Que dire sur les appels à une candidature du chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara, à l’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire ?
Outre l’initiative de 4 millions de signatures en faveur d’une candidature en 2025, les appels de cadres et de départements politiques du Rhdp en faveur d’Alassane Ouattara se multiplient. Quel décryptage ?
À son retour au pays le 29 mars 2024, le Président ivoirien va-t-il donner une indication ou une orientation concernant sa potentielle candidature en 2025 ? Pour l’instant, rien n’est définitivement décidé. Décryptage en huit points.
1- Actuellement, les probabilités penchent à 65% contre une nouvelle candidature en 2025, et à 35 % en faveur.
2- Les élections au Sénégal pourraient servir d’indicateur. Si Amadou Ba gagne malgré des handicaps évoqués par ses adversaires d’une part, et d’autre part malgré la popularité apparente de Sonko dans la rue et dans l’opinion (toutefois, il n’est pas candidat), les 35 % de probabilité en faveur d’une continuation du Président Alassane Ouattara pourraient ne plus tenir. Que le chef de l’État ne puisse pas réussir une sortie à la Macky Sall, en faisant cinq autres années au pouvoir, ne doit pas être une option ! Évidemment une victoire du camp Sonko pourrait desservir le camp du retrait de Ouattara qui est à 65%.
3- Il ne faut pas oublier qu’en 2020, malgré les débats autour d’Amadoun Gon Coulibaly (AGC), le Président Alassane Ouattara avait fait son choix en mars 2020. Même la légitimité contestée d’AGC à l’intérieur du Rhdp à travers des figures telles que Duncan, Soro, Mabri et Amon Tanoh n’avaient alors pas pu entraver l’espérance d’une issue positive pour le parti au pouvoir.
4- Le Président Alassane Ouattara ne devrait-il pas chercher un nouvel AGC et observer de son vivant et alors qu’il est au pouvoir, ceux qui s’opposeront encore à son choix, à savoir les nouveaux Soro, Duncan, Mabri et Amon Tanoh ? Ils existent, ils sont là et ils sont prêts ! Ils sont eux aguets ! Ils parlent dans les salons et font déjà parvenir aux chefs leurs murmures ! Faut-il vraiment à cause de ceux là, continuer ?
Les craintes de départs du Rhdp, ou de nouvelles trahisons ou oppositions au choix du chef comme en 2020, comme des contestations au Sénégal après le choix du président Macky Sall, devraient-elles dicter les actions, et pousser à être absolument candidat? Le Président Alassane Ouattara vaut plus que cela !
5- Repousser après 2025 la question de la succession du Président Ouattara et de sa retraite politique qu’il souhaite depuis 2020, n’est pas la bonne approche.
Que ce soit en 2025 ou en 2030, il y aura inévitablement
une période post-Ouattara. Reporter cette échéance ne résout rien.
6- Laurent Gbagbo n’est pas éligible. Guillaume Soro est absent. Le retrait du Président Ouattara en qualité de candidat, tout en restant Président du Rhdp et actif, serait plus facile à gérer que sa candidature, dans ce contexte. Il n’aura alors aucune pression relativement à l’éligibilité de l’ex président Laurent Gbagbo. À l’opposé, c’est quand même embarrassant de voir un Ouattara éligible et candidat face à un Gbagbo inéligible et non candidat volontaire.
7- Face aux appels de son camp à se porter candidat, un refus éventuel du Président Alassane Ouattara ne serait pas perçu comme un désaveu.
8- Alors ? Affaire à suivre , avec comme date butoir mars 2025, car c’était en mars 2020 à la même période que le candidat de l’après avait été désigné. Dès orientations et indices peuvent apparaître, peut-être lors du prochain discours devant le Congrès, mais il est possible que rien ne soit définitivement clos avant mars 2025, pouvant apparaître comme une sorte de date butoir….
Charles Kouassi