Partis au matin du lundi 14 août 2017 arrêter un jeune homme dans le village de Morokro, dans le département de Tiassalé (environ 120 kilomètres au nord-ouest d’Abidjan), deux gendarmes de la brigade de gendarmerie de la ville se sont heurtés au refus d’obtempérer des jeunes de ce village.
“Les deux gendarmes sont arrivés à bord d’une voiture de marque Mercedes banalisée pour mettre aux arrêts le jeune Awesso N’Guessan Paolo. Mais, ils ont été éconduits par une foule de jeunes déchaînés”, raconte un témoin sur les lieux présent.
La veille, en effet, le jeune Awesso aurait, selon notre interlocuteur, empêché un griot du village de passer une information en lui arrachant de force son mégaphone. Awesso estime que l’information en question émanait du chef du village destitué, il y a peu, par les populations, mais qui reste le chef aux yeux de l’administration de Tiassalé. Le griot Kakou Bâ, avec l’aide du Chef “destitué”, a donc saisi la gendarmerie qui a dépêché deux agents sur les lieux ce lundi entre 5 heures et 6 heures du matin. Les deux gendarmes et leur chauffeur ont été priés par les jeunes du village de quitter les lieux. La situation était si tendue que les gendarmes sont retournés, promettant revenir.
Un conflit oppose depuis quelques mois les populations du village de Morokro à l’administration (sous-préfecture) de Tiassale. Les trois familles qui composent le village ne veulent plus de leur chef Bitty Souho Georges. A ses lieu et place, elles ont choisi Tanoh Kadjo Emmanuel que ne reconnaît pas encore l’administration. L’arrêté de nomination est toujours détenu par Bitty Georges, à qui les populations reprocheraient de “nombreuses malversations”, selon notre témoin.
La gendarmerie jointe par téléphone n’a pas voulu “s’étaler sur la question”. La situation reste pour l’heure tendue dans le village. Les jeunes ont promis de ne pas se rendre dans leurs champs respectifs pour attendre le retour des gendarmes.
Chris Monsékéla