De passage à Paris pour des raisons professionnelles, Amaral Fofana, opérateur économique et cadre originaire du département de Daloa, a rendu visite dimanche 09 avril dernier, au 22 rue du Colonel Fabien à Aubervilliers , aux migrants ivoiriens du squatt d’Aubervilliers (banlieue nord proche de Paris).
Pour lui, cette visite était importante car ces migrants là étaient essentiellement issus de la région de Daloa : « Tout le monde connaît un peu les raisons qui poussent ces jeunes gens à risquer leurs vies pour rejoindre l’Europe. Et nous savons aussi que le plus gros contingent ivoirien vient de Daloa. Mes responsabilités de fils de la région m’obligent à venir constater comment vont mes compatriotes ».
Des membres et responsables de l’association des sympathisants solidaires des Ivoiriens de la diaspora (ASSID), avec à leur tête la Président Koné Karamoko, président de l’ASSID, ont présenté la situation lamentable des 170 pensionnaires du squatte occupé en guise de lieu d’hébergement provisoire.
« Vous constatez vous-même, le cadre dans lequel nous accueillons ces jeunes et mineurs qui nous sollicitent. Nous sommes une association qui vise à porter aide et assistance aux Ivoiriens en France n’ayant aucune référence. Cela part du gîte au couvert jusqu’à l’accompagnement administratif. Et c’est ainsi depuis 10 ans, mais nous sommes déclarés depuis deux ans » a indiqué le patron de l’association des sympathisants solidaires des Ivoiriens de la diaspora.
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Notre équipe de reportage a pu constater des lieux profondément insalubres : pas d’eau courante, des toilettes et douches inexistantes, et uniquement deux pièces à coucher pour 170 personnes.
« Nous les accueillons ici le temps de les aiguiller vers d’autres endroits comme les services du 115 aux fins d’obtenir des hébergements d’urgences beaucoup plus décents. Ce sont très souvent des gens qui ne connaissent personne ici en France. Nous recevons même des mineurs que nous conduisons immédiatement vers les organismes français en charge des mineurs. Vous imaginez que nous ne pouvons pas les laisser vivre ici » a ajouté M. Koné Karamoko.
Selon les responsables de l’ASSID, l’ambassadeur Charles Gomis a été tenu informé de la situation.
« C’est grâce aux cotisations de nos membres, et aux soutiens financiers et en nature de certains généreux donateurs que nous arrivons à nourrir le flux incessant de nos pensionnaires. Nous dégageons environ 3500€ tous les mois pour les besoins en nourriture. Nous avons besoin d’un local qui servira de point focal et de transition pour ces jeunes ivoiriens qui ne connaissent rien de la France » a conclu l’hôte des ‘’boat people’’ ivoiriens en France.
M. Amaral Fofana a traduit son admiration devant tant de générosité à l’endroit de ses compatriotes : « J’avais les yeux qui se remplissaient de larmes quand je rentrais dans ce bâtiment, mais quand j’entends ce que vous faites pour vos compatriotes qui sont dans la détresse, je suis rempli de joie et de fierté. Les Ivoiriens n’ont pas cessé de s’aimer, Dieu merci. Pour ma part, je retournerai à Daloa dire aux parents que j’ai vu leurs enfants, ils vont bien. C’est dur la France, mais ils ont la chance d’être encadrés par des aînés qui prennent soin d’eux. Quant à vous qui venez d’arriver, vos parents sont tristes de vous savoir dans de telles conditions, mais agissez désormais pour qu’ils soient fiers de vous demain. Et vivez selon les règles du pays qui vous accueille. Vous êtes chacun autant que vous êtes des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire, agissez donc de sorte à ne pas nuire à la bonne santé des relations entre notre pays et la France ».
Jean-Paul Oro à Paris