La République de Guinée, comme d’autres pays ayant ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, célèbre à compter du 1er juin jusqu’au 30 juin 2016, le mois de l’enfant.
Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, cette fête est commémorée dans une situation très spéciale. Parce que les droits des enfants et leur intimité sont violés au quotidien par des adultes.
Le thème fédérateur proposé par l’Union Africaine est ” Conflits armés et crises en Afrique : protégeons les droits de tous les enfants”. En Guinée , compte tenu de la situation actuelle et du contexte particulier sur la violence faite aux femmes en général et le viol sur les petites filles en particulier, le département de l’action sociale et de la protection de l’enfance a fait une réadaptation de thème. “Viols sur les mineurs y compris les viols faits sur les enfants de moins de 10 ans”.
Pour la célébrer , le ministère a choisi une préfecture située au Sud-est du pays -Magenta-, où le taux de prévalence des mariages précoces, des viols et des mutilations génitales féminines, est plus élevé.
“Nous avons choisi de venir sur ce terrain pour appeler les parents, les sages femmes, les communautés, les autorités locales, leur interpeller et leur dire que les enfants ont des droits et que ses droits doivent être respectés”, a déclaré la ministre Sanaba Kaba à Afrikipresse qui l’a jointe par téléphone
La ministre s’est alarmée contre les statistiques pour le viol sur mineurs en Guinée en 2016. “Aujourd’hui il ne se passe plus une semaine où nous n’enregistrons pas un cas de viol sur une petite fille de 3, 4, 6 ans ou moins de 10 ans en Guinée par un homme de 40, 45 ou 50 ans”, déplore le numéro du ministère de l’action sociale et de la petite enfance. Depuis le début de cette année, rappelle-t-elle, le pays a enregistré 57 cas de viol dont le dernier date du 31 mai 2016 sur une fillette de 3 ans.
Entre 2015 et 2016 le pays connaît une recrudescence de cas de viol sur mineurs. La ministre se dit satisfaite parce que le phénomène a toujours existé. “Si cela se manifeste aujourd’hui, c’est un soulagement pour moi, car les cas de viols se réglaient en catimini, entre les parents et les familles. Les gens n’en parlaient pas. Maintenant que le département de l’action sociale en collaboration avec les organisations de la société civile se bat pour défendre les droits des enfants, les familles ont compris que ça ne peut plus se gérer entre les familles. C’est ce qui fait que tout le monde dénonce maintenant. Parce qu’il faut que des sanctions soient prises et que la loi soit dite. Pour moi, s’il y a une dénonciation, c’est une réussite. Mais pour que ça marche, il faut que des sanctions sévères soient prises et que les responsabilités soient situées”, a martelé Mme Sanaba Kaba.
Aliou BM Diallo