La 6e session du conseil des ministres de l’Agence Panafricaine Intergouvernementale Eau et Assainissement pour l’Afrique (EAA) s’est tenue le vendredi 2 août 2024 à Yamoussoukro, marquant la deuxième fois que cet événement se déroule en terre ivoirienne. En présence du Premier ministre, ministre des Sports et du Cadre de vie, Robert Beugré Mambé, cette session a été considérée par les experts et les ministres des pays membres de l’EAA comme une étape cruciale, un véritable tournant pour cette institution.
Composée de 15 pays africains, l’agence, dont la vocation est d’améliorer l’accès aux services d’eau potable et d’assainissement à un coût réduit, traverse actuellement une crise. Elle peine à remplir ses missions de recherche, de formation, de gestion de projets et de mobilisation de financements dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Cette réunion de haut niveau visait à donner de nouvelles orientations afin d’améliorer les résultats déjà obtenus et de redonner espoir à l’institution.
Présidant ces assises, le chef du gouvernement ivoirien a, à l’ouverture des travaux, rappelé les nombreux constats et les défis importants auxquels les États africains sont confrontés pour leur développement, notamment dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. L’objectif visé est de garantir à chaque personne un accès à de l’eau potable pour tous les usages et à un assainissement adéquat. Selon lui, la coopération sous-régionale reste essentielle, compte tenu des besoins et des défis similaires rencontrés dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.
« Nous devons mobiliser nos énergies pour une prise en charge optimale des questions liées à l’eau et à l’assainissement (…) Et la Côte d’Ivoire est disposée à accompagner l’agence EAA aux côtés des autres États, pour faire de l’accès pour tous à l’eau potable et à l’assainissement, une réalité dans nos pays », a réitéré le premier ministre Beugré Mambé.
Les défis à relever
Pour ce faire, il a indiqué qu’il est impératif de résoudre les enjeux techniques, notamment le choix des techniques de traitement des eaux d’assainissement et l’utilisation des eaux de vidange après leur collecte, en adoptant des pratiques d’économie circulaire. « L’EAA devra permettre aux experts de configurer la géométrie des coûts de ces différents modes de traitement. Pour proposer aux États, la meilleure solution, qui prenne en compte, nos réalités africaines », a-t-il signifié.
« L’assainissement ne procure pas immédiatement des ressources financières. Bien au contraire, l’assainissement consomme des ressources financières. Si l’assainissement n’est pas bien traité, la consommation financière sera plus forte. Parce que, la dégradation du milieu de vie, va ébranler le système sanitaire et ce système ébranlé, va obliger à son tour, à améliorer la prise en charge des maladies liées à l’eau. C’est pourquoi il est bon chers experts à paramétrer le mode de financement de l’eau et de l’assainissement. L’eau et l’assainissement doivent être financés dans des conditions beaucoup plus favorables. Premièrement par des taux concessionnels ; deuxièmement par la maturité longue des différents prêts. L’assainissement doit être financé sur 20 ans au moins. C’est un combat qu’il faut mener », a fait remarquer le premier ministre.
Propositions du président du conseil des ministres
Désigné par ses pairs pour poursuivre à la tête de ce conseil des ministres et relancer l’institution, le ministre de l’Hydraulique, de la Salubrité et de l’Assainissement, Bouaké Fofana, a exprimé le souhait de voir un réengagement des gouvernements ainsi que des anciens et futurs partenaires. Il aspire à faire de l’EAA le socle de l’innovation en matière d’eau potable et d’assainissement pour l’Afrique.
« La voie du redressement de notre Institution passe à mes yeux, par un réengagement des Gouvernements bien au-delà des seuls paiements des cotisations. Je pense à la mise à disposition de personnes ressources, à des conventions de maitrise d’ouvrage délégué et à des véritables accords de siège. (…)Sans ce réengagement, nous ne pouvons pas redresser la barre, car ce sera nos gouvernements qui pourront nous aider à réengager le dialogue avec nos partenaires financiers et techniques », a-t-il déclaré.
Il a également proposé des mesures pour une meilleure gestion de l’EAA, incluant la création d’un poste de Vice-président du Conseil des Ministres en plus du Président, ainsi que la mise en place d’un plan d’actions opérationnelles avec un calendrier et des objectifs précis.
Harry Diallo à Yamoussoukro