des chemins que nous devons prendre pour aller vers plus de solidarité et de partage entre les pays et les peuples. Abidjan est, pendant la durée des Jeux, la capitale mondiale d’une Francophonie vivante et solidaire.

    Christian Gambotti
    Directeur général de l’Institut Choiseul
     Directeur de la Collection L’Afrique en marche

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