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    Afrique : pas d’émergence sans croissance inclusive et partagée

    Afrique : pas d’émergence sans croissance inclusive et partagée
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 8 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    AFRIKIPRESSE -Abidjan. La conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique d’Abidjan ( 18-20 mars ) , marquée entre autre par la participation des prudents ivoiriens , sénégalais et de l’ex president sud africain Thabo Mbeki est une occasion de mener la réflexion.

    Organisée en collaboration avec le Gouvernement Ivoirien, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Mondiale, elle a pour objectif global la stimulation du débat et des échanges sr la problématique de l’émergence et des dynamiques qui ont permis les transformations économiques et sociales intervenues dans les pays dits émergents.

    Les objectifs spécifiques de la conférence sont

    1. la présentation des modèles économiques des pays émergents;
    2. la contribution de la croissance économique à la réduction massive de la pauvreté, à travers la création d’emplois et la protection de de l’environnement;
    3. la formulation des recommandations sur les options, politiques, projets et programmes de développement inclusif et de transformation structurelle de l’Afrique;
    4. la formulation d’une synthèse applicable aux pays africains;
    5. la promotion d’un think tank à partir des analyses, observations, avis , suggestions, recommandations et conclusions de la conférence.

    Pendant trois jours, Chefs d’Etats de Gouvernements africains, partenaires techniques et financiers au développement, experts, consultants, juristes, académiciens, professeurs, communicants, financiers, investisseurs, dirigeants de grandes entreprises, décideurs politiques, leaders d’opinions, personnalités de renom etc en provenance d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Europe plancheront sur trois problématiques clés de l’émergence, à savoir
    1. l’Etat concepteur, régulateur, développeur, catalyseur de l’émergence;
    2. les changements de modes de production et de consommation;
    3.l’émergence au service du développement humain.

    Dans bien des contrées du monde l’émergence est définie comme un processus de transformation structurelle et qualitative conduisant à la réduction massive, soutenue et durable de la pauvreté à travers la croissance économique viable, soutenue, durable, inclusive et la gouvernance vertueuse, couplée à une présence accrue sur la scène internationale et la marche du monde.

    Sous ce prisme, une contribution sur le modèle économique de l’émergence, parue dans le quotidien l’Intelligent d’Abidjan N°3160 du 18 Juillet 2014 disait :

    ” La qualification à la mode d’un pays au travail et à la recherche de l’amélioration de la compétitive de l’économie nationale est la tendance à l’émergence (Côte d’Ivoire émergente, Gabon émergent, Cameroun émergent, Sénégal émergent etc). Ces quatre (04) pays qui aspirent à l’émergence n’ont ni le même niveau de développement, ni la même attractivité en investissements directs étrangers, encore moins la même capacité à lever les fonds sur les marchés financiers internationaux.

    L’émergence constitue l’objectif global que chacun de ces quatre (04) pays envisage d’atteindre à l’horizon 2020 et au delà, en dépit des différences de taux de croissance économique, de capacité d’attirer les investisseurs potentiels et les transformer en investisseurs effectifs, ainsi que de compétence dans la mobilisation des fonds sur les marchés financiers internationaux. La réflexion sur ce modèle économique doit aider au formatage des axes d’intervention des réformes, programmes et projets de développement économique, social, commercial, financier, infrastructurel et environnemental que ces quatre (04) pays africains partagent en commun, avec l’appui des partenaires techniques et financiers au développement, en terme d’atteinte des objectifs sectoriels et spécifiques tels que les trente (30) thématiques de l’émergence que sont :

    1. Le développement de l’éducation de base, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ;

    2. Le développement de la formation professionnelle ;

    3. La diversification des ressources humaines en nombre et en qualité;

    4. Le développement du secteur de la santé et des infrastructures sanitaires rurales et urbaines ;

    5. La lutte contre la pauvreté, la précarité et l’indigence ;

    6. L’électrification rurale et urbaine qui précède le développement économique, l’accompagne et l’amplifie ;

    7. Le développement des infrastructures économique (assainissement, fourniture et adduction d’eau potable, forage de puits, construction de routes, ponts, barrages, ports, aéroports, voies ferrés etc), leviers indispensables à l’intégration régionale;

    8. Le développement des télécommunications, du numérique et l’accès facile aux nouvelles technologies de la télécommunication et de l’information ;

    9. La construction de logements sociaux et la promotion de l’habitat décent ;

    10. L’industrialisation et la transformation locale des ressources agricoles, forestières, animales, halieutiques, des matières premières minières, minéralogiques et stratégiques;

    11. Le développement des moyens de transports terrestres, fluviaux, maritimes, aériens et ferroviaires, aux fins d’intégration aux économies régionales et mondiales ;

    12. La lutte contre la corruption et la délinquance financière ;

    13. L’assainissement du climat des affaires ;

    14. L’assainissement du secteur financier et l’amélioration du taux de bancarisation ;

    15. L’encouragement et l’attractivité en investissements directs étrangers;

    16. Le renforcement de la sécurité juridique des investissements de création de capacité ;

    17. Les pratiques de bonne gouvernance d’entreprise, juridique et judiciaire ;

    18. L’obligation de rendre compte et la transparence de l’Etat de droit ;

    19. La création d’emplois permanents, contractuels, temporaires et à haute intensité de main d’œuvre générateurs de revenus destinés à la consommation, à l’épargne et à l’investissement ;

