Dans sa croisade d’aménagement de la voirie citadine de Yaoundé, la Communauté urbaine de la capitale camerounaises a procédé à des démolitions de grande envergure au quartier Mvog-Atangana Maballa, situé entre le centre et la sortie de la ville de Yaoundé en direction de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Cette opération n’a pas été du goût des populations riveraines totalement insatisfaites des indemnisations perçues.
Un début mois noir pour les riverains des quartiers Mvog-Atangana Maballa et Mvog-Mbi à Yaoundé. L’ambiance commerciale très fréquente dans ses deux quartiers, a été remplacée par les cris et les pleurs des populations riveraines et des commerçants ; parce que dans le cadre de l’assainissement urbain établi par Gilbert TSIMI EVOUNA, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine, plus connu sous le pseudonyme « Jack Bauer », encadré par les éléments des forces de maintien de l’ordre, a procédé à la destruction systématique des habitations, des comptoirs, et autres rajouts en planches situés aux abords de la route jusqu’au lieu dit Cami Toyota et de la route secondaire de Mvog-Atangana Mballa.
Le spectacle s’est déroulé sous le regard impuissant des riverains, commerçants et autres badauds. Le lieu était alors semblable à un vaste champ de bataille, on y retrouvait des débris de parpaings, des bouts de fers à béton et même des légumes et vêtements enfouis sous les décombres.
« Le Cameroun est un pays de droit, je veux bien le croire. Mais ce qui se passe sous mes yeux est une injustice monstrueuse », a confié à AFRIKIPRESSE, le Pr Pulchérie Chantal AMOUGUI, enseignante de Droit à l’Université Catholique d’Afrique Centrale basée à Yaoundé. Selon cette juriste, la commission d’indemnisation était truffée de corruption et d’irrégularités.
« Nous ne savons pas sur quelle base nos biens ont été évalués. Figurez-vous qu’une grande barrière comme celle que vous voyez plus une maison bâtie sur 200 m2, sont indemnisées à 900.000 F CFA. C’est un scandale, dites moi combien vaut le mètre carré de la parcelle de terrain et tout le reste. Je suis dépassée de la façon dont les choses sont gérées dans ce pays. Je ne toucherai pas à ces broutilles», a-t-elle conclue.
Le problème d’indemnisation au Cameroun donne des insomnies aux populations devant bénéficier des compensations pour la destruction de leurs biens situés sur les emprises des zones devant faire l’objet des travaux d’utilité publique. Les difficultés de ce type sont légion ces derniers temps au Cameroun, depuis que le gouvernement a décidé de transformer le pays en un vaste chantier. Ces grincements de dents proviennent toujours du non respect d’un certain nombre d’engagement préalable dont l’État doit s’acquitter.
Dans cette lignée figure en priorité l’indemnisation des populations déguerpies. Les populations crient au scandale sur la façon dont les biens sont compensés et au préalable évalués. Du coup un doigt accusateur est pointé sur les membres des commissions d’indemnisation qui sont inculpés de corruption et de magouille.
C’est le cas dans de nombreux ouvrages en cours de réalisation, à l’instar du chantier de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, de l’autoroute Yaoundé-Aéroport de Nsimalen, du port en eau profonde de Kribi ou encore Mvog-Atangana Maballa et Mvog-Mbi, où les habitants sont exaspérés par le traitement. Une situation qui prospère du fait des réseaux qui naissent dans les commissions d’indemnisation où des noms fictifs émergent souvent de nulle part pour bénéficier des dédommagements.
Pour mettre fin à cette pratique, le Tribunal Criminel Spécial (TCS) à travers l’opération épervier, a fait incarcérer plusieurs haut commis de l’État reconnus comme complice dans les fraudes observées dans les indemnisations destinées aux populations qui occupaient le site devant abriter le port en eau profonde de Kribi. Une action dont le renforcement est attendue sur d’autres zones qui connaissent les incongruités similaires.
Rappelons que les hommes des médias ont eu du mal à filmer les images de démolition sur le site des casses. Certaines caméras ont même été confisquées par les forces de maintient de l’ordre.
François Essomba