La campagne pour l’élection présidentielle d’octobre au Brésil a été brutalement endeuillée mercredi par la mort du candidat socialiste Eduardo Campos, troisième dans les intentions de vote, tué dans le crash de son jet de campagne dans le sud-est du pays.
L’accident s’est produit mercredi matin, dans une zone résidentielle de Santos, une ville du littoral de l’Etat de Sao Paulo. La présidente de gauche du Brésil, Dilma Rousseff, 66 ans, qui brigue la réélection, a rapidement décrété un deuil national de trois jours et annoncé la suspension de sa campagne pour la même durée. «Tout le Brésil est en deuil, nous avons perdu un grand Brésilien, Eduardo Campos, nous avons perdu un grand compagnon», a déclaré Mme Rousseff dans un communiqué.
Eduardo Campos, ex-gouverneur de l’État du Pernambouc (nord-est du Brésil) qui avait fêté ses 49 ans dimanche, était à bord d’un jet Cessna 560XL dans lequel se trouvaient au total sept personnes – cinq passagers et deux pilotes -, qui sont toutes décédées. M. Campos était marié à Renata Campos, membre à la Cour des comptes, et père de cinq enfants. Le tout dernier, Miguel, né en janvier, est trisomique.
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Troisième dans les intentions de vote derrière Mme Rousseff du Parti des travailleurs (PT, gauche) et Aecio Neves, du Parti de la social-démocratie (PSDB, centriste), M. Campos, du Parti socialiste brésilien (PSB), était candidat à la présidentielle du 5 octobre avec l’écologiste Marina Silva comme vice-présidente.
Cette dernière n’était pas à bord de l’avion qui avait décollé de Rio de Janeiro et se rendait à Guaruja, près de Santos. Avec la mort de son leader, le PSB devra tenir une nouvelle convention pour désigner son candidat, qui pourrait être Marina Silva.
Diplômé en économie, M. Campos se présentait comme un choix différent de l’alternative entre le PSDB et le PT, deux des principaux partis qui gouvernent le Brésil depuis 20 ans. Une troisième formation d’importance, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), sans idéologie précise, ne présente pas de candidat à la présidentielle.
Il avait été élu plusieurs fois député avant de devenir le populaire gouverneur du Pernambouc (2007-2014). «Eduardo Campos vivait l’apogée d’une brillante carrière politique (…) Nous avons perdu Campos quand le Brésil avait le plus besoin de son patriotisme, de sa compétence», a déploré le PSB dans un communiqué.
Eduardo Campos mort le même jour que son grand-père
Les médias soulignaient mercredi une triste coïncidence : M. Campos est décédé le même jour que son grand-père (il y a neuf ans), Miguel Arraes (à 88 ans), l’un des grands hommes politiques de gauche du nord-est. «Le Brésil perd l’un de ses hommes politiques les plus talentueux qui a toujours lutté pour ses idéaux. La perte est irréparable, incompréhensible», a dit quant à lui son adversaire politique Aecio Neves, 53 ans.
Le jet Cessna accidenté, un bi-moteur de 12 places, était l’avion de campagne de M. Campos. A son bord se trouvaient notamment un journaliste, le photographe officiel et le chauffeur du candidat. Il pleuvait énormément au moment de l’accident. «Alors qu’il se préparait à atterrir, l’avion a repris de l’altitude en raison du mauvais temps. Tout de suite après, le contrôle aérien a perdu le contact avec l’avion», a indiqué l’armée de l’Air qui a ouvert une enquête sur les causes de l’accident.
Plusieurs témoins, dont un sauveteur, entendus par la chaîne de TV Globo News, disent avoir vu «une boule de feu passer entre les immeubles» juste avant le crash. Les images de la télévision Globo News montraient après l’accident de nombreux débris de l’appareil et le toit d’un bâtiment partiellement détruit ainsi que de la fumée et des flammes sortant de divers endroits. «Je travaillais dans le restaurant et il y a eu une très forte explosion et toutes les vitres du restaurant se sont brisées», a dit à la chaîne Globo News Thiago Fernandes, propriétaire d’un établissement situé à proximité de l’accident.
Les rues ont été fermées pour faciliter les secours et éloigner les curieux, selon la police. Le dernier sondage Ibope, diffusé le 22 juillet, donnait Dilma Rousseff en tête avec 38% des intentions de vote, Aecio Neves deuxième avec 22% et M. Campos troisième avec 8%.
avec AFP