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    AfrikIdées : le tissage, pour éviter aux jeunes d’aller à l’étranger (Guinée)

    AfrikIdées : le tissage, pour éviter aux jeunes d’aller à l’étranger (Guinée)
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
    Lecture 6 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    « Pour éviter que les jeunes continuent de songer d’aller à l’étranger dans des embarcations de fortune pour des voyages clandestins , il faut faire en sorte qu’ils gagnent du boulot ici –Guinée », préconise Mamadou Saidou Diallo, directeur général et fondateur de l’industrie « Textile artisanale » Artex Guinée.
    Eclairage !

    Fondée depuis 5 ans, Artex Guinée est fait à base du textile 100% coton, tout filé à la main. Dans cet atelier de 25 travailleurs, on tisse de pagnes, des boubous, on décore les maisons et on produit des linges. L’industrie qui fonctionne avec zéro électricité, située sous les pieds du mont Kakoulima à Coyah (54 km de Conakry), est qualifiée par son Directeur : « d’industrie sans électricité de Guinée ».

    15 ans en arrière….

    M. Diallo, 51 ans, a travaillé pour une ONG d’indigo qui assiste les artisans dans les villages. « Lorsque je travaillais avec l’ONG dans les villages, j’ai constaté que tous les jeunes voulaient aller dans les grandes villes. Le métier à tisser commençait à disparaître. Difficilement dans les villages on trouve de tisserand, s’il en existe, ils n’ont pas de marché. Moi j’ai pensé à créer Artex pour éviter la disparition du métier. Ceci, pour améliorer le tissage et le textile guinéen », explique-t-il avec un léger sourire.

    Qualité et clientèle !

    Aujourd’hui, satisfait du travail abattu à travers des produits de qualité, le chef d’Artex gagne en retour, la confiance des autorités publiques, de diplomates, de personnalités haut placées et des expatriés vivant dans le pays.

    « C’est difficile », dit-il. Mais, cela ne doit pas constituer un handicap. « Nos produits sont 100% coton faits à la main. Ils ne se décolorent pas. On peut les laver à la machine, rien ne sort », assure le DG, ajoutant qu’ils sont de bonne qualité, mais certains les trouvent chers. « D’aucuns me disent que nos produits sont beaux et de bonne qualité mais c’est cher. Ce qu’ils oublient, c’est que le coton est aussi cher. En Guinée, les gens aiment ce qui est moins cher. Des gens m’ont soufflé de diminuer la qualité de nos produits pour les rendre moins chers. J’ai dit non. Je m’en fou éperdument, je vais faire un bon produit quel que soit ce que ça va coûter à la fin».

    En réponse, il dit son rêve: «Je vais avoir un produit bien fait qui peut représenter la Guinée partout à travers le monde ».

    D’autres difficultés se justifient du fait que le coton utilisé par Artex soit importé du Mali (Bamako). « Et ça nous dévient un peu cher. Une commande d’un ballon peut nous coûter 3 millions 500 mille francs guinéens (282 000 CFA), et ça peut faire entre 100 à 150 m de tissu. Au fur et à mesure qu’on achète un conteneur, ça devient moins cher. Mais quand on achète en détail, 5 à 10 ballons, ça devient plus cher », souligne M. Diallo.

    Les principaux clients d’Artex sont selon le DG, des expatriés -Burkinabè, Ivoiriens, Sud africains, Ghanéens, Léonais…. « Quand certains voient nos produits, ils tremblent parce que ça les intéresse. Maintenant, il y a beaucoup de guinéens aussi qui s’intéressent à la décoration de maison, linge et habillement. Récemment, j’ai rencontré une femme qui est allée à Dakar pour acheter des décorations maison, quand elle a vu nos produits, elle a mis de ses achats de côté pour nous demander de couvrir son salon. Ça m’a beaucoup touché », s’est-il réjoui.

    D’après le chef d’industrie, quand il y a une, deux, trois ou quatre personnes qui font la décoration chez eux, si des visiteurs viennent chez elles, ils apprécient et ils prennent automatiquement son numéro pour dire qu’ils veulent la même chose chez eux. « Comme ça, je reçois chaque jour des appels de nouvelles personnes », révèle-t-il.

    Particularités – contraintes

    Artex Guinée pense innover. Dans le passé, il y’avait une bande de 30 cm de fil de coton, désormais, l’industrie est arrivée à une bande d’1,30cm de largeur, et son patron reste ambitieux. « Je travaille maintenant pour avoir une bande de 2 mètres de largeur », confie-t-il.

    Pour atteindre cet objectif, le chef d’industrie a recueilli de jeunes dans les villages pour les former en ville . « Fiers, ils sont prêts à retourner au village pour exercer le métier », indique M. Diallo.

    « Quand je suis en face d’une difficulté, je cherche à trouver solution et je passe », se requinque le numéro un d’Artex Guinée. Il explique avoir inculqué dans sa tête que les difficultés ne doivent pas lui constituer un handicap. « C’est ce que je refuse dans ma tête. Je rêve d’avoir un atelier climatisé, avoir des travailleurs propres et cravatés. Mais je ne peux pas attendre pour dire tant que je n’ai pas les moyens de me taper un bon atelier où je peux recevoir 100 employés, je ne travaille pas. Je fais le boulot avec les moyens de bord ».

    En attendant, il transformé sa propre maison en un atelier. Au salon, se trouve le métier à tisser. « Même ma propre chambre je l’ai prise comme le magasin où je stocke les produits.A côté, dans une des chambres où se trouve l’atelier de couture, certains tisserands dorment là. On s’arrange comme on peut. Ce qui m’importe, c’est les résultats ».

    Ne disposant pas actuellement de magasin pour écouler les produits, Mamadou Saïdou Diallo, marié à une femme, fait le porte à porte et du bouche à oreille pour vendre. « Ça me permet de gagner vraiment ma vie. Ça me va très bien. Ça m’a permis de payer les travailleurs selon les résultats, d’acheter les matières premières, de payer la scolarité des enfants et couvrir mes frais ».

    « Je vise grand »

    Le père à quatre enfants, a pour principale ambition de rendre la Guinée un pays exportateur du textile fait à la main 100% coton. Pour que ce rêve se réalise, il prône une politique de décentralisation du tissage. « Je ne veux pas m’approprier de ce métier comme Bill Gates avec son Windows, que ça soit seulement pour Atex. Je veux former les gens, décentraliser leur métier. Quand on est formé, on peut exercer le métier même au village. Faire en sorte que les produits soient consommés en Guinée à moindre coût et à l’étranger ».

    Pour viabiliser son entreprise, il dit être conscient qu’il doit améliorer certaines choses pour attirer les personnes qu’il cherche. « Je vise grand. J’aimerai avoir des partenaires capables de commander de conteneurs. Actuellement, s’il y a quelqu’un qui fait une commande d’un conteneur, je ne peux pas. Mais il faut beaucoup travailler sur la communication, faire des étiquettes sur les produits, avoir un site web… »

    À l’entreprise, le travail de déplissage des tissus est effectué par les membres de la famille, des voisins-jeunes comme adultes-. « Chacun peut gagner quelque chose à la fin. C’est une façon de montrer au gens qu’il n’y a pas de sot métier. Certains, c’est travers ça qu’ils peuvent avoir la dépense pour que leurs femmes aillent au marché », souffle le directeur général d’Artex-Guinée. Il estime qu’on ne peut développer ensemble la Guinée, c’est lorsqu’on aime nos produits artisanaux, agricoles, touristiques, etc.

    Un reportage de Aliou BM Diallo

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