Les politiciens ayant approuvé le projet de loi sur le salaire minimum national (NMW) croient vivre dans le monde d’Alice au pays des merveilles avec des «baguettes magiques» leur permettant d’adopter des lois et réglementations qui font du bien sans léser personne. Pourtant, d’évidence le NMW a toutes les chances de nuire à un grand nombre de malheureux qui gagnent actuellement des revenus bien inférieurs au NMW. On peut d’avance prévoir la perte de nombreux emplois et l’accès à l’emploi va se compliquer pour les 9,48 millions de chômeurs.
Un enfer pavé de bonnes intentions
Les personnes à faible revenu devraient-elles gagner un salaire plus élevé? Absolument! Le problème est que les travaux de recherche montrent que des salaires plus élevés ne peuvent pas être obtenus par la force. Or, c’est ce que cette loi cherche à faire. Tenter de forcer les employeurs à payer des salaires plus élevés ne fera que perdre aux gens leurs emplois. Cela crée également une barrière à l’entrée sur le marché du travail, ce qui rend plus difficile l’accès à l’emploi pour les personnes non-qualifiées et les jeunes.
Aller vers des salaires plus élevés exige une réflexion stratégique, telle que la politique de «non-intervention positive» appliquée à Hong Kong en 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plus d’un million de résidents chinois déportés pendant la guerre ont regagné Hong Kong à un rythme d’environ 100 000 personnes par mois entre 1945 et 1947, ramenant la population à son niveau antérieur d’environ 1,8 million d’habitants. Près d’un demi-million d’immigrants ont fait irruption en Chine pendant la guerre civile chinoise de 1948/1949. Et, à la fin des années 1970, environ 65 000 réfugiés du Vietnam ont atterri à Hong Kong en vertu des règles d’entrée britanniques pour les réfugiés. Cet afflux démographique important a causé d’énormes problèmes, notamment un chômage massif.
Pourquoi ne pas s’inspirer des bonnes recettes ?
Hong Kong a fait un effort délibéré pour supprimer l’autoritarisme gouvernemental dans le domaine économique, permettant ainsi aux entrepreneurs d’innover et d’utiliser au mieux leurs ressources humaines et matérielles. Hong Kong a résolu un plus grand problème de chômage que celui qu’affronte maintenant l’Afrique du Sud et a développé son économie à un rythme étonnant. Le revenu par habitant est passé de 28% par rapport à celui de la Grande-Bretagne en 1960 à 137% en 40 ans. Il n’y avait pas de salaire minimum et pas de législation du travail stricte. Hong Kong reste l’une des économies les plus libres du monde. L’Afrique du Sud devrait s’inspirer de l’histoire de Hong Kong et de ses politiques, y compris sa non-ingérence dans le marché du travail. La forte croissance de Hong Kong a rapidement réduit le chômage et amélioré les conditions de vie de ses citoyens.
En raison de la législation du travail stricte en Afrique du Sud et du salaire minimum, le premier objectif des employeurs sera désormais d’éviter toute tracasserie. Cela signifie ne pas employer les personnes qui cherchent à avoir une chance de faire leurs preuves. Les employeurs opteront d’évidence pour des personnes ayant des solides références qu’il s’agisse de leurs relations au travail ou de leurs compétences avérées.
Contraire à la Constitution
Malheureusement, la mise en œuvre imprudente du salaire minimum national aura des conséquences négatives importantes dans les zones rurales. Même si les syndicats sont conscients du plus bas niveau des salaires dans les zones rurales et dans différents secteurs de l’économie, naturellement, lorsque la «baguette magique» ne fonctionnera pas, les partisans du NMW auront vite fait de blâmer tout le monde sauf eux-mêmes.
La preuve de l’inconstitutionnalité des lois du travail est claire dans les sections suivantes de la Constitution: L’article 7 (1) «consacre le droit de tous les citoyens de notre pays et affirme les valeurs démocratiques de la dignité humaine, de l’égalité et de la liberté». Le paragraphe 7 (2) exige que l’État «respecte, protège, promeuve et réalise les droits énoncés dans la Constitution». Le paragraphe 3 de l’article 9 dispose que « l’État ne peut discriminer injustement directement ou indirectement qui que ce soit pour quelconque motif ». L’article 10 stipule que « Toute personne a droit à la dignité et au droit de voir sa dignité respectée ». Y a-t-il quelqu’un qui dirait que les droits des chômeurs, tels que décrits dans la Constitution sont respectés?
Une protection qui exclut
Ces lois strictes du travail, y compris le salaire minimum, sont la cause directe du chômage de masse en Afrique du Sud, touchant 9,48 millions de chômeurs. Les coûts de mise en conformité liés à l’application des lois du travail représentent un pourcentage plus élevé des salaires des travailleurs à bas salaire que les travailleurs à salaire élevé. Les employeurs réduisent donc les coûts de mise en conformité par habitant en employant des travailleurs hautement qualifiés et expérimentés plutôt que des travailleurs peu qualifiés et inexpérimentés.
Les lois et réglementations du travail créent une barrière infranchissable qui empêche les chômeurs d’accéder à l’emploi. Ces mêmes lois remettent en cause leur dignité humaine, leur égalité et leur liberté ; ainsi que le respect, la protection, la promotion et l’accomplissement de leurs droits énoncés dans la Constitution. L’État est injustement discriminatoire à leur égard en faveur de ceux déjà employés ; sans oublier leur droit à la dignité et à faire respecter leur dignité qui est foulé au pied. Les chômeurs ont le droit de réclamer à l’État de rectifier le tir.
Eustace Davie, analyste pour the Free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique