C’est une dame assise à même le sol dans son salon, vidé de ses meubles qui tente désespérément de résister à un impressionnant détachement de police qui lui ordonne de quitter les lieux. Entre sanglots et résistance, Tiane N’diaye est finalement mise dehors, sous le chaud soleil de ce vendredi 20 juillet 2018, devant un petit public impuissant composé de voisins et de curieux. Assise aux côtés de ses affaires composées de matelas, lits, meubles, elle raconte ce qui lui arrive, alors qu’elle observe le chef du détachement de Police fermer à l’aide de barbelé de fer, à double tour, le portail de ce qui fut sa résidence pendant des années.
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« Depuis que mon mari est mort en 2011, nous sommes dans cette affaire. Ils ont falsifié la signature du vieux (son époux : Ndlr), et ils ont fait croire qu’ils ont acheté la maison à 15 millions de F Cfa. Regardez la maison, si elle vaut 15 millions (une villa de 15 pièces, avec des indépendantes située dans un quartier résidentiel de Marcory INJS : Ndlr). Nous sommes partis au Tribunal, les greffiers, les juges et certains procureurs se sont assis sur le dossier. Je vais à la PJ (Police Judiciaire), à la Police économique, à la Brigade de Recherches, …on me dit que le dossier est classé.
Et celui qui est à la base de tout cela est un certain Abdoulaye Zongo qui est le sous directeur des recettes de la mairie du Plateau. Il se promène avec une procuration faite de ses propres mains, qui ne comporte aucune signature. Il a soustrait 380 millions de Fcfa dans les comptes de mon mari, dont 45 millions Fcfa dans son compte SGBCI. À la banque Atlantique, il a soustrait 380 millions, d’où il ne reste que 200 mille francs (elle nous présente quelques relevés bancaires : Ndlr). Ils ont imité la signature de mon défunt mari pour vendre la maison à 15 millions.
Je n’ai jamais vu la dame qui est venue payer la maison. Elle n’est jamais venue ici. Les gens ont rendu une décision comme quoi, la signature est fausse, mais ils ont eu l’ACD (Acte de propriété : Ndlr). C’est donc avec cette fausse signature qu’ils ont eu l’Acte de propriété que l’ex directeur du conservatoire, N. Gnagne a signé. Le clerc de mon avocat est allé récupérer la décision et Maître Comoé, le greffier a refusé de la lui remettre. Ils ne m’ont donc pas signifié la décision et aujourd’hui matin (vendredi 20 juillet 2018 : Ndlr), ils ont débarqué chez moi avec des agents de la police nationale pour m’expulser de chez moi. Et depuis 7 heures jusqu’à cet après midi, ils ont refusé de me signifier l’acte. C’est tout à l’heure (vers 13 heurs) que cela été remis à mon huissier que j’ai appelé pour le constat. Deux policiers m’ont brutalisée et blessée à l’orteil. Lorsque j’ai appelé mon avocat qui est présentement à Daloa, il m’a dit qu’il n’a reçu aucune signification dans ce sens.
(…) Il y a également une maison du vieux ici, à deux pas de là, qu’ils ont vendue à deux personnes différentes. Il y a aussi une maison qui est occupée par des notaires, et on ne me donne pas chaque fin du mois, ce à quoi j’ai droit. Tout le monde est assis sur le dossier parce que je suis une pauvre veuve sans défense. Abdoulaye Zongo m’a dit : «quand tu as l’argent à Abidjan, tu as tout le pouvoir. Moi, j’ai imité la signature du maire du Plateau et quand on la lui a présenté, il a dit que c’est sa propre signature». À la base du problème, il ya également la mère d’un ministre actuellement au gouvernement. Elle aussi a dit qu’elle ferait tout pour me vider de ma maison ».
Claude Dassé