La Guinée peine à réaliser la réconciliation nationale pourtant chère à son peuple. « L’histoire guinéenne récente est marquée par de graves violations des droits de l’Homme. Les innombrables crimes commis au camp Boiro, la répression de 1985, celle des manifestations de janvier et février 2007 ou le massacre au stade du 28 septembre 2009, sont autant de pages sombres, pour ne citer que celles-ci, qui doivent aujourd’hui être lues afin que les guinéens puissent avancer ensemble vers un avenir apaisé » a déclaré Thierno Sow, président de l’OGDH.
Depuis la mise en place en août 2011 d’une commission provisoire chargée de la réflexion sur la réconciliation nationale (CPRN), plusieurs consultations ont été organisées, sans aucun résultat plausible pour le moment.
Pendant sa campagne présidentielle en 2010, Alpha Condé avait fait de la réconciliation nationale l’un de ses engagements principaux et avait alors nommé à sa tête deux personnalités religieuses du pays, El hadj Mamadou Saliou Camara, le Grand Imam de la Mosquée de Conakry et Monseigneur Vincent Coulibaly, l’Archevêque de Conakry.
Pour mener à bien ce processus, la commission continue de bénéficier l’appui du Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies, piloté par Jean-Marie Louis Bouaka.
En vue de faire un diagnostic du processus, et rechercher des voies et moyens susceptibles de favoriser la proposition des solutions les plus adaptées à un processus de justice transitionnelle pour la réalisation de la réconciliation nationale, la commission a invité jeudi 16 juillet 2015 à Conakry, des membres du gouvernement à un dialogue portant sur le thème: « processus de réconciliation, rôle et responsabilité du gouvernement ».
Mgr Vincent Coulibaly, co-président du CPRN a expliqué que la réunion qu’il s’agit de «la mise en œuvre des consultations nationales, cadres stratégiques qui devraient nous permettre d’évaluer les vraies attentes des Guinéens dans la quête de la réconciliation nationale, d’établir un diagnostic pertinent de nos moments de tensions et de proposer un cheminement cohérent et approprié capable de nous conduire à bon port.»
Pour lui, la commission provisoire doit se poser entre autres, la questions des moyens pour la protection des témoins et des victimes , et de leur dédommagement : Quelles doivent être les réparations les plus adaptées dans le soulagement de ceux qui ont subi des violences. À partir de quel moment de l’histoire de la Guinée faudra-t-il envisager le processus de justice transitionnelle ?
« La réconciliation est l’objectif ultime de la justice transitionnelle parce qu’elle est d’abord un acte individuel de la victime qui a souffert, de savoir que sa qualité a été reconnue, que son histoire a été restituée et que la justice était faite», a réagi Jean-Marie Louis Bouaka du HCDH en Guinée.
Et d’ajouter : « pour construire une paix durable pour les Guinéens d’aujourd’hui et les générations futures, il faut que les Guinéens se regardent en face « […] Comment construire cette paix si nous ne nous regardons pas en face, si nous ne demandons pas aux Guinéens ce qui crée des frustrations, des animosités. Quelles sont les causes profondes de la violence dans ce pays qui possède pourtant, depuis des temps immémoriaux, des mécanismes endogènes de règlement de conflits ? ».
Pour sa part, le premier ministre, Mohamed Said Fofana a déclaré que “les douloureux évènements qui ont marqué la marche vers plus de liberté et de paix ont engendré de la frustration, de la haine, des attitudes de rejet et ont contribué à effriter la confiance entre les acteurs de la vie politique d’une part, et les citoyens et l’Etat d’autre part.”
Malgré tout, estime-t-il, « les Guinéens doivent assumer leur passé et décider tous ensemble du traitement responsable de ce passé afin d’aboutir à la réconciliation nationale ».
«La vérité sur le passé doit être connue par toutes et tous afin que nous ne répétions plus les erreurs du passé. La vérité fait mal mais le silence tue », a affirmé le locataire de la Primature.
Aliou BM Diallo, à Conakry