La journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes est célébrée tous les 2 Novembre depuis 4 ans, en la mémoire de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, 2 journalistes de Radio France Internationale (RFI), assassinés en 2013 à Kidal dans le nord du Mali. Des journalistes Ivoiriens qui ont tenu à marquer cette journée se prononcent.
Traoré Moussa, président de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) « Il n’y a pas encore eu de journaliste ivoirien tué dans l’exercice de ses fonctions »
« En ce qui concerne l’impunité en Côte d’Ivoire, au niveau de la presse, je peux dire que nous travaillons dans la tranquillité. En dehors de l’affaire Guy André Kieffer qui n’a pas encore connu des résultats concrets; du cas du journaliste Désiré Oué qui a trouvé la mort en 2013 dans un braquage, et récemment de la bastonnade d’un des nôtres lors des déguerpissements à Port-Bouet (Abidjan), nous pouvons dire que nous n’avons pas trop à nous plaindre au niveau de notre pays. Il n’y a pas encore eu de journaliste ivoirien tué dans l’exercice de ses fonctions en Côte d’Ivoire ».
André Silver Konan, Journaliste indépendant « Il y a comme une chape de plomb sur la presse qui empêche les journalistes de se libérer »
« La situation de la presse en Côte d’Ivoire, aujourd’hui, relève d’une curieuse contradiction. Il n’y a plus, aujourd’hui, une terreur d’État qui s’abat sur les journalistes comme par le passé avec le meurtre de Jean Hélène, ou la disparition de Guy André Kieffer, le déchirage des journaux, le saccage et l’incendie des rédactions par des ‘’patriotes’’ et des militants de la Fesci. Cependant, il y a comme une chape de plomb sur la presse qui empêche les journalistes de se libérer et les maintient dans la censure. Cette forme d’atteinte à la liberté de la presse est plus pernicieuse parce qu’elle n’est pas visible, mais, difficile à exprimer. Elle est vécue par les concernés dans le silence et la résignation ».
Alain Patrice Ahimou, Journaliste-Indépendant: « Que les autorités soient plus favorables à la liberté de la presse »
« La question des crimes commis contre les journalistes est, avant tout, une question de volonté politique. Nous avons vu en Côte d’Ivoire des journalistes interpellés, emprisonnés, sans compter le projet de loi émis par le gouvernement qui voulait rétablir le caractère pénal du métier, et qui, heureusement été ajourné. Tout cela n’est pas intéressant pour l’image de la presse en Côte d’Ivoire. Il faut changer la donne. Que les autorités soient plus favorables à la liberté de la presse. Qu’une législation particulière soit votée pour protéger les journalistes ».
Daniel Nessemon, journaliste« Continuons à persévérer dans la voie du professionnalisme et de la responsabilité »
« La presse n’a jamais été libre en Côte d’Ivoire, même, sous le régime du président Ouattara. Jusqu’à présent, plusieurs journalistes sont interpellés pendant qu’ils couvrent des évènements. Nous devons nous mobiliser à nouveau pour mettre en œuvre le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes. Plus que jamais, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les journalistes et combattre l’impunité. Je souhaite enfin que l’État s’engage à nouveau à créer un environnement libre et sûr pour les journalistes. N’empêche que, nous aussi, les professionnels des médias, nous devons continuer à persévérer dans la voie du professionnalisme et de la responsabilité en agissant conformément aux textes régissant notre métier. Je suis contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes, mais je suis aussi pour que les journalistes fassent bien leur travail ».
Propos recueillis par Roxane Ouattara