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    Afrique : l’heure de la lutte contre la hausse de la désinformation

    Afrique : l’heure de la lutte contre la hausse de la désinformation
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Depuis deux ans, les actions de désinformation en Afrique se sont multipliées de façon alarmante, ce qui représente une réelle menace pour la stabilité des nations. Beaucoup d’organismes de fact-checking luttent contre ce fléau.

    189 actes de désinformation prouvés et recensés en août 2024. 39 pays touchés. Ce sont les chiffres du Centre d’études stratégiques de l’Afrique. C’est quatre fois supérieur par rapport à 2022. Sans oublier les actes inconnus, dont le nombre est ignoré. Il est indéniable que la stratégie de la manipulation d’information a augmenté de façon plus qu’inquiétante, surtout quand il s’agit des pays où la situation sécuritaire est instable.

    Des pays de l’AES (Mali, Niger, Burkina Faso) à la Côte-d’Ivoire et à l’Afrique du Sud, ce désastre informationnel n’épargne personne. Les acteurs de désinformation proviennent de l’étranger (comme le groupe paramilitaire russe Wagner) et de l’intérieur (les élections sont propices aux campagnes de désinformation entre les candidats). D’un côté comme de l’autre, c’est la stabilité sécuritaire et politique qui est mise en jeu.

    Les réseaux sociaux représentent le canal de diffusion par excellence pour les fausses informations. Une fake news peut être republiée, commentée, partagée, et relayée à une vitesse vertigineuse. Selon une étude de l’entreprise de sécurité informatique KnowBe4 dans 5 pays africains, plus de 80 % sur 500 personnes interrogées admettent employer les réseaux sociaux pour suivre l’actualité. Les dangers liés à la désinformation sont conséquents, voire mortels. Sans accès à l’information, les civils ne peuvent pas anticiper un évènement ou un danger à venir.

    Les fausses informations circulant sur les populations peuvent les exposer à des conflits et à de sanglantes répressions, comme au Sahel où la population peule est accusée de proximité avec les terroristes. En 2022, un rapport de l’International Peace Institute dénonce les fake news accusant des organismes des Nations Unies pour le maintien de la paix de piller les ressources et de soutenir les terroristes. Si les actions de ces organismes sont réduites, cela diminue la facilité d’accès aux soins et aux aides pour les civils victimes des exactions et de la famine.

    Les agences de fact-checking mobilisées pour contrer ce fléau

    Cette année, le rapport du Forum économique mondial sur les « risques mondiaux » place pour la première fois la menace de la mésinformation et de la désinformation en haut de la liste des préoccupations. Durant l’Africa Facts Summit ce mois-ci, qui s’est tenu à Accra, au Ghana, la créatrice de la plateforme Balobaki Check en RDC a révélé les nombreuses campagnes de désinformation qui ont été mises en échec par les équipes de fact-checking. Mais aussi la vitesse à laquelle elles sont diffusées.

    Certaines plateformes, comme Africa Check, se distinguent particulièrement pendant les élections. Les fact-checkeurs guettent la moindre fausse information pendant les périodes électorales, comme pour les élections du 6 octobre en Tunisie. La directrice du média Business News Check, Rabeb Aloui, a rappelé l’importance du fact-checking contre la désinformation visant la migration en Tunisie. Cette campagne de fausses informations pendant les élections a provoqué la crainte et la méfiance envers les migrants et la tension entre les citoyens.

    Il existe de nombreuses plateformes et organisations de fact-checking indépendantes à travers l’Afrique. Parmi elles, l’Alliance africaine de fact-checking (AFCA), citée comme « le plus grand réseau de fact-checking en Afrique » qui rassemble de nombreux journalistes et vérificateurs de faits de plusieurs nations travaillant dans une trentaine de pays. Les équipes d’Africa Check sont connues pour publier les démentis et expliquer leur processus de vérification de faits. Faky aide à développer l’analyse et à reconnaître les informations, CaptainFact est spécialisé dans la vérification des vidéos.

    Certaines plateformes créent et mettent à disposition des outils comme MethodKit, fondé par Code For Africa et la Deutsche Welle Akademie, qui permet de détecter les fake news et d’appliquer la vérification des faits dans une approche interactive. Toutes les équipes des nombreuses plateformes de fact-checking en Afrique rappellent les dangers de la désinformation tout en dispensant des méthodes de reconnaissance des faits et en soulignant l’importance de l’éducation aux médias, afin que chacun puisse à son échelle lutter contre les ravages de la désinformation.

    Constantine Ndoko

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