Lors de son message au comité de direction de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique vendredi 17 février 2017 dans la capitale administrative ivoirienne à Yamoussoukro , le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances est revenu sur le phénomène de l’Agrobusiness qui continue de défrayer la chronique dans le pays.
Resté lui-même jusqu’à présent silencieux sur la question , parce qu’il était satisfait du pilotage qui en était fait au sein du comité de veille , où siégeaient plusieurs structures sous la tutelle de son ministère , Adama Koné a expliqué aux trésoriers et comptables publics les enjeux de l’intervention de l’État dans le secteur et le dossier de l’Agrobusiness qui a pris beaucoup d’ampleur ces derniers temps : ” Notre gouvernement , notre pays a fait le choix du libéralisme économique. Mais c’est un libéralisme économique qui ne veut pas dire que je peux venir créer mon entreprise et faire ce que je veux. Vous avez des promoteurs qui ont crée des entreprises en bonne et due forme et qui ont donné des objets , qui font de la publicité sur cet objet social , qui ont attiré la clientèle sur cette base. Mais en réalité ils font autre chose. En lieu place d’une plantation , ils font un retour sur investissement. Si vous leur donnez un million sur six mois , on vous donne six millions. Dites-moi quel est le modèle économique qui produit en six mois six millions pour un million investi ? Vous savez que ça n’existe pas , car vous êtes des grands financiers. Vous êtes des grands comptables de l’État , vous travaillez à Abidjan , à l’intérieur du pays , dans les ambassades à l’extérieur , mais avez-vous déjà vu ça ? Ça n’existe pas ! C’est ce qui a été vendu malheureusement à certains de nos frères et sœurs. Ils ont fait confiance et ont souscrit “.
L’une des responsabilités de l’État et trésor, étant la surveillance du secteur financier , le ministre a invité à la vigilance : ” Vous devez être très regardants sur le secteur financier. Soyez regardants sur le secteur financier. Tout ce qui est anormal doit être porté à la connaissance du gouvernement . Ce genre d’activités ne doit pas prospérer. Quelqu’un qui crée son activité , il prend de l’argent avec les gens , il multiplie. On appelle ça un multiplicateur. Il multiplie , il vous donne. Vous n’avez pas de plantation , mais vous avez de l’argent ! Quant il vous donne, vous remettez , il vous donne et vous remettez. Celui qui a souscrit, il n’a pas raison, celui a crée l’activité, il n’a pas raison. Donc soyons vigilants. Monsieur le Directeur général ( Assahoré Jacques NDLR ) , continuons d’expliquer aux uns et aux autres qu’en matière financière , aucun modèle au monde ne permet de produire de l’argent en si peu de temps. Même si vous plantez de l’hévéa , en six mois ça ne peut pas donner six (6) millions. Vous avez investi pour un million , vous avez six millions ! Si c’est trois (3) mois, ça fait trois millions. Ça ne ressemble pas à du vrai. C’est ce que nous sommes en train de vivre. Quant on fait ça ça devient le désordre. Si le gouvernement ne dit rien , si le gouvernement n’arrête pas cette pratique , notre pays va être reconnu comme un pays qui fait le blanchiment d’argent. Les promoteurs , au lieu de la plantation clé en main , se sont convertis dans d’autres métiers , comme l’immobilier, la pharmacie ….etc… “
Toutefois l’argentier ivoirien n’a pas parlé qu’Agrobusiness dont le processus de remboursement de la mise initiale des souscripteurs n’ayant encore rien perçu , a été lancé par la Direction du Trésor.
Après avoir indiqué que l’année 2017 sera difficile sur le plan économique compte tenu de la mévente actuelle du cacao , des engagements budgétaires qui n’étaient pas prévus , mais qui ont été pris en compte suite aux revendications de plusieurs corps socio-professionnels , Adama Koné a dit : ” Le Trésor est une administration particulière , une administration essentielle dans le fonctionnement de l’État . Le bilan 2016 est bon ; il est flatteur mais au niveau du Trésor , on n’a pas l’habitude de dormir sur nos lauriers. (…) Je voudrais donc vous demander de faire en sorte que l’année 2017 soit plus bonne que l’année 2016. Je sais que vous en avez la capacité. (…). Monsieur le Directeur général , vous avez pris beaucoup d’engagement , cela me rassure. Même si , 2017 va être une année dure au niveau économique , je sais que le paiement de la dette intérieure figure en bonne place dans les engagements que vous avez pris. Il s’agira de faire en sorte que la dette intérieure soit payée et à bonne date , c’est à dire à l’intérieur de 90 jours. En respectant cet engagement vous permettez aux entreprises de fonctionner (..) “.
Alice Ouedraogo et Harry Diallo à Yamoussoukro