    20. La promotion de la diplomatie économique multilatérale ;

    21. Le renforcement de la capacité de dissuasion, de défense nationale et de sécurisation des frontières héritées de la colonisation ;

    22. L’amélioration et la consolidation du niveau d’indice de sûreté » nationale favorable à la paix, préalable au développement ;

    23. Le développement et la promotion du secteur privé, moteur de la croissance et vecteur du développement social ;

    24. La promotion de la concertation Etat-secteur privé, du partenariat Public-Privé ;

    25. L’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale ;

    26. La promotion et l’intensification du rôle de la femme et des jeunes dans le développement ;

    27. Le développement du pays par le commerce intérieur, le commerce extérieur et les relations financières internationales ;

    28. La performance des politiques monétaires, budgétaires, d’endettement extérieur ;

    29. La répartition équitable des richesses nationales ;

    30. La performance des stratégies, actions et mesures d’apurement de la dette intérieure ;

    De ces quatre pays sur la voie de l’émergence, la Côte d’Ivoire, locomotive de la croissance économique dans l’espace UEMOA est le pays qui se conforme le plus rapidement à l’obligation de résultat, dans le délai fixé que requiert le modèle économique de l’émergence à l’horizon 2020 en raison :

    1. de la solidité des fondamentaux macroéconomiques ;

    2. de la bonne performance des régies financières ;

    3. de l’efficacité de la mis en œuvre des réformes économiques, sectorielles, structurelles et institutionnelles liées à l’option du libéralisme économique ;

    4. de la bonne tenue des politiques monétaires et budgétaire ;

    5. de la qualité des ressources humaines ;

    6. de la modernité des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et ferroviaires

    7. de la qualité des réseaux de télé- communications et des NTIC

    8. de la qualité du dialogue institutionnel à la satisfaction des partenaires techniques et financiers au développement ;

    9. de l’intégration de la Côte d’Ivoire et de son secteur privé multiculturel aux économies régionales et mondiales ;

    10. de la perspective prometteuse du taux de croissance économique à deux chiffres en 2016 soit quatre (04) ans avant l’atteinte de l’émergence en 2020. “

    De tout ce qui précède, il ressort que faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 est la vision du Président Alassane Ouattara, traduite par le Programme National de Développement (PND) 2012-2015, exprimant l’orientation stratégique et définissant les résultats attendus. Avant d’être un processus ou un modèle économique l’émergence , est une vision et comporte des recettes de chance raisonnable de succès.

    Lors du Forum du Groupe de la Banque Mondiale sur les Etats fragiles en situation de conflit à Washington, du 11 au 16 Février 2015, Monsieur Kablan Duncan, Premier Ministre, Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget de Côte d’Ivoire a donné les cinq (5) recettes suivantes de l’émergence:
    1. la vision;
    2. la volonté politique réelle des dirigeants du pays;
    3. le travail 18 heures sur 24 par jour;
    4. le capital humain composé de jeunes bien éduqués et bien formés
    5. l’intégration économique dans les espaces UEMOA (marché de 100 millions d’habitants) et CEDEAO (marché de 300 millions d’habitants).

    Avec ses cinq (5) recettes, force est de constater les indicateurs indéniables de croissance vers l’émergence à l’horizon 2020 :
    1. l’année 2015 représente la quatrième année de croissance économique forte de la Côte d’Ivoire, aux alentours de 10% en moyenne annuelle;
    2. la promotion et le développement du secteur privé, moteur de la croissance et vecteur du développement social. Près de 6.500 entreprises ont été enregistrées au CEPICI en 2014, soit le double créées en 2013;
    3. la vulgarisation des technologies de l’information et de la communication dans le cadre du projet “un citoyen, un ordinateur, une connexion internet” avec les micro-ordinateurs et connexions internet pour 500.000 familles, à l’effet de favoriser l’accès de tous les citoyens au numérique;
    4. la mise en service de la station d’approvisionnement en eau potable de Bonoua;
    5. la mise en service du Pont Henry konan Bédié;
    6. la mise en service du Pont de Bouaflé;
    7. la mise en service prochaine du Pont de Jacqueville;
    9. la mise en service de l’Autoroute du Nord;
    10. Pour 2015, les investissements publics devraient atteindre environ 3 milliards de dollar américain;
    12. l’exécution du Programme National de Développement nécessite un investissement global de 11.076 milliards FCFA, avec le secteur privé comme investisseur principal pour 60% des financements requis et 40% revenant à l’Etat.

    Les recettes de l’émergence applicables à la Côte d’Ivoire sont elles transposables aux autres pays africains L’objet de la Conférence Internationale sur l’émergence de l’Afrique n’est ni copier ni subir les modèles d’autres pays mais d’en faire une synthèse applicable dans la diversité et la différence.

    Cependant, il est unanimement établi que si la croissance économique forte en Afrique constitue un indicateur majeur et significatif de développement, elle est loin du point d’achèvement de l’émergence tant qu’elle n’est pas inclusive, partagée, soutenue et durable au service du développement humain adressant spécifiquement la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’indigence, le développement de l’éducation et de la santé, l’accès facile à l’eau potable, l’assainissement et la protection de l’environnement

    Laurent Maurice Kouakou

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