L’interpellation puis la garde à vue , par la compagnie de gendarmerie maritime du port de Cotonou, le vendredi 28 octobre 2016, de Sébastien Ajavon, arrivé en troisième position aux dernières élections présidentielles béninoises, fait grand bruit dans le pays.
Le riche homme d’affaires qui figure selon le classement Forbes 2015, au 17ème rang des plus grandes fortunes d’Afrique subsaharienne, avec un patrimoine estimé à 350 millions de dollars, est accusé de trafic de drogue.
Il est soupçonné d’être le commanditaire du trafic illicite de 18 kilos de cocaïne pure d’une valeur estimée à près de 14 millions d’euros (environ 9 milliards de francs CFA), en provenance du Brésil qui a été saisi par les autorités portuaires.
Pendant que l’affaire battait son plein au Bénin et peu avant son arrestation, Afrikipresse a interrogé le vendredi 4 novembre 2016, par téléphone , deux journalistes béninois qui ont des vues différentes sur le dossier.
L’un, Donklam Abalo, Directeur de ‘’Soleil FM’’ ; et l’autre, Fidèle Nanga, chef de la Rédaction politique du quotidien ‘’Le Matinal’’. Regards croisés des deux confrères sur le sujet !
Donklam Abalo (Directeur de Soleil FM) : «Tout porte à croire qu’il y’a un complot »
«Le procureur de la République a des charges contre monsieur Ajavon. Donc, il l’a inculpé et le procès est en cours actuellement. Il y a donc eu un mandat de dépôt avec comparution immédiate. Le procès va certainement durer. Le procureur a fait son réquisitoire et actuellement, c’est la plaidoirie des avocats. Il appartiendra au juge de trancher. Monsieur Ajavon, tel que je le connais, de toutes les façons, est serein. Nous demandons à notre niveau que justice soit rendue par rapport à ce dossier. Mais avec tout ce que nous entendons concernant le développement de cette affaire, cela à tout l’air d’un complot. Je le dis et je le répète, cela a vraiment tout l’air d’un complot ! Il appartiendra à la justice de confirmer ou infirmer ce complot (…). De toutes les façons, nous suivons le procès. À la barre, il y a des personnes qui ont donné leur version des faits. On a écouté le capitaine de la gendarmerie qui a fait sa conférence de presse, le commandant des Douanes également…. On a écouté le commissaire et des témoins. Et même le consignataire qui a reçu la marchandise…Tout porte à croire qu’il y a eu effectivement complot. Nous ne sommes pas des juges mais nous avons cette conviction après avoir écouté, comme je l’ai dit, les uns et les autres…Les avocats plaident et nous attendons la décision qui va suivre ».
Fidel Naga (Directeur de Le Matinal) : «il faut dépassionner le débat et analyser les faits »
«Actuellement, l’audience publique se déroule toujours (…) Cher confrère, mes impressions dans cette affaire c’est avant tout de se dépassionner du débat et d’analyser les faits, avec des éléments en présence. (…) Le juge en charge du dossier est en train d’écouter les uns et les autres y compris les prévenus. Et également les officiers de l’Armée qui ont repéré le conteneur en question. Je crois qu’on ne perdra rien à attendre que le verdict tombe même si on devait suspendre le procès pour le reporter pour bientôt. Je crois que qu’il faut attendre le verdict du Tribunal pour y apporter des jugements ».
Peu après les réactions des deux confrères , le patron des patrons béninois a été libéré , par le juge en charge de l’affaire. Sébastien Adjavon a bénéficié des doutes qui entourent l’affaire.
Claude Dassé